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REFUGE DE LA SOULA
Mardi 2 août 2022
Les gorges de Clarabide et le refuge de la Soula, 1696m.
Dénivelé + cumulé 550m.
Démarrage à 9h30 au parking de la Centrale hydroélectrique de Tramezaïgues, lieu-dit Pont du Prat, 1237m, au fond de la vallée du Louron. Tramezaïgues, c'est en patois l'endroit où se mêlent les eaux, celles des Nestes de Pez et de Clarabide alimentées par des lacs d'altitude, Nère, Isclots, Caillauas, Pouchergues et Clarabide, pour donner naissance à la Neste du Louron. Une stèle y rappelle le souvenir des Evadés de France, qui ont fui l'occupation nazie en montant d'ici vers le port frontalier de la Pez, 2450m, pour rejoindre la vallée de Chistau/Gistain dans le Sobrarbe espagnol, située entre celles de Bielsa et Benasque.
Une randonnée sur les traces des évadés, des bergers, des contrebandiers, des Pyrénéistes et des constructeurs de barrages hydroélectriques, rythmée de panneaux explicatifs implantés conjointement par les vallées du Louron et du Sobrarbe en Espagne.
Sanctuaire naturel classé Site Protégé depuis 1996, ce chemin de mémoire monte d'abord en lacets dans la forêt, et la pente est bien sentie !... Une bonne centaine de mètres plus haut, il se scinde en deux : à droite le port de la Pez, à gauche la Soula. A gauche donc. Plus haut, une sente abrupte permet de couper les lacets : non, ça monte assez comme ça ! Le sentier recoupe par endroits la conduite forcée qui descend du barrage de la Soula. Un beau point de vue sur la vallée de Loudenvielle et son lac dans une trouée de la forêt.
Et l'on sort soudain des bois 350m plus haut, après 1h35 de montée soutenue. Une bonne partie du dénivelé est derrière vous quand au détour d’un virage s’ouvre la faille profonde des gorges de la Neste de Clarabide, que surplombe le sentier taillé à flanc dans la roche : un long balcon s'étire en douceur, en à pic mais sécurisé. Un oratoire en marque l'entrée, 1560m, Notre-Dame de Santète / la petite Sainte/ Era Santeta, un diminutif affectueux pour invoquer la bienveillance de la Vierge en s'engageant sur ce passage autrefois dangereux. Et ils avaient bien besoin de protection divine, les gars qui aménagèrent ce sentier muletier entre 1891 et 1894, dans le roc et au dessus du vide, sentier qui allait un peu plus tard permettre d'acheminer hommes et matériaux jusqu'à La Soula et aux lacs de Caillauas et de Pouchergues... Le ravitaillement et le changement d'équipes de la centrale de la Soula, mise en service en 1932, s'effectuent aujourd'hui par téléphérique ou hélicoptère (caisses mal arrimées sans doute, le pilote qui survole la colonne aujourd'hui perd son chargement en vol et les débris passent à une cinquantaine de mètres des randonneurs...)
Quelques bornes rappellent le chantier titanesque entrepris ici au début du XX° siècle : 1200 ouvriers espagnols et français ont travaillé de 1929 à 1932, été comme hiver, pour que la Fée Electricité éclaire la vallée, alimente les usines et irrigue le Gers grâce aux eaux des lacs de Pouchergues et Caillauas, l’un des plus grands et des plus profonds des Pyrénées, 45 hectares et 100m de fond ! L’eau est stockée par des barrages et acheminée plus bas vers les centrales et la vallée par un réseau de galeries souterraines et conduites forcées qui sillonnent la montagne. La Vierge, tous ces hommes ont dû la prier face au danger permanent, suspendus dans le vide, le froid, la neige ou la glace…
Sortie des gorges trois-quarts d'heure après et une petite centaine de mètres plus haut. Et voilà la sente qui descend dans un vallon herbeux, enjambe le torrent par une passerelle, remonte et devient un sentier dallé qui s'en va doucement jusqu'à la centrale de La Soula et son refuge-auberge, 1696m, un grand bâtiment confortable et inattendu dans ce cadre sauvage... Installations regrettables dans un écrin naturel de hauts sommets, diront certains, mais l’électricité, nous en usons et abusons tous…
Il est 12h15. Soleil et chaleur autour du refuge... Pour pique-niquer à l'ombre et les pieds dans l'eau, mieux vaut passer entre refuge et centrale et continuer à droite une dizaine de minutes vers le lac de Pouchergues le long du ruisseau de Clarabide ; une petite cascade et, dans une vasque d'eau claire, vous guette un requin blanc des Pyrénées, espèce rarissime et protégée bien sûr ! Sur un rocher de forme allongée, un plaisantin a peint la bestiole tapie dans son trou... Pique-nique tout près de là, les pieds dans l'eau.
Un petit vent frais est le bienvenu pour le retour par le même itinéraire en 2h30.
Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL