BOUCLE AUTOUR DE BARBAZAN

Mardi 13 juin 2023

Randonnée champêtre et patrimoniale autour de Barbazan  10km / D+140

               Qui aurait cru échapper à la pluie aujourd'hui ?...  Personne !  Ni les miss Météos réunies ni les randonneurs ! D'où une marche prévue pour le matin seulement, et encore sans trop y croire...  Et pourtant il va faire beau, très beau même sous un grand ciel bleu !

               Départ des Thermes à 9h30 : les belles années de Barbazan se sont écrites ici : les vertus de cette eau curative étaient  appréciées des Romains dès la conquête des Gaules, « une  eau admirable qui a la propriété de libérer les entrailles » selon le géographe Strabon.  La source n’est véritablement exploitée qu’à partir de 1846 : le premier site offre 8 cabines de bains, 2 buvettes et une galerie d’arcades utilisée comme promenoir. Toute proche, se dresse la chapelle inachevée : en 1885, un prêtre en cure à Barbazan ouvre une souscription pour la bâtir, mais le toit ne sera jamais posé car il meurt avant la fin des travaux et faute de moyens, la chapelle est restée en l’état… Solide et belle, mais inachevée. En 1901, est aménagé dans un parc de 9 hectares l’établissement actuel ; en 1907 un kiosque métallique abrite une mappemonde de cristal d’où jaillit l’eau de la source. Un superbe kiosque Art Déco, refait à l’identique entre 2007 et 2010. Des curistes célèbres se côtoyaient le soir au casino, Bill Coleman, le roi d’Espagne Alphonse XIII, les Frères Jacques, Fernandel, l’écrivain Pierre Benoit, qui y écrivit en 1948 le roman Le Casino de Barbazan…. Les Thermes sont aujourd’hui fermés, mais les lieux entretenus.

               Rive du lac de Barbazan une petite heure après. La géologie définit les petits lacs de Barbazan, Saint-Pé d’Ardet  et Lourdes, comme les trois  lacs glaciaires  morainiques des Pyrénées,  derniers  vestiges  de vastes lacs nés  de la fonte des glaciers en partie basse des vallées. Celui de Barbazan est ainsi le reliquat ultime d’une immense étendue d'eau qui s’étirait jusqu’à Valentine… Et la légende s'en mêle, bien sûr ! Saint Pierre et Jésus, habillés comme de pauvres hères, auraient été repoussés par les habitants du village alors qu’ils demandaient l’hospitalité. Une eau puissante jaillit alors de la terre et engloutit le village et donna naissance au lac.

               Sur la rive de ce lac, dit l'Histoire,  le roi de Judée Hérode Antipas II, contemporain du Christ, venait ruminer ses griefs contre l’empereur Caligula qui l’avait destitué et exilé en +39 à Lugdunum Convenarum, notre Saint-Bertrand-de-Comminges, où il mourut. Quelques années auparavant, il avait ordonné la mort de Jean le Baptiste, qui l’accablait de reproches pour avoir épousé sa nièce Hérodiade, encore mariée. Salomé, la fille de ce premier mariage, avait un soir dansé devant lui [] et, subjugué par sa beauté sensuelle, il s’était engagé à réaliser son désir le plus cher. Et la belle danseuse avait réclamé la tête de Jean Baptiste, offerte sur un plateau !  Hérode s’était exécuté, un garde avait décapité Jean dans sa prison et présenté sa tête sur un plateau à Salomé, qui l'avait offerte à sa mère Hérodiade[. Le ]Et ce jolLeLe L trio se retrouva donc exilé à Lugdunum Convenarum, pour raisons politiques, bien sûr, et non pour la mort de Jean ! Et selon la légende cette fois, Salomé mourut un jour en dansant sur le lac gelé de Barbazan, ivre de sa beauté : le soleil illumina sa grâce, mais fit fondre la glace ! On la retrouva morte, sa tête seule dépassant de la glace qui enserrait son cou, comme posée sur un plateau d'argent…  

               Nous voilà arrivés au pied du château de Barbazan, après une bonne demi-heure de marche. Abrité des regards par ses murs et le feuillage de ses arbres, c'est une demeure privée, remaniée au cours des siècles sur le site d’un château féodal. Le seigneur Manaud de Barbazan fut évêque de Comminges de 1390 à 1422. Le baron Arnault-Guilhem de Barbazan, dont le portrait orne la salle de la mairie, fut honoré des titres de « Chevalier sans reproche » et « Restaurateur du royaume et de la couronne de France » par le roi Charles VII en 1432, car, toujours fidèle à la monarchie, il remporta de nombreuses victoires contre Anglais et Bourguignons et participa aux côtés de Jeanne d’Arc à la libération d’Orléans. Privilège insigne, le roi lui permit de porter, lui et ses descendants, les trois fleurs de lys de la royauté et le voulut enseveli à ses côtés dans la basilique Saint-Denis. Les seigneurs de Barbazan continuèrent ensuite à servir honorablement dans les armées de la France.  Tradition militaire oblige, il en est un, au XVIII°s, qui ébranlait la vallée de coups de canon tous les vendredis à midi : le dimanche, il conviait en effet à sa table les chanoines de Saint-Bertrand-de-Comminges à tour de rôle et deux antiques canons installés sur la terrasse du château annonçaient à tous l’invité du dimanche suivant : un coup pour le vicaire général, deux pour le doyen, etc…  Rapide et efficace !

               Retour ensuite aux Thermes par un sentier ombragé et pique-nique à 12h10. Grand ciel bleu...

               Le lac de Loures-Barousse n'est pas très loin et il est joliment aménagé : OK donc pour une extension d'une heure (3 km A/R) à 13h10 avant de rentrer à Saint-Gaudens.

Une très belle journée en somme !

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 16/06/2023