Mardi 13 septembre 2022
La chapelle Sainte Anne en boucle (col des Ares) 740m
Dénivelé cumulé + 320m sur 8,2 km.
Grisaille, petite pluie l'après-midi et rafales de vent en montagne, ont prédit les météos quasi unanimes... Direction donc le piémont et le village de Cazaunous en pays de Thou, accroché à 600m sur les pentes ensoleillées du col des Ares tout proche. Un thou, en gascon pyrénéen, c’est un trou, une cuvette, formée ici entre les sommets du Gar, du Cagire, du Mount et de la Rouère, où les villages d'Arguenos, Cazaunous, Moncaup et Juzet d'Izaut composent le clot de Thou. Merci à Monique Mercié qui connaît la définition de ce Pays de Thou, sur laquelle Google reste muet. 1300 m plus haut, la croix du pic de Cagire veille sur le Thou. Elle n’est visible que depuis ces villages, car les villageois ne l’ont pas érigée au sommet même, mais une vingtaine de mètres en contrebas, face à la vallée, afin que les gens du clot puissent prier en levant les yeux vers elle. En ce temps-là, lors de l’inauguration en 1935, on avait cueilli 312 edelweiss pour décorer les participants, ils étaient 400…
En fait, le ciel est assez clair sur Cazaunous à 9h30 et le soleil va même l'emporter plus tard sur les nuages ! La troupe s’en va vers la chapelle Sainte-Anne par un large sentier en forêt marqué de la coquille de Saint-Jacques. C’est le GR 78, l’un des chemins de Compostelle, la voie du Piémont Pyrénéen qui relie Narbonne à Saint-Jean-Pied de Port. La haute futaie est encore verte mais un tapis de feuilles mortes grillées par la sécheresse jonche déjà le sol... Une petite heure de montée douce vers le petit hameau de Sainte-Anne, 740m, groupé autour de sa chapelle. Dans cet ancien prieuré, fondé vers 1240 par une abbaye du Gers, vécurent quelques moines jusqu’à la Révolution : il n'y en avait plus qu'un en 1789, qui fut pourchassé et se cacha entre Arbon et Cazaunous. Détruite, la chapelle ne fut rebâtie qu’en 1870, et on y inséra un chrisme, vestige de l’édifice ancien.
Pause car une dame nous ouvre la chapelle, sobre et bien entretenue autour de son autel de bois. Demi-tour et on rejoint rapidement la route du Col des Ares jusqu'au sommet, 799m. Il est 11h10 à peine, certains s'en vont faire un tour sur la piste qui mène au col du Hô, les autres s'installent sur une aire aménagée pour le pique-nique. L'hôtel auberge La Palombière offre un très beau cadre, mais il est fermé et nous n'osons pas nous installer sur ses pelouses, près de jolis bungalows de bois...
Remise en route vers 13h jusqu'en bas de la chapelle. Balise jaune à gauche et montée jusqu’aux prés de la crête, au lieu-dit Mourlon, où se dresse une belle ferme face au Cagire : c’est l’ancien gîte-auberge du Py-Khuan, racheté par l’ami Jean-Claude, absent ce jour.
Descente ensuite vers la ferme des Plas d’Arbon, d’où une petite route nous remonte au point de départ. Un peu de goudron inévitable… 15h15 : embarquement pour le pot au café d'Aspet.
Et encore un peu d’Histoire encre, pour finir : Cazaunous, comme le dit son nom, casaus naous / maisons nouvelles, est un village assez récent : le noyau primitif de population se trouvait plus haut, à Campels, où ne subsistent que les ruines d’un château médiéval. Des circonstances mal connues, peut-être une épidémie de peste, poussèrent les habitants à abandonner les lieux ; le village d’Arbon en récupéra une partie, l'autre s'en vint ici former un petit hameau, Cazaunous, qui devint village à son tour. Le clocher insolite de l'église, reconstruite au XIX° siècle, attire l’attention. Pour achever le clocher-tour, l’argent manqua et l’on ne put en poser le toit… C'était donc jusqu’en 2016 un insolite clocher en terrasse : suspendues à des arches de béton, les cloches (dont la plus ancienne, antérieure à la Révolution, provient de la chapelle Sainte-Anne) y entouraient à l’air libre une grande statue de la Vierge. Un toit a fini par les abriter, la statue ayant sans doute été déplacée ! Le seul toit d'ardoise au dessus des vieilles tuiles du village…
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.