LA VIERGE DE BEDAT

Mardi 21 février 2023

Le belvédère de la Vierge du Bédat en boucle
depuis Bagnères de Bigorre, 867m

Dénivelé + cumulé 400m / ≈10 km

                                             Dans les pas de Michel, qui a passé son enfance à Bagnères de Bigorre, c'est une rando inédite qui nous attend aujourd'hui, la Vierge du Bédat ! 

                                            Et un peu d'histoire patrimoniale pour apprécier pleinement les lieux :

               Bédat vient du verbe latin vetare / interdire. Au temps de la gaule romaine, le Bédat était une colline boisée dont les arbres, les sources et les grottes étaient consacrés à la déesse Diane, la sœur d'Apollon. Interdiction donc de pénétrer sur cette colline sacrée, d'où le nom de « Bédat ».

Bien des siècles après, la forêt avait disparu du Bédat comme on peut le voir sur les anciennes photos du 19°s : les Bagnérais l'avaient coupée et utilisée comme bois   de chauffage ou de construction, et leurs troupeaux paissaient sur la colline dénudée. Le Bédat n'était plus qu'un terrain nu, ravagé par les eaux de ruissellement et la ville de Bagnères souffrait de coulées de boue de plus en plus fréquentes.

En 1866, lorsque le projet d'une statue de la vierge au Bédat fut lancé, Alphonse Cazes mit à l'ordre du jour la question du reboisement : interdiction de laisser paître les troupeaux et de couper les arbres. La colline fut donc une nouvelle fois interdite ! Grâce à quoi le Bédat est aujourd'hui magnifiquement boisé !

                                            Départ donc à 10h ce matin à l'entrée du vallon du Salut, 570m, qui mène aux anciens thermes, bâtis dès 1781 (ils abritent aujourd'hui le muséum d'Histoire naturelle, le conservatoire botanique et le musée du marbre). Un départ tout en douceur bucolique dans un parc parcouru par un joli ruisseau, l'Anou, ombragé de vieux arbres, jalonné de fontaines et de petits ponts, lieu de promenade de la ville depuis le 18°s, fréquenté par habitants, touristes et curistes. Un théâtre de verdure y fut aménagé en 1923, et une belle statue de marbre, "la nymphe ivre", installée en 1929. Encore aujourd'hui, on y marche tout en discutant à loisir, d'où sans doute son nom : on se salue au gré des rencontres et on y trouve aussi le salut au sens médical, c'est à dire la santé par l'exercice physique.

               Vous pouvez, si vous le souhaitez, revenir en boucle tranquille par les allées Maintenon : la marquise, épousée par Louis XIV vieillissant, venait à Bagnères et aimait se rendre à la chapelle du couvent des Capucins de Médous toute proche où serait apparue la Vierge.

               Direction pour nous le Bédat, en attaquant la montée bien sentie des " allées Dramatiques ". Un drôle de nom, pour cette série de 16 lacets qui vous hisse 170m plus haut ! Une troupe de théâtre animait la station thermale au XIX°s et les bénéfices des représentations de l'année 1848 ont permis de créer ce sentier pour offrir aux promeneurs une vue en balcon sur la ville et le sommet du Bédat, d'où ce nom d'allées Dramatiques !

               Après quoi, vous voilà montant à flanc doux avant de redescendre sur un carrefour, la Croix de Manse. D'où il ne reste plus qu'à attaquer le final, les 3 lacets qui vous hissent en au sommet du Bédat, 862m. Un sommet dénudé et rocailleux où se dresse une statue de la Vierge qui veille sur la ville étirée à ses pieds.

                                             Et elle a une histoire, elle aussi, quelque peu mouvementée !

               En 1866, un « Comité des dames » est fondé à Bagnères, dans le but d'ériger une statue de la Vierge au sommet du Bédat, alors coiffé d'un drapeau français ; les donateurs sont nombreux, le projet présenté au Conseil Municipal et voté après d'âpres discussions par 11 voix contre 8. Le 25 août 1867, elle est inaugurée en grande pompe en présence de plus de 1800 personnes.

               En 1868, un violent ouragan la renverse et l'endommage au point d'empêcher sa remise en place... Immédiatement, on en commande une autre au même fournisseur, réplique de celle qui se trouve à Rome, place d'Espagne. Tâche ardue que de monter là haut ses deux tonnes de fonte... Mise en place le 23 septembre 1868, elle est inaugurée le 4 octobre et nous voilà à ses pieds. Une grotte de Lourdes en miniature occupe sa base, entourée d'ex-voto.

                                            Pique-nique donc à midi vingt, un peu plus haut, près d'une table d'orientation. Le temps plutôt maussade ce matin a laissé place au soleil. Un beau belvédère sur l'entrée de la vallée de Campan et les hauts sommets enneigés.

                                            Retour en boucle à 13h40, en partie par une petite route forestière dans une hêtraie jonchée de feuilles mortes. La fontaine des fées est à sec et l'accès aux grottes (un réseau long de plus de 1km profond de 65m) fermé de barrières pour raisons de sécurité et protection de la faune cavernicole.

                                            Retour aux voitures à 15h et cap sur le café des Thermes, après une superbe journée.

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL