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PORT DE PIERREFITTE
Mardi 5 juillet 2022
Port de PIERREFITE 1857m et refuge du MONT NÉ 1855m
Dénivelé +530m. 10,3km A/R
9h20 à Bourg d'Oueil, 1330m. Au menu, le Port de Pierrefite et le lac de Bareilles. Ciel gris et bouché... Le reliquat sans doute de la veille, un lundi tristounet, avant une belle journée là-haut... La sente est bien marquée et balisée, aucun risque, on y va ! Mais le soleil ne percera pas et la brume va s'intensifier tout au long de la montée...
Une large sente paisible s'élève au dessus du village et franchit le ruisseau de Colantigue ; plus étroite ensuite et plus raide, émaillée de noisetiers, elle va remonter par le flanc le vallon du ruisseau de Hité. Une montée soutenue qui s'achève rudement au Port de Pierrefite, 1857m, dans un brouillard épais, de plus en plus épais au fil de la montée, installé probablement pour la journée ! Et pour éclairer un peu cette grisaille, une biche, une multitude d'insectes et de fleurs aux couleurs vives qui font le bonheur de Williams !
12h30 donc au Port de Pierrefite, marqué par un cromlech de pierres dressées (d'où son nom Pèira-Hita/pierre dressée), seul élément visible qui émerge du brouillard dans un rayon de 50m, avec un 4X4 garé là, venu du Port de Balès, celui d'un éleveur ou d'un chasseur sans doute…
Au centre du col, un menhir calcaire qui, si on en juge sa nature géologique, provient des environs de Saint-Béat, donne l’heure solaire. Selon une légende, il représenterait un berger entouré de ses moutons, pétrifié un jour pour avoir refusé un bout de pain à un mendiant. Vaguement anthropomorphique, il peut évoquer en effet une silhouette revêtue d’une cape...
On dit aussi à Bourg d'Oueil que les fées et leurs enfants venaient la nuit danser autour de lui… Et vers 1950 encore, les filles en quête d'un amoureux montaient l'embrasser en chantant une chanson leste que rapporte Isaure Gratacos, une historienne locale : "Peira Hita, bailha me 'ra pica hita" / pierre dressée, donne-moi une ... dressée". Les femmes mariées qui ne parvenaient pas à avoir d'enfant y venaient aussi supplier plus chrétiennement la statue : "Pèira-Hita, peira bendita, balha me un peiro aireter" / pierre dressée, pierre bénie, donne-moi un bel héritier"...
Ce fut en tout cas très certainement un lieu où les seigneurs des vallées d’Oueil et d’Aure se réunissaient dès le Moyen Âge pour définir de visu les droits et limites de pâture de leurs troupeaux respectifs car la vue porte très loin...
Victime d'une pelleteuse de la DDE en 1982 pendant l'aménagement temporaire d'une petite aire de parking, le menhir est resté à terre jusqu'à ce que les villageois de Bourg d'Oueil décident de le remettre eux-mêmes en place. Du bon travail car il est toujours debout !
La troupe délibère rapidement : visibilité à 50m, la montée a été rude, aucune envie de poursuivre jusqu'au lac de Bareilles dans un brouillard pareil. Autant rejoindre par la piste le refuge du Mont Né, 1855m, pour y pique-niquer puisque de toute façon on ne verra rien nulle part...
C'est un beau refuge reconstruit il y a quelques années et doté de toilettes ! En février 2014, c’était un spectacle de désolation : le solide refuge aux murs épais, bâti en 1944 pour héberger un chantier de jeunesse, n’était plus que ruines. Quelles forces, une tempête violente combinée sans doute à un amas de neige, ont dû se déchaîner ici cette année-là ?...
Et elle s'estime heureuse, la troupe alignée à midi sur le trottoir du refuge, car il ne fait pas froid et il n'y a pas de vent ! Quant au large panorama, une épaisse purée grise... Dommage pour une famille de Canadiens en visite dans les Pyrénées, qui ne verra pas la vallée d’Oueil étirée en bas et à l'horizon un collier de sommets, Antenac, Cap de Salières, Crabère, Maladetta, Coume de Herrère, Pic de Céciré, sommets du Luchonnais…
Descente sur Bourg d'Oueil à 13h, par le même sentier car le retour en boucle n'est pas balisé et le brouillard pourrait nous jouer un mauvais tour... Parking à 15h10. Ciel toujours gris mais le brouillard n'est pas descendu jusqu'à la vallée... Et pot au bar Le Montagnard, près de la halle de Luchon.
Une journée somme toute "exceptionnelle" au sens premier du mot, c'est à dire "hors de l'ordinaire" car c'est bien la première fois que nous nous retrouvons dans un brouillard aussi dense tout au long d'une randonnée !…
Imohtep, le scribe des mardis de l’ACCUEIL.
Date de dernière mise à jour : 09/07/2022