CABANE DE CONQUES

Mardi 2 avril 2024

De Portet de Luchon à la Cabane de Conques 1628m
(extension facultative) dénivelé +440m (+580m)

ou

De Garin à Portet de Luchon D+200

                 9h55 : grand ciel pur ce mardi à l’entrée du village de Portet de Luchon, 1250m, dans le col de Peyresourde.

   Montée dans le village, en suivant le balisage du GR Tour d'Oueil-Larboust, une boucle de 42km qui parcourt la montagne d'Espiau. Une piste herbeuse monte longtemps en douceur en surplombant la rive droite du ruisseau de Labach, quelques ruisseaux à enjamber de pierre à pierre. Et soudain le sentier devient sente, grimpe en rejoignant la rive du ruisseau, et finit par vous hisser en quelques lacets bien sentis au pied de la cabane de Conques, 1628m, adossée au flanc du Pouy Louby.

                     Midi approche, pique-nique face aux sommets du Luchonnais bien enneigés et à la longue crête qui mamelonne du col de Peyresourde au Pic du Lion près du Port de Balès.

                    Farniente pour les uns, extension pour d'autres.  

                     Retour en boucle à 13h par l'autre flanc du vallon de Labach, un long balcon tranquille dans les pelouses puis plongée sur le village de Jurvielle et reprise ensuite du GR de départ pour regagner Portet à 15h.

        Et en voiture pour rejoindre les copains au café de Cierp. De Garin à Portet de Luchon, ils ont longé la vallée du Larboust en surplombant par sa rive droite le ruisseau de Portet. Sur l'autre flanc les villages de Cathervielle et Poubeau, et au dessus de Jurvielle,  large vue sur le vallon qui monte à la cabane des Conques, au Port de Pinate et au Pouy Louby.

                                    Et un peu d'Histoire pour finir !

                                            Il est en état, le vieux moulin de Jurvielle, que l’on prend pour une banale petite grange… Il fonctionnait encore il y a quelques années, notamment pour les écoliers en classe verte à Jurvielle qui venaient y moudre le  blé et cuire ensuite leur pain comme autrefois. Un moulin à roue horizontale, un système romain importé sans doute dans le Larboust par les légionnaires démobilisés de Pompée, établis en 72 av JC à Lugdunum Convenarum.

                                            La Moraine de Garin, c'est un mamelon herbeux qui recouvre un amas de débris déposés il y a 20000 ans par l'énorme glacier qui descendait du lac d'Oo et occupait à la fois les vallées  de Larboust et d'Oueil : un seul et même glacier de 800m d'épaisseur enjambait notre Montagne d'Espiau, comme le prouve l'analyse des blocs rocheux, identiques dans les deux vallées ! Les vieux skieurs y ont chaussé les planches dans les années 1950 et nous y avons écouté chanter Nadau, un soir d'été 2019...

                                             Une stèle y rappelle le souvenir de Pierre de Gorsse (1903-1984), "Ami et protecteur des Pyrénées", très attaché au Comminges et à ses montagnes. Avocat toulousain et historien, dont le père était natif de luchon, il fut membre de nombreuses sociétés savantes, chargé de mission pour la protection des sites de la région pyrénéenne de 1942 à 1973. A Toulouse, un square situé près de l'église de la Dalbade porte son nom.

                                             Au bout, se dresse la belle Chapelle Saint Pé de la Moraine, classée aux Monuments Historiques. Murs et contreforts romans des X° et XI° s, où sont insérées ça et là des cippes, des stèles funéraires antérieures à la construction et donc en réemploi. L’une d’elle, la seule triangulaire, représenterait une ancienne divinité pyrénéenne. Un collègue du dieu Gar, protecteur des Garumni, les peuples de la Garonne ?...

                              Et un peu plus haut dans la vallée , le rocher de Poubeau, le Calhau  d'Arriba-Pardin. A l'origine, à côté de ce gros bloc granitique déposé par le glacier au dessus du village, il y avait une autre pierre, plus petite, dont la pointe taillée avait une forme de phallus, associée à des rites de fécondité dans les temps anciens. Le soir du Mardi Gras, s’y  déroulait la fête des Gagnolis /glapissements :  les  hommes montaient vers le rocher en hurlant à la lune ;  autour des femmes  qui chevauchaient la pierre,  ils se livraient à une farandole obscène en brandissant leur sexe à bout de bras, "manu penem proferentes" selon l'expression de Julien Sacaze, avocat et érudit,  qui fonda en 1885 à Saint-Gaudens, sa ville natale , la Société des Etudes du Comminges. En 1871, offusqué par ces rites païens et les rendez-vous galants au calhau la nuit, le curé de la paroisse fit sceller une croix sur le gros rocher et défendit à ses ouailles de s'approcher du lieu à moins de cinquante pas. La pierre-phallus disparut à la fin du XIX°s, on ne sait trop comment… Opération  commando d’arrachage du calhau phallique, pour éradiquer définitivement ces pratiques sataniques ? ...

IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.

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Date de dernière mise à jour : 08/04/2024