TOUR DU BOIS PERCHE
Mardi 6 juin 2023
Le tour du Bois Perché à Aspet
chapelle et résurgence de Saint-Paul
boucle de 5,8km + extension Pujos/ Dénivelé cumulé 100m
Juin se profile et la météo reste aussi incertaine qu'en mai : ciel assez clair le matin et orages l'après-midi... Sortie donc en demi-journée et pique-nique final vers midi, au cas où...
9h45 : départ de la chapelle Saint-Paul, bâtie en pleine campagne à l'écart de Pujos, un hameau d'Estadens. Un vaste porche abritera le pique-nique si besoin... La journée sera belle en fait, le temps lourd annonçant un orage qui ne viendra pas éclater ici !
Montée douce en sous-bois sur le Cap de Garros. Quelques passages boueux certes en raison des orages quasi quotidiens mais aussi, surprise, de belles girolles toutes fraîches qui pointent leurs corolles jaunes sous les feuilles mortes ! La troupe farfouille à droite et à gauche et réalise finalement une cueillette conséquente qui ralentit la marche mais réjouit les cœurs !
Il est donc 11h20 lorsque nous atteignons le village de vacances du Bois Perché à Aspet ( souvenir ému d'un anniversaire d'exception organisé ici pour votre scribe en 2018...).
Retour tranquille vers la chapelle par le vallon champêtre des Coumes, jalonné de panneaux relatifs au relief karstique des lieux (un type de paysage façonné par l'eau qui s'infiltre dans les roches calcaires et circule de manière souterraine en creusant des grottes).
Pique-nique à 12h15 en surplomb de la chapelle, près du Christ en croix dressé en haut du calvaire. Il est tôt, pas d'orage en vue... On regrette toujours après coup de ne pas avoir osé se lancer dans une sortie plus longue ! Il reste en lot de consolation un bout de chemin jusqu'au hameau de Pujos et la chapelle Saint-Paul nichée dans la verdure (la tradition veut que Saint-Paul soit passé ici en se rendant en Espagne).
Bâtie près de la résurgence de Saint-Paul, une source échappée d'une grotte (où ont été découverts des vestiges préhistoriques, en particulier un crâne d’ours des cavernes et des restes humains de l’âge du bronze), elle respire la sérénité, cette belle chapelle à l'architecture originale, toute de pierre blonde, qui date du XVème siècle dans son état actuel.
Sa situation, à quelques mètres d'une source jaillie des entrailles de la terre, explique qu'on y ait antérieurement bâti un temple païen, sans doute dédié au culte de Cybèle, la déesse mère de la vie, comme en témoigne un autel votif découvert sur le site. En 1961, au cours de travaux de réfection du mur du cimetière, les ouvriers ont d'ailleurs mis à jour les fondations d'un temple ancien mais on n'a pas pu pousser plus loin les recherches...
Un vaste porche, classé monument historique, abrite un portail de style gothique surmonté d'un tympan orné de feuillages où se niche un buste d'homme nu au dessus de l'inscription "Delecta i.. d...no et dabit peticiones cordis (Réjouis-toi dans le Seigneur et il te donnera les demandes de ton cœur". A l'intérieur, un retable en bois doré du XVII°, que nous ne pourrons pas voir...
Les gens du Val d'Aran venaient ici en pèlerinage jusqu’à la guerre de 14-18 et jusqu’à la dernière guerre, la célébration de Saint Paul donnait lieu à une fête profane très fréquentée. Aujourd’hui il a lieu le 29 juin.
Traditionnellement, on venait aussi boire l'eau de la source, réputée miraculeuse. Mais en 1946, l'ionisation élevée de l'atmosphère de la grotte avait inquiété le physicien spéléologue Félix Trombe, natif de Ganties (qui dirigea ensuite en 1949 la création d'un four solaire à Mont-Louis, près de Font-Romeu) ; on fit des mesures de radioactivité, qui détectèrent des radiations trois fois plus élevées qu'ailleurs. L'eau fut donc supposée dangereusement radioactive... À cette époque, les risques dus à la radioactivité sont encore mal évalués et la publication des résultats en 1947 fait sensation : un panneau invite à ne pas boire cette eau. Il restera en place jusqu'à ce que des analyses soient réalisées en 2008, avec les méthodes actuelles : l'eau ne contient qu'un taux de radioactivité naturelle infime et sans danger, comme beaucoup de sources de montagne...Elle est donc potable, sinon miraculeuse !
Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL
