SACOUE BRAMEVAQUE MAULEON
Mardi 29-08-23
Sacoué, Bramevaque, Maison des sources à Mauléon-Barousse.
Dénivelé cumulé 300m et 11km A/R
Météo grisonnante et incertaine : mieux vaut prévoir court et pas loin... Direction la vallée de la Barousse, où le ciel sera en fait relativement clair.
Départ donc de Sacoué à 9h, pour une boucle champêtre autour du village, sentiers, petites routes et vue sur la falaise de Troubat et son sommet, L'Herbe Rouge. Passage pour finir à la chapelle du Plan d'Ilheu bâtie au xi° s ; là était autrefois le village d'Ilheu mais en 1348, la peste noire décima la population et les survivants s'installèrent plus haut, de l'autre côté de la vallée. Le 16 novembre 1528, Marguerite d'Angoulême, sœur de François 1er, femme de lettres et reine de Navarre, implora Notre-Dame du Plan d'Ilheu pendant son accouchement et donna naissance à Jeanne d'Albret, la mère d'Henri IV. Comme elle en avait fait le vœu, elle offrit une terre pour y élever ce sanctuaire, situé aujourd'hui sur la commune voisine de Gaudent.
Attention, disparition du balisage à l'intersection de la petite D125, prendre le chemin du Bibe ! Une charretière ombragée s’en va alors jusqu’au village de Bramevaque. Belle église, maisons rénovées, un lavoir-aquarium et un antique tilleul éventré mais bien vivant, classé arbre remarquable.
Une petite grimpette et vous voilà perchés au château de Bramevaque, face à la falaise de Troubat. Des travaux de restauration ont commencé en 1992 avec notamment plusieurs chantiers d’été menés par des jeunes de différentes nationalités. Deux enceintes, une chapelle et un donjon avec ses niches et ses lits creusés dans les murs, l’étroit escalier d’origine qui mène à une terrasse : la vue y embrasse les collines environnantes, les villages de la vallée, Bramevaque à ses pieds, la falaise de Troubat en face, qui s’encadre parfaitement dans l’arche de la chapelle.
Un sentier en rive gauche de l'Ourse vous mène ensuite à la Maison des sources de Mauléon-Barousse pour le pique-nique à midi. Un lieu agréable, d'autant plus que le ciel est clair, créé par le Syndicat des Eaux de la Barousse au bord de l’Ourse et consacré aux richesses patrimoniales locales, musée interactif, cycle de l’eau, visite d’un captage, grotte du Moulin de Troubat, pêche, tables et barbecues près du torrent…
Retour une bonne heure après et parking vers 15h 45.
Et quelques mots pour finir sur ce château féodal des comtes de Comminges, classé monument historique. Construit en 1067 par Sanche, comte de Labarthe de Neste et seigneur des quatre vallées, Aure, Neste, Magnoac et Barousse, il est resté longtemps à l’abandon. Depuis une vingtaine d’années, l’association Jeunesse et Reconstruction, J&R, créée en 1948 pour unir la jeunesse européenne par la reconstruction du continent après la guerre, y réalise des travaux : trois semaines l’été, de jeunes volontaires venus du monde entier, encadrés par un responsable technique, débroussaillent, dégagent les éléments ensevelis sous des tonnes de terre, consolident ou reconstituent les murs de pierre... Avec des partenaires dans le monde entier, J&R gère aujourd’hui plus de 2500 programmes dans 77 pays, les bénévoles mettant leur énergie au service d’un projet : restauration de bâtiments anciens, nettoyage et entretien d’espaces naturels, animation auprès d’enfants, aide aux handicapés physiques ou mentaux…
Quelques mots aussi sur Marguerite de Comminges, la comtesse sanglante de Bramevaque au XV° siècle, qui vécut enfermée ici une vingtaine d’années, reléguée par son époux, Mathieu, comte de Foix- Comminges ! Elle aurait exigé pour ses repas la chair d’un enfant... Problème d’approvisionnement ou compassion pour les jeunes victimes, le cuisinier égorgea un jour en lieu et place un petit veau, que sa mère appela désespérément (en patois brame vaque/ la vache qui meugle). La comtesse, intriguée par ces meuglements terribles, questionna ses gens, qui finirent par avouer la vérité. La douleur des mères du village lui sauta alors aux yeux et elle renonça à l’anthropophagie.
Ce qui est sûr en tout cas, c'est que Marguerite, héritière des comtes de Comminges, et donc enjeu d’alliances entre grands féodaux, fut mariée à douze ans au comte d'Armagnac, assassiné en 1418. Elle dut épouser ensuite le vicomte de Pardiac, un autre Armagnac, qui décéda aussi. Ses troisièmes noces la livrent enfin à l'âge de 56 ans à Mathieu de Foix, 31 ans. Pour une raison inconnue (rumeurs sur Pardiac mort empoisonné, dot non intégralement payée à Mathieu par la famille de Comminges, désir de jouir librement des biens de la vieille mariée...), le fringant mais désargenté jeune époux la relègue à Bramevaque dès le début de leur union. Elle y restera 22 ans ! Le roi de France Charles VII a beau intervenir pour sa libération, elle ne retrouve la liberté qu’en 1443 et meurt quelques mois après. Négociations : Mathieu obtient le Comminges en viager, mais sous condition de le remettre à la couronne de France à sa mort. Ce fut fait en 1453. Comment, victime d’alliances et affrontements entre puissants seigneurs, Marguerite s'est-elle transformée en ogresse dans l'imaginaire populaire ?
Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.