CANEJAN OU... A PORCINGLES
Mardi 6 février 2024
De Canejan à Porcingles D+120m / 6,2km
ou
de Porcingles à Sant Juan de Toran D+360m /5,3 km
Deux randonnées au choix, le matin seulement, puisque la troupe se réunit à 13h au restaurant Es Banhs, à Lès en Espagne. Deux modestes tronçons successifs du GR 211 : balisage rouge et blanc pour ce tour du Val d'Aran que suit en grande partie le Setau Sageth, une boucle de randonnée circulaire en cinq étapes : départ de Vielha, cols de Guerri (2 320 m), de Rius (2 340 m) et de Vielha (2442m). Au-delà de l’aspect sportif, 103km/9480m de dénivelé cumulé dont 5800 positifs, le Setau Sageth revêt aussi un intérêt culturel et patrimonial car il relie par les cols, chemins et sentiers d'autrefois les beaux villages du Val d'Aran, restaurés et fréquentés en saison estivale.
Grand ciel bleu alors que nous avons quitté Saint-Gaudens sous un léger crachin !
De Canejan, 880m, à Porcingles, 950m, en aller/retour pour les uns. Un escalier raide et un court ripaillon pour suivre ensuite une douce charretière qui s'en va à flanc de montagne au dessus du val de Toran, quasiment à plat jusqu’à Porcingles, 3,1km plus loin. De nombreuses granges en ruines et des murs de soutènement témoignent d’une importante présence humaine autrefois... Le minerai de plomb et de zinc extrait aux mines de Liat à 2400 mètres d’altitude était descendu par un câble aérien de 14km jusqu'à Pontaut, à l'entrée du Val de Toran, où il était lavé puis acheminé vers la France par un tramway. Après 50 ans d'activité, l'exploitation cessa véritablement en 1929 par manque de rentabilité plutôt que par épuisement du site, malgré une tentative de reprise en 1941. A Pontaut, en bas de Canejan, on voit encore un gros bâtiment en ruines, l'ancien lavoir du minerai et en altitude autour des étangs de Liat, les anciennes galeries sont encore béantes, pylônes et cables parsèment la montagne, tout un amas de ferrailles rouillées, les restes de ce qui fut pour les habitants de la vallée « la préciosa pepita »...
De Porcingles à Sant Juan de Toran, 1020m pour les autres. Porcingles, 950m, un tout petit hameau, un grand lavoir et une maison coquette et fleurie. Une sente assez caillouteuse monte en balcon, assez pentue ma foi, bordée plus haut de granges en ruines ici et là ; il y avait sans doute là autrefois des villages peuplés, des prairies d'estives et de nombreuses granges pour les troupeaux : comme en France, avec la disparition des paysans, les bois ont prospéré il y a une bonne cinquantaine d'années... Cette sente grimpe 200m plus haut en offrant beaux points de vue sur la crête frontière, le Montlude et le tuc d'Ermer. Et la voilà qui plonge soudain, fermement, franchit un ruisseau sur une belle passerelle et dévale sur le village de Sant Joan de Toran, 1020m. Vous voilà donc montés pour redescendre...
Sant Joan de Toran, c'est un petit bijou en balcon sur la vallée, un hameau d'une dizaine de granges restaurées avec goût, une rue dallée, une placette, un bar-restaurant aux grillades succulentes quand la patronne est là, une petite église romane dédiée à Notre Dame de Consolation, avec balcon de bois et surtout d'insolites ex-voto, d'innombrables mouchoirs suspendus au mur... Une fois consolé par la prière ou exaucé, sans doute n'en a-t-on plus besoin...
Et insolite aussi, un très vieux panneau de bois incrusté de petites pierres tranchantes, accroché au mur sous l'auvent de l'une de ces granges à l'entrée du village... Cet outil d'autrefois, c'est l'ancêtre des moissonneuses-batteuses, une herse à battre le grain, appelée aussi picaïre/ planche à dépiquer, le tribulum romain. Hérissé d'éclats de roches sur une face, du silex par exemple, il était tiré par une ou deux bêtes de trait, alourdi par des cailloux ou par le poids d'un homme, et on le passait sur les gerbes de céréales étendues sur une aire pavée. Un bel objet exposé là, sur la rue, à portée d'éventuels amateurs d'antiquités...
Rendez-vous entre 12h30 et 13h au restaurant Es Banhs à Lès pour partager le repas. Aménagée dans une ancienne grange rénovée avec goût près du bâtiment vieilli des premiers Thermes du village, la salle accueille 32 convives heureux de se retrouver. Sangria bien sûr, vins rosé et rouge, tapas variés en entrée, côtes d agneau, gigot ou dorade, dessert au choix. Un très bon repas très copieux !
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.