CABANE DE SAPLAN ET SERRALONGA

Mardi 02/05/2023 : Cabanes de Saplan (1507m) et Serralonga (1687m)
par un étang (1749m) en circuit au départ de Bausen (901m).

Dénivelé : 850m ; trajet : 11,72 km.

Une randonnée inédite pour le groupe en versant espagnol, l’envers du décor quand on monte vers la crête du Bacanère au départ d’Artigue dans le Luchonnais.

15 marcheurs en direction de la frontière, parking à l’entrée du charmant petit village perché de Bausen, le plus au nord du Val d’Aran et face à Canejan séparé par la Garonne.

9H, bonne grimpette par une ruelle bétonnée à travers des maisons aranaises typiques aux toits d’ardoises à crochets en suivant le panneau « cabana deth vaquer de saplan ».

Authenticité de cette commune rurale aux murs de pierres mordorées et épargnée par les grands projets immobiliers.

Ciel azur, température idéale, l’itinéraire monte régulièrement vers l’ouest à travers des champs d’asphodèles, plusieurs traversées à gué, le gazouillis des ruisseaux anime un paysage varié et bucolique bien agréable.

La pente se redresse et reste soutenue tout le long de la hêtraie millénaire aux arbres remarquables parés du vert tendre printanier.

De tapis de feuilles mortes en zones terreuses et humides, on atteint les estives à la grande surprise d’une harde d’isards rarement dérangée dans ces espaces de solitude.

Face à nous, une cabane en ruines sous la longue crête du Bacanère ; sans l’atteindre nous virons à gauche, traversons une gorge et son riu avant de longer une seconde cabane de Saplan plus en état.

Le sentier continue, côtoie la lisière de la forêt, se perd dans l’herbe rase, se retrouve plus loin, une butte à contourner, une autre à grimper raide, des protestations s’élèvent à l’arrière sur la suite à donner !

Bientôt visible cette cabane de Serralonga bien nichée au pied des « très corets » ?

Un ultime effort pour rejoindre la grande plate-forme du mamelon ; un petit étang semble perdu dans l’immensité du paysage très ouvert, panorama grandiose à 360°.

Quelques pas de côté et en contre-bas, enfin le toit rassurant de la confortable cabane verte de Serralonga.

Campement près du petit lac face au glacier de la Maladetta et sous la longue crête aux bornes frontière du Pujastou, Bidur, Trois courets, Montmajou au Bacanère juste teinté de blanc.

Après les agapes, brioche maison et spécialité sétoise, bon moment de détente avant de rejoindre la cabane bien aménagée, un poêle à bois, une grande mezzanine pour au moins 10 couchages,  une partie fermée pour le berger et un énorme barbecue sur le côté.

Une piste mène vers l’entrée de la forêt, c’est l’itinéraire à suivre pour le retour en circuit entièrement dans le bois avec quelques fenêtres sur lès et la vallée.

Toujours longue la descente mais bientôt le bruit du ruisseau annonce l’arrivée au village et le plaisir d’enlever enfin les chaussures.

A quelques mètres des premières maisons, une rencontre surprise remet tout en cause.

Sur le sentier étroit, face à nous, deux belles bêtes à cornes, blanches et noires rebroussent chemin brusquement.

La transhumance sans accompagnateur ?

Un claquement dans l’air, le fil de clôture n’a pas résisté à l’assaut des deux poids lourds.

Excités, ils caracolent dans le bosquet en contre-bas avant de revenir en trombe vers le sentier.

Pas des vaches mais des taureaux ! l’un a la bonne idée de grimper sur le talus de dessus mais l’autre nous bouche le passage et nous fait face !

Le « black-bloc » veut en découdre avec ces touristes français qui envahissent son territoire.

Tête baissée, corne affutée, le pied qui gratte le sol, pas la moindre lueur de sympathie dans son œil de bovin, le message est clair, il se prépare à charger !

Dire qu’on était « à ça » d’arriver peinards au village, nous voilà dans les arènes de Dax !

Pas d’échappatoires et l’autre zèbre au-dessus qui menace de revenir sur la piste !

Histoire de raviver d’anciennes peurs, chacun y va de son histoire macabre avec ce genre de bestiaux !

Appel aux secouristes fraîchement diplômés, dommage cette situation n’était pas au programme !

Pas d’héroïsme inutile, arrière toute, courage fuyons sauf...un.

Celui qui « murmure à l’oreille des taureaux » défie l’animal et miracle, ouvre le passage.

Sans le savoir encore, nous venons de faire connaissance avec Camaron et Courro.

Ils sont en photos à l’entrée du village, sans doute une affiche « Wanted avec récompense » !

Eh non, les deux « bandoleros » semblent être les mascottes de Bausen qui invite les passants à les connaître, drôle d’accueil !

A l’écart du village, une tombe solitaire entourée d’un mur témoigne d’une histoire d’amour tragique en 1900 dans l’Espagne rurale du début du XXème siècle.

Teresa et Francisco vivaient ensemble « dans le péché », ont eu deux enfants sans pouvoir se marier, refus de l’église pas à cause du lien de parenté, ils sont cousins, mais pour non- paiement de la dispense matrimoniale de consanguinité !

Teresa meurt jeune à 33 ans, l’église refuse de l’enterrer religieusement et de côtoyer les autres mortels du cimetière commun.

Les habitants et son bien aimé doivent improviser un cimetière civil en portant sa dépouille près d’une chapelle.

La taverne du village fermée, le pot de clôture de cette bien belle journée est pris à Lès en terrasse plein soleil, le bar du bien connu supermarché.

Nous sommes apparemment le réconfort de la petite serveuse bien volubile après une journée de contrariétés pour elle.

Monique