LES COLLINES DE LA GIMONE
Mardi 21 février 2023 : les collines de la Gimone en boucle au départ
de Simorre (Département du Gers (32) du Bonheur est dans le pré).
DEN : 223m ; 10.4 Km de marche, durée 4 heures.
15 randonneurs-pèlerins (le compte est bon…toute référence à un évènement ayant existé serait purement fortuite) sont au rendez-vous de Pégot à 8h30 pour une seconde incursion historique dans le Gers, sur les terres des Comtes d’Astarac (la première Simorrée datant de février 2019).
En « voiture Gimone », récupération d’une amie de Saint-Marcet et c’est un groupe de 16 randonneurs composé de 8 hommes et 8 femmes qui cingle en direction des Portes de la Gascogne, Boulogne sur Gesse, Villefranche d’Astarac et enfin Simorre dont le parking est situé à droite sur la place du Foirail en plein centre de la superbe bourgade.
Le programme du jour a été conçu expressément par Momo pour changer du plaisir des raquettes en sente montagnarde. Il consiste en une randonnée pédestre de piémont lointain, dans une dépendance géomorphologique du Cône de Lannemezan. Cette balade agréable court dans des chemins bordés de haies bien taillées, parfois en tunnels et présente pour avantage de combiner différents points d’intérêt, sportifs, culturels et mémoriels comme décrit ci-après.
Le temps est brumeux, et se chargera d’une chape plombant un soleil voilé toute la journée, peut-être annonciatrice de pluies salvatrices pour combler la soif des nappes que le niveau du barrage à la lisière de la Haute Garonne et du Gers nous confirme avec saisissement.
9h30 ; le panneau dans l’angle de la Place mentionnant plusieurs sentiers balisés, baptisés PR1, 2 et 3 nous lance sur le chemin de Yané, c’est le toit en japonais, un parcours de 11 km en boucle, si tu ne viens pas à Simorre c’est Simorre qui viendra à toi (nous sommes sur les terres de Mousquetaires).
Jalonné d’œuvres artistiques constituées de l’élément chimique Fe parfois oxydé en ferreux, l’itinéraire fait partie d’après la « moniquegraphie » de 2019 du mouvement « Land Art » incorporant l’Art contemporain à l’Environnement. « La nature, musée à ciel ouvert, devient un lieu d’exposition pour des œuvres métalliques parfois boisées sensées amener le promeneur à la réflexion et à l’observation », selon les propos repris de notre scribe patentée en date du 3 décembre 2019.
Nous suivons le balisage, avec des passages en lisière de forêt, une première création est juchée dans un arbre, et une corde, une cloche, un nid et une cigogne métallique nous accueillent comme en 2019 !
Plus bas à l’angle de la route départementale empruntée sur quelques dizaines de mètres une cabane autonome (panneaux solaires) chichement meublée d’un canapé et d’un tambour à peau de léopard abrite un artiste qui surgit de nulle part et dont le visage agréable, la bonne taille et la musculature puissante semblent attirer les regards de quelques-unes de nos randonneuses, l’attrait de l’art sans nul doute! L’adresse GPS est prise pour d’éventuels cours de dessin futurs…
Nous cheminons à travers les champs labourés d’une glaise brun-clair, épaisse et lourde et nous grimpons en douceur vers les collines de l’Astarac. En haut à l’intersection avec une départementale, se dresse l’œuvre de l’artiste japonais Teruhisa Suzuki. En forme d’éventail de bois, ce toit de grenier mansardé, réalisé en 2012, coiffe un œil de bœuf avec un panorama sur le village de Villefranche d’Astarac. Deux de nos randonneuses y jouent d’éphémères funambules de la période bleue de Pablo Picasso, il faut en conclure qu’après 10 ans d’existence le bois est encore solide et nos danseuses bien entendu fort légères !
Nous poursuivons sur la gauche en descente à travers des bois, des champs et des prairies en apercevant quelques fermes typiques du Gers, un abri d’ULM jalonné de deux manches à air nous questionne (tourisme ou aspersion de pesticides pour les champs vastes et remembrés alentour).
Au loin une belle loupe de glissement dans un champ semé de blé ou d’orge, nous rappelle que l’argile est un matériau ductile et qu’elle est parfois soumise au glissement gravitaire (la gravité d’Isaac N.) quand elle n’est pas solidement arrimée par des haies ou par des futaies !
Bref l’agriculteur, un protecteur de la Nature, ce n’est pas toujours une réalité tangible en ces temps de PAC à marche forcée ! NDLR.
Quelques passages en futaies de chênes nous permettent d’admirer deux palombières de professionnels, dont une avec un palan pour peut-être redescendre les adeptes de Saint-Hubert bien repus d’alcool…
Nous retrouvons les ruines d’une ferme vue en 2019, des planches vont aider au confort de quelques fessiers. Après une petite hésitation dans le choix de l’endroit en plein air due à des vents contraires vite assoupis, nous installons le campement pour déjeuner. Nous débouchons quelques nectars que l’arbre de Noé sait offrir à qui veut le cultiver… Un délicieux gâteau est dégusté avec entrain. Ceci faisant qu’un de nos commensaux au métabolisme chiraquien se précipite sans coup férir dans les bras de Morphée, adultère platonique commise sous les yeux de sa moitié compatissante.
Le retour se fait en redescente vers Simorre, la photo de groupe est prise devant une belle envolée d’oies sauvages située juste après une étroite passerelle en madriers. Il s’agit d’une belle sculpture à l’imposante queue aux plumes argentées formée de cuillères et des fourchettes bien lustrées accolées, toutes gravées et dénommées de choses de la Vie.
Nous arrivons au village de Simorre par le terrain de jeux et nous traversons ensuite un parcours récemment installé d’initiation au biotope de la Gimone, dont la faune et la flore sont abondamment décrites sur des panneaux bien illustrés. L’église fortifiée du XIIème siècle que nous avons aperçue en approche dans toute la partie terminale de la randonnée domine l’ancienne Sauveté du Gers.
Nous nous promenons dans les ruelles aux maisons à colombages (dont la rue dîte « longue » qui est magnifique) avant de visiter cette église abbatiale, joyau de l’architecture toulousaine en briques restaurée entre 1844 et 1858 par un certain Viollet-Le-Duc à ses débuts d’architecte du Patrimoine.
L’Intérieur est dépouillé, en forme de croix latine, avec de belles croisées d’ogives en pierre posées sur de larges piliers de briques. Les 38 stalles récemment restaurées, dans le Chœur, offrent leurs formes humaines parfois décapitées (la Révolution ?). Un bar culturel (sic) nous offre le lieu du pot sur la place du village dehors entre un tilleul curieusement encore orné de ses fruits et la Mairie, le patron visiblement allochtone est très sympathique et patient s’agissant de nos commandes de boissons. Il organise des soirées culturelles en son bistrot dénommé BAO, le Boucle à Oreilles. Il nous abreuve et nous fait découvrir une théière astucieusement munie d’un filtre à ressort (Seigneur Courtinat-Martin, prie pour nous pauvres pêcheurs) et des sabliers dont nous testons les durées avec succès sous la houlette de Chico et Cricri, rien ne vaut l’expérimentation pratique !
Nous partons de Simorre pour Meilhan en laissant une voiture et ses pèlerins pressés et confessés repartir en Comminges. En effet après l’Art « environnementé » en marche (l’Art râre, selon le vénérable Jean-Pierre) et le patrimoine, nous avons maintenant au programme la Mémoire humaine et le recueillement au mémorial du Maquis de Meilhan au lieu-dit de la ferme de Priou. Le 7 juillet 1944, 95 combattants, des hommes d’âges divers, entre de 18 et 70 ans et appartenant à la troupe du maquis du Docteur Raynaud y furent encerclés par le 116ème Bataillon de Grenadiers de la Wehrmacht. 68 d’entre eux furent blessés-achevés ou tués, y figurent trois israélites en fuite et clandestins comme la majorité des membres de ce maquis (beaucoup de réfractaires au STO). Quatre autres furent faits prisonniers, emmenés et torturés puis exécutés à Lannemezan où stationnait le régiment ennemi. Quatre agriculteurs de fermes voisines furent pris en otages et fusillés pour l’exemple, concluant le sinistre décompte des victimes à 76. Certains de ces résistants furent non identifiés, 19 seulement échappèrent au terrible massacre (une opposition inégale entre un bataillon de cent allemands aguerris bénéficiant de l’effet de surprise face à une centaine de maquisards d’un groupe tout juste constitué et novice, au petit matin du 7 juillet 1944). Un monument est érigé au bas de la Ferme de Priou donnant à ce lieu un style émouvant au réalisme historique, un peu soviétique. Le site est poignant, avec sur place, la carcasse du camion chargé de munitions qui avait explosé tuant d’ailleurs nombre de maquisards, les vestiges de la ferme et le cimetière aux croix et stèles blanches des tombes alignées.
Nous regagnons Saint-Gaudens vers 17h.
Jean-Jacques par délégation de Monique pour les mardis de L’ACCUEIL, Groupe 1. Crédits photographiques d’ Alain, Christiane, Laurence, Monique et Philippe. Parcours de la randonnée.