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CANEJAN
Mardi 14 juin 2022
De CANEJAN 900m à
SANT JOAN DE TORAN 1020m.
Dénivelé +390m / 7 km.
En route pour Canejan, un village espagnol perché à 900m peu après la frontière. Un aller simple au menu de ce mardi car des orages devraient éclater l'après midi : pique-nique donc prévu à Sant Joan de Toran au terme de randonnée et une voiture à l'arrivée. En fait le ciel se voilera simplement...
Balisage rouge et blanc pour ce modeste tronçon du GR 211, le tour du Val d'Aran que suit en grande partie le Setau Sageth, une boucle de randonnée circulaire en cinq étapes : départ de Vielha, cols de Guerri (2 320 m), de Rius (2 340 m) et de Vielha (2442m). Au-delà de l’aspect sportif, 103km/9480m de dénivelé cumulé dont 5800 positifs, le Setau Sageth revêt aussi un intérêt culturel et patrimonial car il relie les beaux villages du Val d'Aran par les cols, chemins et sentiers d'autrefois.
Grand ciel bleu au départ de Canejan à 9h30. Un court ripaillon et une douce charretière matelassée d'herbe s'en va à flanc de montagne au dessus du val de Toran, quasiment à plat jusqu’à Porcingles, 3,1km plus loin et 50m plus haut à peine. De nombreuses granges en ruines et des murs de soutènement témoignent d’une importante présence humaine autrefois... Le minerai de plomb et de zinc extrait aux mines de Liat à 2400 mètres d’altitude était descendu par un câble aérien de 14km jusqu'à Pontaut, à l'entrée du Val de Toran, où il était lavé puis acheminé vers la France par un tramway. Après 50 ans d'activité, l'exploitation cessa véritablement en 1929 par manque de rentabilité plutôt que par épuisement du site, malgré une tentative de reprise en 1941. A Pontaut, en bas de Canejan, on voit encore un gros bâtiment en ruines, l'ancien lavoir du minerai et en altitude autour des étangs de Liat, les anciennes galeries sont encore béantes, pylônes et cables parsèment la montagne, tout un amas de ferrailles rouillées, les restes de ce qui fut pour les habitants de la vallée « la préciosa pepita »...
Nous voilà donc à 10h30 au hameau de Porcingles, 950m, un lavoir et une maison coquette et fleurie. Petite pause avant d'attaquer le dénivelé du jour : elle est plutôt pentue, la sente boisée bordée encore de granges en ruines ici et là, qui grimpe 250m plus haut jusqu'à un passage en replat, qui offre de beaux points de vue sur la crête frontière, le Montlude et le tuc d'Ermer ! Et la voilà qui plonge soudain, franchit un ruisseau sur une belle passerelle et dévale sur le village de Sant Joan de Toran, 1020m. Nous sommes donc montés pour redescendre donc... Il y avait sans doute là autrefois des prairies d'estives et de nombreuses granges pour les troupeaux : avec la disparition des paysans, les bois ont prospéré il y a une cinquantaine d'années. Ils nous ont bien protégés aujourd'hui de la chaleur...
Il est 12h30 : Pas âme qui vive (excepté un chat) à Sant Joan de Toran, un petit bijou en balcon sur la vallée, un hameau d'une dizaine de granges restaurées avec goût, une rue dallée, une placette, un bar-restaurant aux grillades succulentes qnand la patronne est là, une petite église romane dédiée à Notre Dame de Consolation, avec balcon de bois et surtout d'insolites ex-voto, d'innombrables mouchoirs suspendus au mur... Une fois consolé par la prière ou exaucé, sans doute n'en a-t-on plus besoin...
Et insolite aussi, un très vieux panneau de bois incrusté de petites pierres tranchantes, accroché au mur sous l'auvent de l'une de ces granges... Cet outil d'autrefois, c'est l'ancêtre des moissonneuses-batteuses, une herse à battre le grain, appelée aussi picaïre/ planche à dépiquer, le tribulum romain. Hérissé d'éclats de roches sur une face, du silex par exemple, il était tiré par une ou deux bêtes de trait, alourdi par des cailloux ou par le poids d'un homme, et on le passait sur les gerbes de céréales étendues sur une aire pavée. Un bel objet exposé là, sur la rue, à portée d'éventuels amateurs d'antiquités...
L'auberge est fermée. Pas d'orage en vue... Pique-nique et farnienté donc à l'ombre de l'église au dessus du val de Toran, les sommets du Luchonnais sur l'horizon. Descente ensuite à 13h40 jusqu'à la route au fond du vallon, au bout de laquelle le refuge Dera Honeria, refait à neuf, va bientôt ouvrir. Il ne reste plus qu'à aller récupérer les voitures et rallier Lès pour y boire un pot !
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.
Date de dernière mise à jour : 18/06/2022