CIRQUE DE LA PLAGNE

 

14 orchis male orchis mascula​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​Mardi 17 mai 202251​​​​​​​

​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​L​​​​​​​es cascades du cirque​​​​​​​​​​​​​​ de la Plagne en vallée du Biros, 1350m​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​

24 pavot orange​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​Dénivelé +440m. A/R 9km5 grassette des alpes 1​​​​​​​​​​​​​​

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​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​Fin fond de la petite vallée du Biros, où le Lez, un affluent du Salat, prend sa source sur les pentes du Maubermé, 2880m. ​​​​​​​Torrent et cascades donc au menu de ce mardi promis à une chaleur estivale...

​​​​​​​9h55 : départ pour le cirque de la Plagne au Bocard d'Eylie, 920m, l'ancien site de lavage du minerai descendu de la haute montagne avoisinante. Bâtiments en ruines, pylônes et ferraille rouillés té​​​​​​​moignent d'une ancienne activité minière de grande ampleur dont on parlera à la fin...

La petite route finit ici et une piste forestière s’en va dans une gorge étroite et boisée où le Lez se rue et cabriole en gerbes d'écume. La montée est douce et l'ombre  raf​​​​​​​raîchissante, émaillée ici et là d​​​​​​​e cascades latérales au meilleur de leur forme printanière ! Un paradis pour les grassettes accrochées aux parois rocheuses où l'eau suinte : ces jolies petites fleurs​​​​​​​ d'un violet vif sont en fait celles d'une plant​​​​​​​e carnivore qui piège ses proies grâce à ses feuilles collantes pour s'approprier leurs substances nutritives...

Après u​​​​​​​ne quarantaine de minutes, on arrive au grand replat de l’entrée du cirque. Le chemin désormais file quasiment à plat le long du Lez qui joue doucement sur les cailloux ; dans un décor plus vaste apparaissent ​​​​​​​déjà les hauts sommets frontaliers qui barrent le fond du cirque de la Plagne : Serre-Haute (2.713m), Maubermé (2.880m) et Tartereau (2.639m). Derrière eux, en Espagne, Montgarri et les lacs Baciver ...

​​​​​​​Quand la piste soudain fait un virage à droite et se met à grimper pour monter aux mines du Bentaillou à 1900m, attention ! On la quitte et on continue tout droit dans la prairie, 2 ou 3 minute​​​​​​​s à peine, pour se retrouver nez à nez avec un torrent, pas très large certes mais bouillonnant. On cherche un passage, mais pas moyen de le traverser autrement que sur une passerelle douteuse, une poutre malmenée et rongée par les eaux au fil des ans... Un peu d'appréhension à l'idée de se retrouver les fesses dans l'eau ? Merci à Alain, Paul et Gérard qui maintiennent une corde bien tendue d'une rive à l'autre afin de donner un point d'appui rassurant à ceux qui le s​​​​​​​ouhaitent ! Allez, on y va et souvenez-vous en posant un pied inquiet sur cette fichue poutre, de la marquise du Deffand, une femme de Lettres du XVIII°s : "Il n'y a que le premier pas qui coûte", aurait-elle répliqué​​​​​​​ à un cardinal au sujet du martyr de Saint-Denis qui, décapité, aurait porté sa tête entre les mains jusqu'à l'emplacement de la future abbaye de Saint-Denis... Et elle a raison, la marquise, puisqu'au retour on ne tendra même pas la corde !

A peine une centaine de mètres dans l'herbe tendre et voilà un autre torrent, moins exubérant celui-là, qui se laisse passer à gué sans trop de difficultés. A gauche du cirque, la cascade du Tarteteau entaille la montagne de son sillon blanc, facilement accessible dans les pelouses émaillées de noisetiers. Pique-nique ombragé à ses pieds, 1​​​​​​​320m, vers 12h30.

Allons voir au retour la petite cabane de la Plagne, 1210m, dominée par la cascade de la Cigalère toute proche et arrivée au parking à 15h. Pot au Relais Montagnard de Bonac, un café restaurant associatif qui s'affiche "en lutte pour sa survie" dans un long litige avec la mairie...

Quelques​​​​​​​ mots pour finir sur​​​​​​​ le formidable passé minier de cette vallée étroite cernée de hauts sommets : ces petits villages aujourd'hui dépeuplés et endormis ont connu une activité intense pendant un siècle, de 1850 à 1950. « Dieu, quand il est venu ici, il faisait nuit, alors, il a taillé le pays à coup de hache. Mais en repartant, il a été pris de remords et a jeté par-dessus son épaule une poignée de minerai », disent les Biroussans. Au dessus du cirque, on extrait du zinc et du plomb argentifère sur les sites de Bulard /2700m et du Bentaillou /1900m ! Deux concessions espagnoles proches sont aussi exploitées par les Français : du Fourcail on ramène le minerai par le Port d’Orle / 2318m et de Montoulieu par le Port d’Urets / 2512m. Concassage et tri au cirque de la Plagne, au Bocard d’Eylie ou à Orle. Au plus fort de l'exploitation, en 1904, Bentaillou a employé 400 ouvriers, le Bulard 3000 !

Ouverture de la mine  du Bentaillou en 1853, fermeture en 1955. Minerai concassé, trié et traité à l’usine du Bocard d'Eylie, un bocard étant une machine hydraulique à pilonner le minerai. Travail très dur et dangereux pour ces paysans devenus mineurs en haute montagne, explosions, maladies des poumons, froid et risques de chutes notamment...

Ouverture de la mine de Bulard en 1901, fermeture en 1919. Site vertigineux appelé le Macchu Picchu en référence à la cité inca, car c’était la mine la plus haute d’Europe. Minerai exceptionnellement riche, ce qui justifiait l'exploitation malgré les difficultés extrêmes. Douze heures par jour de mai à octobre dans les six puits de cette mine de tous le​​​​​​​s dangers...

Du Bentaillou et du Bulard, les "mangeuses d'hommes" du Biros fermées pour manque de rentabilité, il ne reste aujourd'hui que des ruines et les squelettes rouillés d'installations colossales si l'on songe aux moyens techniques de l'époque. Des hommes y ont gagné durement leur vie en courant chaque jour le risque de la perdre...

Imohtep, le scribe des mardis de L'Accueil