COURTAOU DES ESCLOZES

Mardi 8 février 2022

Grillades au courtaou des Esclozes  1360m, en boucle au départ de Payolle.

Dénivelé +420m /  9 km

 

                Grand ciel bleu et douceur ce mardi à Payolle, 1080m. 10h15 quand la colonne de 33 randonneurs  s'ébranle, lestée de victuailles variées, sans oublier vin, saucisse, grills et charbon de bois. Peu de neige, mais glacée dans les passages à l'ombre pour rejoindre en une heure les ruines du Courtaou d’Artigussy, dominées par le Pic du Midi  qui surgit soudain, étincelant de blancheur sur le bleu du ciel …

                Au XIX° siècle, une bonne trentaine de vachers  vivait tout l’été dans les  courtaous d’Artigussy et des Esclozes tout proche, un véritable village saisonnier dont l’activité cessa dans l’après-guerre.  A ces cabanes de  pierres sèches, entourées d’un enclos où les bêtes passaient la nuit, était souvent associée une série de leytés, des niches de pierres traversées par un petit ruisseau, où l’on plaçait les gros bidons de lait que l’eau fraîche conservait quelques jours avant le transport au village pour la fabrication du beurre. C'était  l’une des trois richesses de la vallée avec la laine et le bois, représentés sur  le monument aux morts pacifiste de Campan  aux pieds d’une pleureuse ensevelie sous la grande cape de deuil traditionnelle. Il reste une petite dizaine  leytés à Artigussy, au bord de la Gaoube, le torrent qui chante en déroulant sur les cailloux un ruban d’eau limpide.

       Partout, innombrables, d’énormes houx bien verts,  mais hélas, pas une boule cette année  (un seul en est couronné près du refuge des Esclozes), une gelée tardive en avril dernier ayant grillé  leurs minuscules fleurs blanches...Pailletés à foison de  rouge vif entre neige et ciel bleu si bien que la montagne "en rougit " véritablement, c'est un spectacle inoubliable...

                Une demi-heure de marche tranquille ensuite en rive droite de la Gaoube, qui file rejoindre l’Adour du Tourmalet pour former plus loin l’Adour, lequel filera vers l’Atlantique. C'est un pur bonheur, le soleil ayant amolli la neige...  Il ne reste plus alors qu'à passer le pont pour emprunter la piste herbeuse qui monte au refuge et gagner le courtaou des Esclozes tout proche en un quart d'heure, 1360m. Il est midi, l'heure idéale du pique-nique ! Apéritif, amuse-bouches, saucisse grillée, dessert, Crémant d'Alsace et chants pyrénéens  face aux montagnes enneigées, le tout dans la douceur printanière et la joie d'être ensemble.

                Un  courtaou  rénové abrite nos agapes, cour herbeuse, tables et vaste préau au toit végétalisé en partie nord,  cabane et petit ruisseau, l'ensemble étant réuni dans un enclos de pierres.  C'est l'association Pierre des Esclozes de Campan, créée en 2012 avec le concours de la mairie propriétaire du site qui a restauré  à l’identique un ancien courtaou abandonné et sa rigole d’amenée d’eau. Chaque année, en début et fin d'été, les bénévoles participent à  un  chantier pour l'entretien des lieux. Un panneau rappelle le souvenir de Georges Buisan, natif de Montréjeau et passionné de montagne, qui restaura  de 1977 jusqu’à sa mort en  2010 le courtaou de la Lit en vallée de Lesponne.

                Retour en boucle à 14h15, d'abord par la crête du Cap de Camiet   ( où un randonneur grisonnant lui aussi  et plein d'humour, salue notre troupe 0RPEA en goguette...), Plo del Naou, col d'Aspin et Signal de Bassia en point de mire avant de descendre dans une très  belle hêtraie pour rejoindre Payolle. Parking à 16h15 et cap sur Saint-Gaudens après une superbe randonnée-grillades. "On pourrait en faire une tous les trimestres", a suggéré la troupe !

                Pas de mounaques l’hiver dans les rues de Campan ! Dommage… C’est une tradition  de la vallée, ces grandes poupées de chiffon exhibées autrefois lors de certains mariages jugés mal assortis :  un veuf épousant une jeune fille, un autre se remariant trop vite après le décès du conjoint,  une fille-mère trouvant un époux, un jeune d’ailleurs « s’en venant gendre » à Campan en épousant une  fille convoitée par les jeunes du village, surtout une héritière… Le couple, représenté sous forme de deux poupées, les Mounaques (de l'occitan mouneco / poupée) était bruyamment chahuté par la jeunesse du village, cloches de vaches au cou. Ce tintamarre, un boucan à donner la migraine,  c’était le charivari, du grec karêbarein/ avoir la  tête lourde. Et il durait jusqu’à ce que le couple ouvre les cordons de la bourse et donne aux jeunes de quoi faire la fête ! Il  fallait donc s’exécuter et le plus vite était le mieux…

IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.

Date de dernière mise à jour : 10/02/2022