MT ASPET - DOULY et CIMETIERE ANGLO-CANADIEN

Mardi 27 décembre 2022

Pic de Douly et cimetière anglo-canadien du Clos du Douly en boucle, 1630m.

 Pic de Mont Aspet, 1849m, en option

Dénivelé ad libitum + 610m /- 740 ou +400 /- 560

                        Un grand ciel bleu à 9h 10 dès le parking de L’Artigous, 1360m, peu avant la station de ski de Nistos-Cap Nestès.  Pas de neige bien sûr, vu la douceur de ce mois de décembre... Deux groupes à peu près égaux se forment : ceux qui ont choisi l'option pic de Mont Aspet en aller-retour sont partis d'un pas plus rapide et retrouveront les copains au pic de Douly pour partager le pique-nique et le retour.

                 Passé un petit bout de pré, une charretière monte assez rudement plein sud dans la sapinière d'Artigous avant de dévider trois ou quatre lacets pour adoucir un peu la montée !

               1530m : la voilà qui devient sente en sortant de la forêt une petite demi-heure après (ou une bonne demi-heure...), sur des pelouses qui vont monter et descendre doucement. Soleil en pleine face tout d'un coup : si le Douly pointe bien son pic pointu à gauche, le Mont Aspet est invisible tant l'on est ébloui par le mur de cette lumière violente, si dangereuse lorsqu'on est au volant. Il faut même regarder ses pieds parfois pour voir où on les pose sur cette croupe qui mamelonne ! Ces courbes douces ont-elles évoqué pour les bergers d’autrefois la cambrure d’une croupe féminine ?  Métaphore ou pas, la carte vous dit que vous caressez ici Le Cul de la Serre… Et l’on s’y déshabille aussitôt car une agréable douceur envahit les corps !        Une demi-heure encore en suivant ces ondulations et nous voilà vers 10h30 au col des deux cabanes de la Prade, 1629m, au pied de l’arête du Pic de Mont Aspet, 1849m, bien nette maintenant, une pelouse pentue mais sans danger aucun, ourlée d'une fine dentelle de neige. Tiens, la première colonne s'approche déjà du sommet... Pause pour nous, car rien ne presse et la vue est belle : d'un côté le Douly, de l'autre le Pic du Midi bien enneigé et Nistos-Cap Nestès à peine saupoudré de neige, hélas pour la station...             

               Voilà les autres qui redescendent du Mont-Aspet (un aller retour d'une bonne heure environ), il est presque 11h, on peut repartir vers le Douly, ils vont nous rattraper et nous finirons ensemble !  Montée et redescente du pic de Belloc, une simple croupe, et nous voilà au pied du Douly pour l'ultime montée de la journée, courte mais raide !            

               11h50 au cairn du Douly, 1630m. Pas un souffle de vent et toujours un grand ciel bleu sur ce belvédère somptueux : le regard y parcourt la plaine à l’infini, et la dentelle des pics enneigés, Couserans, Comminges et Hautes-Pyrénées réunis...

               Descente du Douly à 12h,50 au plus près de la lisière de la forêt versant nord : un peu malaisées, ces quelques petites minutes dans les bruyères, je sais, mais ainsi on ne ratera pas la sente qui s'enfonce dans le bois... Petite clairière à 10mn et plongée dans la forêt, sente bien cairnée, pentue, tapis de feuilles mortes mais sol sec.

               13h45 au cimetière anglo-canadien, 1410m. Pause souvenir dans cette clairière chargée de mémoire, propriété territoriale du Commonwealth. D'ou il ne reste plus qu'à redescendre dans une belle hêtraie jusqu'au replat herbeux de l'Artigue pour récupérer une piste et regagner la route, 1220m, 2 bons km plus bas que le départ. Il est 15h10, la boucle est bouclée ! Nous y avons laissé une voiture ce matin ; petit aller-retour pour les chauffeurs et en route pour le pot au sympathique café des sports de Mazères de Neste.

                              Et un peu d'Histoire pour terminer, bien sûr !

                              Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1944, un bombardier Halifax parti de Blida en Algérie pour larguer armes, munitions et argent au maquis de Nistos-Esparros, s'écrasa ici dans le brouillard. L'appareil carbonisé fut découvert trois jours après par un jeune berger de Nistos qui courut avertir l'instituteur : les maquisards récupérèrent les containers qui n'avaient pas brûlé et enterrèrent les 7 jeunes aviateurs clandestinement près de l’épave. Le secret fut gardé jusqu’à la Libération. Maudit brouillard ! Cent mètres plus haut, et l’avion passait la crête… « J’ai un rendez-vous avec la mort, sur quelque pente meurtrie d’un col écorché…» avait écrit le jeune poète américain Alan Seeger, engagé dans la Légion Etrangère en 1914 et mort au combat en 1916 à 28 ans…

               Dans la petite clairière du Clos du Douly, une petite croix isolée marque le point d’impact du Halifax et quelques débris de l'avion sont toujours là. Dès la fin de la guerre, on regroupa les corps et on les entoura d'une clôture de branchages. En 1994, des bénévoles ont aidé un professeur du lycée de Gourdan-Polignan et ses élèves, à bâtir le cimetière actuel : un muret de pierre entoure une stèle et les 7 nouvelles tombes, à côté des débris du bombardier, quelques-uns seulement car l’énorme carcasse carbonisée a été pillée au fil des ans par des ferrailleurs, le moteur ayant été descendu et exposé au musée de Luchon.

               .  Au fil des ans, des cérémonies officielles ont réuni ici les familles de ces jeunes aviateurs, des délégations anglaise, canadienne, australienne et française, et les habitants de la vallée.

               Le 12 juillet 2014, 70° anniversaire du crash, quelques randonneurs de l'Accueil ont vécu ici un beau moment d'émotion rythmé par les cornemuses écossaises dans la bruine et le même brouillard qu'en 1944, auprès de détachements militaires du Commonwealth, ambassadeurs, ministres, anciens combattants et familles des aviateurs disparus...

Imohtep, le scribe des mardis de L'Accueil

Date de dernière mise à jour : 14/01/2023