SIGNAL DE BASSIA
Mardi 26 septembre 2023
Le Signal de Bassia de Hèches, 1921m, par le col de Beyrède
Dénivelé +600m bien sentis !
Encore une très belle journée estivale qui s'annonce à 9h45 au parking au col de Beyrède, 1417m, près de Sarrancolin. en vallée d'Aure. Placé en avant de la chaîne, le Signal de Bassia offre de ce fait un point de vue particulièrement large, à la fois sur les Pyrénées et la plaine... 500 m de dénivelé sur moins de 3km, il suffit de regarder la carte pour avoir une idée de la pente ! Ҁa va monter sec, et la troupe ne s'en doute pas encore sur la large sente herbeuse qui chemine quelques minutes dans les prairies du large col de Beyrède...
Elle se glisse très vite dans un bois de sapins clairsemés et se redresse brusquement : et que pujo tant et plus ! Au sortir de la forêt, c'est une sente de terre et cailloux qui s’élance alors dans l’herbe rase vers un éperon rocheux. « Veiram pas jamei la fin/ nous n'en verrons jamais la fin ", chante Nadau dans l'Immortelo… Un col sans nom sur la crête enfin, coté 1820m ! Il est 11h.
Certains s'arrêtent là, d'autres suivent la crête à gauche jusqu'à un tuquet et redescendent au col, il est 11h35, avant d'attaquer la croupe finale à droite (et que pujo encaro sur l'herbe rase le long de l’arête !) jusqu'au cairn et au relais TV du Signal de Bassia, 1921m, où les attend une nuée d'insectes volants...
Panorama superbe à 360° ! Au nord, l’étendue immense de la plaine (et parfois les panaches de fumée de la centrale nucléaire de Golfech sur l'horizon), Pau, Tarbes, le château de Mauvezin, Lannemezan, Montréjeau, Saint-Gaudens ; à nos pieds, dans les crêtes douces et boisées, la cabane de l'Oueil Lusent et le sentier du Pacte des loups ; à l’est, Mont Valier, Maubermé, Mont-Né, Tourroc, la falaise blanche de Pène Haute / Nez de Napoléon, Pic du Gar, Cagire ; au sud, Payolle, Plo del Naou, Hourquette d’Ancizan et Arbizon ; à l’ouest, Casque du Lhéris, Tourmalet, Pic du Midi, Pic de Bastan, Néouvielle... Et tant d'autres, eux mêmes découpés sur l’infini des plus hauts sommets pyrénéens…
Retour au col et pique-nique vers 12 h 30. Descente par le même sentier à 13 h 15, parking vers 14 h 30 et en avant pour le pot à Sarrancolin.
A Sarrancolin-Beyrède se situe la prise d'eau du canal de la Neste, qui a permis dès les années 1860 d'alimenter les maigres rivières de Gascogne qui prennent naissance sur le plateau de Lannemezan. En 1897 fut mis en service un chemin de fer (fermé en 1969 au profit du transport routier), la ligne Lannemezan-Sarrancolin-Arreau-Cadéac, grâce aux équipements hydroélectriques qui permettent aussi l'installation d'unités industrielles. Ainsi au début du XX°s pour la fabrication d'abrasifs, qui se poursuit actuellement à Beyrède.
La tradition industrielle est ancienne, liée à l'extraction du marbre au XVII°s, un marbre aux couleurs flamboyantes, crème, jaune, rose, gris et vert, enrichi de veines rouges et blanches. Les gisements de Beyrède, Ilhet et Sarrancolin, déjà exploités par les Romains, furent utilisés par Mansart et le duc d'Antin pour la décoration du Petit Trianon du château de Versailles, pour les châteaux de la Loire, l'Opéra Garnier à Paris, des hôtels particuliers, et plus récemment dans les années 1930, pour l'entrée de l'Empire State Building à New York par exemple... Ce marbre est exploité aujourd'hui par Les Carrières Plo.
Ce fut ensuite l''implantation de verreries, de fabriques de chapelets avec le buis des vallées voisines et de nombreux métiers liés à l'eau, moulins, scieries, filatures....
A Beyrède, est implanté aujourd'hui le groupe français Imerys, leader mondial des produits abrasifs et réfractaires (14000 employés dans 40 pays). On y produit de l'alumine zircone, et notamment le corindon brun, deuxième minéral le plus dur après le diamant. L''eau de la Neste assure l'alimentation électrique indispensable au fonctionnement des fours à 2000°. Imerys a par ailleurs racheté en 2011 (créant ainsi une nouvelle filière, Imerys talc,, leader mondial aussi), la carrière de talc de Luzenac en Ariège, l'une des plus importantes au monde. C'est cette fois la roche la plus tendre de la planète, qui intervient dans des procédés industriels variés. Imerys vient d'annoncer en octobre 2022 son projet d'extraire d’ici 2027 du lithium, essentiel notamment à la fabrication des batteries de véhicules électriques, sur le site de sa carrière de kaolin de Beauvoir, dans l’Allier. 34000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an à partir de 2028 pour une durée d’au moins 25 ans, soit l'équivalent de 700.000 batteries lithium-ion par an, ce qui placerait directement la France à la 2°place des producteurs mondiaux derrière l’Australie et devant le Chili (40.000 et 18.000 tonnes en 2020) d’après l’Institut Géologique des Etats-Unis... Extraction hélas très énergivore en eau et électricité... Cruel dilemme pour l'Ecologie !
Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL
