TUC HAURADES ET CAP DES TECHES
Mardi 28 mars 2023
Tuc de Haurades 1554m et Cap des Tèches 1579m
par le col de Portet d'Aspet Dénivelé +500 ou 580 m
ou
Tuc de Haurades par le parking de la Fontaine de
l'ours à Herran-Labaderque Dénivelé +380
Départ à 10h, du col du Portet d'Aspet 1070m pour les uns, du parking de la Fontaine de L’Ours 1192m, au dessus de Herran-Labaderque pour les autres. Rendez vous vers 12h -12h 30 au Tuc de Haurades, un beau belvédère sur la crête du Cournudère pour y partager le pique-nique, les uns montant par le flanc nord, les autres par le flanc sud, tous deux ensoleillés.
Pour la version col de Portet, assez pentue, une grimpette d'entrée entre les buis, puis une haute hêtraie qui lance vers le bleu du ciel les troncs clairs de ses arbres encore dénudés ; à la sortie du bois, une pelouse vous hisse ensuite vers le col de Passagers. Tirez un peu à droite avant ce col vers un petit replat estampillé col de Saraoute par un panneau, 1500m. Vous voilà donc deux petites heures après le départ perchés sur la crête où la vue porte loin : plaine au nord, vaste enfilade de sommets au sud : à gauche, le Tuc de Haurades tout proche et plus loin le pic de Paloumère ; à droite le Cap des Tèches qui file vers le Sommet de Cournudère.
Les uns s'en vont en aller-retour monter la pelouse qui mène au Cap des Tèches 1579m, les autres en ont assez pour aujourd'hui et préfèrent aller directement les attendre pour le pique-nique au Tuc de Haurades 1554m, après une ultime grimpette, courte mais raide !
Pour la version Arbas-Fontaine de l'Ours, montée douce en forêt, prairie à l'entrée des Estives de Paloumère et au bout, la cabane de Roque Pi, 1394m. Une belle cabane double, ouverte pour moitié aux randonneurs, l’autre étant réservée au berger qui passe l’été ici avec ses bêtes et des patous qui vous repèrent de loin ! Inquiétants quand ils déboulent sur les randonneurs à deux ou trois…« Je suis un Montagne Pyrénées, un patou. Mon rôle est de repousser toute présence étrangère aux bêtes que je protège. » lit-on sur les panneaux de mise en garde au parking... Ici, sur la sente de Paloumère, une paire de patous nous ont un jour contraints à faire demi-tour car il était impossible de les contourner... Un randonneur averti en vaut deux !
La crête dite de Cournudère (du nom du pic situé à l'extrême est de cette crête) barre l'horizon au sud, 100m plus haut : droit devant donc dans l’herbe rase, jusqu'au large col herbeux "de Saraoute", où jaillissent soudain les sommets ariégeois enneigés qui s’étirent d’est en ouest. Superbe et inattendu, ce vaste panorama !
Il ne reste plus qu'à monter au Haurades où les copains venus du Portet d'Aspet arrivent à peu près en même temps. Parés pour regarder les quelques silhouettes descendre du cap des Tèches et venir nous rejoindre !
Le timing était bon : jonction dans les temps prévus, 12h 30 pour le pique-nique sur un belvédère magnifique, face aux sommets du Couserans et du Comminges, où pointe même le Pic du Midi. Retour à 13h30, chacun vers son parking et pot commun au sympathique café d'Aspet, Le Cagire, en terrasse car le soleil brille toujours !
Et un peu d'Histoire pour finir !
A Herran-Labaderque s'est replié en juillet 1944 le maquis de Campels, créé par de jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) sur les hauteurs entre Arbon et Cazaunous dans le col des Ares en 1943. Attaque des Allemands, deux fermes brûlées, mais les maquisards ont le temps de fuir. Le 11 août, nouvelle attaque à Herran : plus d'un millier d'Allemands face à une centaine de maquisards... On se bat toute la journée, les résistants comptent quatre morts, les Allemands peut-être une soixantaine. Ils se déchaînent alors contre le village, incendient et pillent Herran, Labaderque et Arbas mais les villageois se sont heureusement cachés dans la montagne… Les 28 habitants massacrés à Marsoulas par la division SS Das Reich n’ont pas eu cette chance….
Au col de Portet une stèle honore le souvenir des Passeurs et le col des Passagers fut ainsi nommé en souvenir de ceux qui l’ont franchi autrefois pour fuir la botte nazie, dans l’angoisse et la peur : des passeurs les ont guidés vers l’Espagne sur les Chemins de la Liberté. A Toulouse, le réseau "Françoise" dirigé par Marie-Louise Dissard, qui avait un magasin de "frivolités féminines », prenait en charge les fuyards (surtout résistants et aviateurs alliés abattus, plus de 700 personnes) et les acheminait par différents points de passage jusqu'à la frontière. En train ou bus par exemple jusqu'à Mane, à pied ensuite, via Arbas et le col de Portet d'Aspet jusqu'au village espagnol de Canejan, une marche harassante sous la menace des patrouilles allemandes, étalée sur 3 jours et 2 nuits en moyenne.
Le 26 janvier 1944 au dessus de Canejan, le passeur couserannais Palo Treillet, agent du réseau "Françoise", finissait avec son collègue Henri Marrot de convoyer aux portes de la liberté un groupe de six militaires alliés. Dans la neige à mi-genoux, il cria en anglais aux évadés exténués qui n'en crurent pas leurs oreilles : "C'est la frontière !". Et cinquante ans après, en juin 1994, il reçut un appel de Rudy Zeeman, l'un des Evadés, un hollandais domicilié en Tasmanie, une île proche de l'Australie, qui était venu en Europe pour revoir le chemin de son évasion. Il l'appelait depuis Saint-Girons, où il avait pris pension avec son épouse, le temps des recherches ! C'est dire l'émotion des retrouvailles...
Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.
