PORT DE BARROUDE

Mardi 23 juillet 2024 : Port de Barroude (ou Puerto de Barrosa,2534m), en randonnée
aller-retour en partant du petit parking (aux panneaux indicateurs de « Valle de Barrosa »)

Ce parking « amateur » est situé en contrebas du tunnel de Bielsa
(1380m), à trois kilomètres à droite après le pont qui franchit le « Rio de Barrosa ».

Avant-propos :

Cette randonnée peut apparaître rude statistiquement (1200 m et 19 km) mais elle reste très faisable avec des pentes peu marquées sur des sentiers souvent herbeux en lacets réguliers notamment dans la seconde partie la plus pentée.

En dépit de l’appel courriel mobilisateur d’avant-veille par le berger du jour, doublant le célèbre et téléphonique « Bonjour à tous, demain mardi 23 juillet… », cette seconde quinzaine du mois de juillet 2024 exceptionnelle à bien des égards pour nous gaulois, tant du point de vue sociétal (Jeux Olympiques !) que politique (« chambre introuvable » ! ) restera singulièrement pour Saint-Gaudens Accueil une vraie période d’étiage.

En effet seulement 6 participants se sont pressés au rendez-vous fixé bien tôt certes, à 6h15, avec 2 voitures quittant le point de rassemblement de Pegot, pour récupérer Véro à Montrejeau et pour constituer cette petite équipe de sept mercenaires de Barrosa menés par le berger du jour, Yves !

Nous sommes bien quatre femmes et trois hommes prêts à affronter le Port de Barrosa !

Il faut dire que :
1 - nous partons vers des terres frontalières de mission espagnoles en l’occurrence… Trajet en automobile longuet alors que le soleil comble lentement ce matin estival mais frais…

2- la température est annoncée chaude pour cette randonnée classique de SGA, dont la dernière édition buta en octobre 2022 devant le débit trop important du torrent de Barrosa rendant ce dernier infranchissable, la randonnée capotant dans le vallon au passage de la cabane rénovée.

La vision de l’abbé Francis Casteran haranguant ses troupes en poncho gris est bien restée dans les mémoires du renoncement !

Il y a là pour notre berger et pour certaines de ses ouailles un air de revanche estivale sur la force automnale du torrent, il y a déjà deux années !

Deux cirques glaciaires sont au programme visuel de la journée, celui de Barrosa et celui de la Muraille de Barroude faite le 21 juillet 2018 par le Groupe 1.

Départ de la randonnée à 8h07 tapantes depuis les automobiles parquées en bon ordre, car il restait encore de la place sur le petit emplacement...Dernière solide raison (à retenir pour le futur) d’un démarrage de Pégot avant aube !

L’industrie minière :

La montée est entamée sur la large piste de Barrosa où arrivaient autrefois les chemins d’accès aux mines du Pic de Liena, exploitations de plomb argentifère et de fer, quelques vestiges d’un câble de transport de minerai subsistent encore en bord de piste, (il s’agit du câble dit de l’Hôpital de Parzan).

Explication : le produit des mines Luisa du Pic de Lienas au sud de l’endroit où nous nous trouvons était d’abord descendu à Parzan par ce câble, allégé (principe du lavage du minerai par flottation) de ses scories stériles puis transporté à l’aide de mulets et par la route vers Arreau, le tunnel de Bielsa n’existant pas à l’époque sachant que le débouché économique de ces mines espagnoles était le Pays basque… espagnol…

Un second câble de conception Etcheverry (une tonne de minerai à l’heure) permit ensuite de compléter l’exploitation des mines Luisa (début du 20ième siècle, jusqu’en 1927-1928 à l’épuisement économique du gisement) en complétant et poursuivant cet acheminement direct vers la France et le Pont du Moudang beaucoup plus à l’est de notre randonnée du jour, puis vers Arreau, où le train permettait de le transporter vers le Pays-basque pour ainsi approvisionner les usines de Bilbao et consorts…

En Pyrénées le flanc nord, plus court, permet de regagner les zones de plaine plus rapidement d’où le choix stratégique et économique d’évacuer les denrées et minerais par le nord plutôt que par le sud !

La randonnée :

Nous remontons vers le vallon majestueux de Barrosa après un passage fleuri (nombreux iris violets et le fameux lys Martagon) puis composé d’une petite pinède au sein de laquelle serpente la sente assez plate. Le cirque nous fait face et nous apercevons sur la droite et au loin l’objectif du jour que constitue le Port de Barrosa ou Port de Barroude qui marque la frontière franco-espagnole que nous foulerons de nos pieds pour déjeuner! Nous traversons le torrent cette fois sans problèmes pour le plus grand bonheur de notre berger et nous parvenons au « Refugio de Barrosa », ouvert et équipé pour le couchage, réhabilité au début des années 2010 par un groupe toulousain.

Nous entamons la montée en longs lacets dont le plus important vers le nord-ouest nous permet de franchir quelques barres rocheuses en les contournant.  Nous apercevons au nord-ouest un troupeau d’isards qui se prélassent sur les névés en flancs du cirque glaciaire, ces névés sont de derniers vestiges fragiles et éphémères des petits glaciers qui ornaient le cirque de Barrosa lors du petit âge glaciaire du Moyen-Age…Nous parvenons ensuite en lacets plus serrés à l’altitude 2420 m où un panneau arraché indique la direction du Puerto de Barrosa…

La montée semble ensuite interminable jusqu’au sommet cairné où, enfin à bon Port, à 12h30, nous découvrons un panorama à 360°, en bas les lacs de Barroude vert-bleus et la merveilleuse (les superlatifs se bousculent) muraille de Barroude qui les surmonte et nous fait face. Quelques commentaires géologiques sur cette zone sud-pyrénéenne « nappée » et bien différente de nos lieux habituels de pérégrination :  composée de nappes de charriage à vergence sud, sont fournis comme il se doit en annexe référencée 2.

Le déjeuner bienvenu est alors pris en s’adossant au cairn sommital face aux lacs de Barroude et donc vers notre chère nation française à la destinée incertaine… Le repas est réparateur car il est loin le petit-déjeuner du matin précoce !

Un bruit assez proche nous interpelle et nous comprenons qu’un névé s’effondre soudainement en une petite avalanche ou cascade de blocs de glace et de pierre… la Nature et la Gravité se rappellent sans cesse à nous, pauvres  humains de bonne volonté !

Il est 14h, nos agapes sont terminées et il nous faut songer au départ et à la redescente vers l’Espagne. Ce sera chose faite après avoir discuté avec quelques touristes français dont des nantais et sablais (d‘Olonne presque des pays pour le narrateur) revenant du Pic Barrossa sur notre gauche et repartant côté français. Nous convertissons ces derniers sans peine à l’art de déguster en altitude la sucette Pierrot Gourmand (et histoire d’alléger le sac ! ) mais nous échouons (le narrateur en l’occurrence) en tentant quelque humour un peu « hard » sur l’art de la nage en lac pyrénéen avec la fameuse variante vécue de la planche pour les naturistes, cf randonnée de 2019 au Lac vert d’Esponne… La discussion est très vite écourtée par le départ inopiné de ces infirmiers vendéens et de leur progéniture; de futurs médecin et dentiste… un peu rétifs à l’humour pourtant assez finement ciselé du narrateur…S’ensuit une discussion interne pertinente sur les gens qui deviennent si prudes de nos jours… O tempora, O mores ! Un couple espagnol nous permet de prendre la photo de groupe qui s’impose au sommet du Port de Barroude ou Port de Barrosa…Annexes 18 et 18 bis.

Nous redescendons petit à petit les lacets caillouteux plus secs et donc plus casse-gueule qu’à l’aller avec prudence (au moins pour le narrateur qui râle rapidement puis finit pas se calmer avec l’aide de ses camarades bienveillants), quelques petits nuages masquent très temporairement l’astre solaire, le ciel ne sera pas resté intégralement céruléen toute la journée ! Nous recomptons les isards des névés au nombre de 24 (dixit Rita, précision helvétique oblige ! ). « Elles te feront un blanc manteau… » hommage prémonitoire pour l’interprète des Neiges du Kilimandjaro disparu à l’heure de ce compte rendu…Nous regagnons sous un éclairage différent le magnifique vallon bordé d’éboulis « ruinesques » et de pins téméraires… Un arrêt au bord du torrent Barrosa permet de se tremper les pieds et pour le benjamin de l’étape de prendre un bain complet dans une de ces petites marmites de géants ou piscines naturelles que sait ménager le torrent. Yves nous indique avec bienveillance que la journée n’est pas terminée et qu’il reste au moins 4 km à faire, si bien que nous nous remettons en route sur la sente puis piste devenue bien monotone. Nous arrivons aux voitures à 17h30, le pot est pris à la station-service frontalière un peu plus bas où nous retrouvons l’époux de Véro venu la retrouver pour des aventures sud-pyrénéennes en « van ». Une bien belle randonnée, nous disons-nous, quand nous nous retrouvons tous les six à Pégot, 20h28 et plein d’étoiles dans les yeux !

Date de dernière mise à jour : 29/07/2024