AUTOUR D'ASPET
14 janvier 2025
Aspet : les Prés de Gèles et le Plan de la Croix 799m en boucle
Dénivelé +400m/10km
Grand soleil ce mardi mais danger en montagne car neige verglacée. Restons donc dans le piémont, près d'Aspet. le Plan de la croix, c'est un belvédère sur la crête d'une colline qui s'étire longuement entre Aspet et Sengouagnet. Orientée nord sud, elle est parfaite pour cette belle journée d'hiver plutôt frisquette : montée à l'est, descente à l'ouest, crête vers midi et arbres dénudés, on suit le soleil !
à 9h45 du stade d'Aspet, 440m. Montée d'une heure assez soutenue dans le bois de la Rouère, buis, châtaigniers et chênes, qui laisse ensuite place à une vaste prairie, Les Prés de Gèles, 657m, où paissent paisiblement des moutons. Quelques vieilles granges, les unes rénovées, d'autres en l'état. Autrefois, on trouvait plus simple d'amener les bêtes jusqu'aux prairies de fauche que de descendre le foin au village ; on bâtissait donc une grange pour stocker le fourrage là-haut et on le faisait tomber du grenier par une trappe, directement dans les râteliers de l'écurie située en dessous.
Longue traversée en crête ensuite, presque trois kilomètres mamelonnant en douceur, jusqu' au Plan de le croix, 799m. Ne cherchez pas de croix sur cette éminence, il s'agit seulement de la croisée de quatre sentiers ! Il est midi et quart, sacs à terre face au Cagire tout proche. Au loin la dentelle de sommets enneigés du Luchonnais qui court même jusqu'à l'Arbizon...
Retour à 13h30, retraversée de la crête, agrémentée de petites variantes ; passage aux Prés de Gèles par le flanc ouest donc au soleil, et descente en boucle sur le hameau de Girosp pour regagner le parking à 15h40, les godillots un peu boueux seulement car le sol reste durci par la gelée de la nuit, juste ce qu'il faut pour ne pas s'enfoncer...
Et en route pour le sympathique Bar Le Cagire à Aspet, où la tourne roupe doit se tasser un peu mais l'ambiance y est chaleureuse !
Sans doute ont-ils bu un coup sur cette même place, deux réfugiés célèbres qui ont été accueillis au village durant la dernière guerre, l’écrivain Roland Dorgelès et le peintre Raoul Dufy, qui durent quitter Montsaunès devenu dangereux pour eux en 1944. Le peintre s’en allait peindre dans les rues et les champs ( notamment le tableau "La fontaine d'Aspet") et l’écrivain écrivait sans doute… Dans un petit livre “Vacances forcées”, Dorgelès consacre plusieurs pages à l’hospitalité qu’il reçut du Dr Jauréguiberry, alors maire d’Aspet. « Depuis des mois, j’avais prévu que je me réfugierais à Aspet, dont le maire était devenu mon ami. Aspet avait l’avantage de dépendre de Luchon, dont la Gestapo passait pour moins féroce que celle de Saint-Girons. Aussitôt alerté par téléphone, le courageux docteur accourut et nous empilâmes tout ce que pouvait contenir son auto. Le reste trouva place dans la carriole que Dufy employait pour ses excursions… Quel soulagement, quelle détente que ces premières journées passées à Aspet ! La beauté du pays environné de montagnes, la douceur du climat, les attentions de nos hôtes, tout concourait à nous faire oublier notre mésaventure.
– Soyez tranquilles, ils ne viendront plus vous tracasser, nous répétait le docteur Jauréguiberry.
La Gestapo de Luchon ne lui faisait pas peur et il se donnait le plaisir de la rouler. Quand on lui demandait, par exemple, s'il y avait des juifs dans le canton, il ouvrait de gros yeux naïfs :
– Des juifs ? Oh ! Non. Qu'est-ce que j'en ferais ?...
Des Juifs, on en rencontrait partout, logés dans les hôtels, campés dans les fermes…. Les Boches seuls ne se doutaient de rien. Ils ne savaient pas non plus que le directeur d'école cachait un stock d'armes dans sa cave, que l'estivant en culotte blanche qui passait ses journées au tennis redevenait le soir le lieutenant-colonel Victor, chef des groupes F.F.I., et que ce bon docteur-maire aux mines innocentes soignait les garçons du maquis….
Oui, monsieur Dorgelès, la place d’Aspet est toujours aussi agréable !
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.