LAC D'ONCET + COL DE BONIDA

Mardi 6 août 2024

Le lac d’Oncet 2260m et le col de la Bonida  2315m, D+ cumulé 450m.

                                   Accès au Pic du Midi fermé à partir des ruines du col de Sencours, en raison de la restauration de la vieille Hostellerie du Laquet située à mi-chemin entre le lac d’Oncet et le sommet du Pic du Midi, au bout de la piste qui part du col du Tourmalet... Dès les années 1930, elle accueillait scientifiques, naturalistes, journalistes et visiteurs, hissés ensuite à l'observatoire par un petit téléphérique. Un futur établissement de luxe avec télécabine privé, "parfaitement intégré au paysage, pour compléter et diversifier l’offre d’hébergement du Pic", ou une hérésie réservée à de riches pollueurs ?...

                                  

                                   En avant donc pour Oncet et La Bonida ! 9h30 au parking aménagé dans le deuxième lacet peu après le sommet du Tourmalet, 1944m, côté Barèges.  Quelques lamas broutent paisiblement, une surprise pour les touristes qui découvrent les lieux !

            Le sentier bien balisé qui s'en va à l'ouest dans la prairie caillouteuse, en suivant à peu près une courbe de niveau, va monter jusqu'au col d'Aoube et redescendre ensuite au lac Vert et au Lac Bleu, au bout de la vallée de Lesponne. On le quitte donc à une bifurcation, balisée elle aussi, pour monter au nord rejoindre le ruisseau d'Oncet en prenant rapidement de l'altitude ; la pente s'adoucit ensuite et, instant magique, le Pic du Midi surgit brusquement sur le bleu du ciel !  Bifurcation balisée à gauche pour le col de la Bonida, mais on s'offre un aller-retour jusqu'à la rive du lac d'Oncet, 2260m.  Il est à peine 11h10, rien ne presse, ciel grand bleu !  Niché au pied de la masse rocheuse du Pic du Midi, c'est un beau lac circulaire naturel de 7 hectares et 16 m de profondeur, qui varie du gris acier au bleu saphir selon la lumière...

.           Retour à la bifurcation et montée à droite vers le col de la Bonida, 2315m. Quelques lacets au bout et voilà le col, un large replat plutôt, un belvédère superbe pour le pique-nique à midi ! Pic du Midi, Tourmalet, Barèges et Luz Saint-Sauveur, le massif du Néouvielle, et un écrin dentelé de sommets sur l’horizon lointain… 

            Pas de retour en boucle aujourd'hui par la sente des lacs Vert et Bleu au cas où monterait la mer de nuages qui s'étire sur Barèges (elle ne montera pas...). En aller-retour donc vers 13h avec pause au lac d’Oncet pour y tremper les pieds.  Parking à 15h30 et pot à l'Etape du berger, le bar-restaurant d'altitude de la famille Abadie, (éleveurs de père en fils), situé l'hiver à même les pistes de ski. Emmanuel Macron y a ses habitudes quand il vient dans les Hautes-Pyrénées où il passait enfant les vacances auprès de sa grand-mère : il y a invité le Président de la République Populaire de Chine en mai de cette année, par un temps hivernal, neige et brouillard ! Une journée inoubliable...  Pot donc en terrasse, agrémenté de tartes aux myrtilles, après une randonnée superbe qui tutoie le Pic du Midi.

                        Et comment finir sans évoquer un peu l’histoire de l'Observatoire. Elle commence au col de Sencours en 1706 : l’astronome François de Plantade est le premier à grimper au pic pour y observer la couronne solaire lors d’une éclipse, mais son ascension des années plus tard, à 70 ans, lui est fatale : le 25 août 1741, il meurt au col de Sencours, sextant en main, en s'exclamant : « Ah ! Que tout ceci est beau ! ». L’observatoire, ce fut d’abord une initiative privée, celle de quelques passionnés de météo et d’astronomie du XIX°s. Le premier chalet-hôtel est inauguré ici à Sencours le 13 septembre 1852 dans le but de loger les scientifiques. Durant l’hiver 1853, une avalanche dévaste une première fois cet édifice, reconstruit en 1856. Une auberge avec station météorologique y est établie en 1873.

                         Le 1er juin 1874, Charles Nansouty, un général en retraite de 60 ans passionné de météo, s’installe à Sencours, déterminé à y passer l’hiver avec deux compagnons pour réaliser des observations et prouver que l’on peut hiverner en ces lieux. Mais le temps se dégrade sérieusement à partir du 9 décembre ; la tempête redouble d’intensité, un bloc de neige glacée défonce une fenêtre, la température intérieure tombe à -18°, la porte est enfoncée à son tour par les rafales de vent… Le 13 au soir, la tempête se calme et au matin il ne reste plus qu’à battre en retraite pour rejoindre Sainte-Marie de Campan en se frayant un passage dans la neige…  Mais avant sa mort en 1895,  Nansouty passera huit autres hivers là-haut !

                        Sur ces ruines, une plaque commémorative : « Le 14 décembre 1874, vaincu par la tempête, le général Ch. de Nansouty, quittant avec ses compagnons ces lieux inhospitaliers, battit en retraite pour la première et la dernière fois de sa vie. Cent ans plus tard, a été déposée ici cette plaque en hommage aux premiers pionniers de l’Observatoire du Pic du Midi. » Hommage aussi à tous les sans-grades, villageois, ouvriers et mulets, lourdement chargés, qui ont acheminé été comme hiver ravitaillement, matériel et matériaux de construction par le rude sentier de Muletiers à l'entrée de La Mongie…

                       

            Dès 1880, les quelques observateurs peuvent s'établir dans les bâtiments sommaires érigés au sommet du pic du Midi. L'Observatoire est officiellement inauguré en 1882 et donné à l'Etat à cette date, à condition qu'il prenne en charge une dette de 45 000 francs et qu'il verse 30 000 francs par an pour les salaires des observateurs et l'entretien du bâtiment. En 1930, est achevée L'Hostellerie du Laquet, entre Sencours et le Pic. Mais en 1994, l'État envisage la fermeture de ces installations trop coûteuses…  La région Midi-Pyrénées se mobilise alors et crée un syndicat mixte pour la survie du site. Le projet prévoit une réhabilitation des installations scientifiques ainsi que l'accueil du public. D'importants travaux sont engagés, et notamment le remplacement du modeste téléphérique de service par un nouveau système de télécabines capables de hisser là-haut depuis La Mongie un flot de touristes pour le rentabiliser hiver comme été. Le site rénové ouvre en l'an 2000, pour le plus grand bonheur des visiteurs et des scientifiques du monde entier qui viennent y  scruter notre  galaxie.

           

                        Des écrivains célèbres découvrirent aussi le Pic au XIX°s.

            Sur le mode lyrique, voici Victor Hugo   ébloui dans La Légende des siècles

" Il voit dans la nuée une figure énorme.

Un mont blême et terrible emplit le fond des cieux.

Son faîte est un toit sans brouillard et sans voile

Où ne peut se poser d’autre oiseau que l'étoile.

C’est le Pic du Midi." 

            Souvenir horrible pour le philosophe et historien Hippolyte Taine, hissé à cheval jusqu’au sommet un jour de brouillard : « Bénéfice ? Un rhume du cerveau, un lumbago, des rhumatismes, des nuages, la congélation. L’état d’un homme qui aurait fait antichambre huit heures dans une antichambre sans feu. Cela arrive souvent ? Deux fois sur trois. Et les guides jurent que non. »

Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.

                       

Date de dernière mise à jour : 12/08/2024