LE PIC DE CAU

Mardi 13 mai 2025

Un jardin d'asphodèles sur le belvédère du
Pic de Cau en vallée de Barousse, 1079m

Dénivelé +350m    6km A/R

                           Orages annoncés en cours d'après-midi... Randonnée donc sur la matinée seulement ;  pique-niques au sac, quitte à ne se sustenter  que de retour aux voitures...  Le ciel sera  en fait plus clément que prévu et c'est au pied de la croix, panorama sur 360°, que nous mangerons avant de redescendre tranquillement ! Timing judicieux de Jean-Claude et Jean, puisque quelques gouttes de pluie tomberont juste à l'arrivée au parking !

                            Départ donc à 9h30 au dessus du village de Sacoué, au lieu-dit  "Pla de Raulet", 744m. Cette belle randonnée peut se faire aussi en boucle avec un  dénivelé supérieur en partant de plus bas, des villages de Créchets ou Aveux, mais il faut alors disposer de la journée entière, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui...

                         Une jolie petite route tout d'abord, qui longe le Pic de Cau par le sud sur un bon  kilomètre. Un long belvédère sur les villages de la Barousse et la montagne, jusqu’au carrefour du col des Mortis 845m : col des Mortis/ des Morts, car le curé de Sacoué, qui avait aussi en charge le village d’Arize en vallée de Nistos, venait autrefois jusqu’à ce col bénir les cercueils que les gens d’Arize montaient jusqu’à lui sur une charette ou sur les  épaules, 4km de sentier pentu !  Regroupement paroissial oblige…

                          Un peu plus loin, passé le premier lacet de la route qui repart du col vers Sarp, une sente-piste  monte  à droite vers un replat entre le Pic de Cau et L’Escalère de Coume Nère. On la quitte à son point haut car elle redescend ensuite vers le village d'Aveux par le flanc nord du Pic de Cau.  Le plus dur vous attend... Cap à droite  vers l'est, sur la croupe raide du Pic de Cau !  Une solide grimpette à vue  d’une trentaine de minutes...

                      Et aujourd'hui, la nature nous offre un spectacle  véritablement somptueux, l'un de ceux qui laissent d'une randonnée un souvenir magique : des asphodèles  en pleine floraison inondent la croupe de leurs grandes hampes de fleurs blanches ! Il faut même zigzaguer un peu pour éviter d'en écraser.                             

                      Sacs à terre entre 11h et 11h30 selon le rythme, au pied de la croix blanche du pic de Cau qui surgit soudain, 1079m. Un belvédère superbe, comme en offrent ces petits sommets situés en avant-chaîne (comme ce fut le cas au Sommet de l'Herbe Rouge il y a un mois, souvenez-vous) : plaine au nord, villages de la Barousse dans la vallée, Cagire et pic du Gar, Tourroc, Mont Né, Antenac, Nez de Napoléon, et sur l’horizon les hauts sommets enneigés d’Ariège, du Luchonnais et de Bigorre jusqu’au Pic du Midi…

                        Et elle a une histoire, cette croix du Pic de Cau, qui marque avec les croix du Mail de Maubourg et de l’Herbe Rouge les sommets d’un triangle quasi équilatéral de 4,5 km de côté.  Histoire que l’on découvre dans le blog des capsbourrutdespyrenees.

                        En 1942, trois moines belges, sans doute des Dominicains qui séjournaient au couvent de Gembrie, émirent l’idée d’élever trois croix de béton sur ces trois sommets situés sur les communes de Gaudent, Bertren et Troubat. Tous les villages étaient d’accord dans la vallée, il fallait attirer la Bienveillance Divine pour que la guerre se termine par une victoire des Alliés !

                       Les travaux devaient commencer dans les trois endroits, en même temps et dans les plus brefs délais. Partout, jeunes et vieux s’activèrent pour monter là-haut sable, gravier, ciment, ferraillage et eau.  Au vu du  peu de matériaux octroyés par les Allemands, on décida de subtiliser dans les dépôts des sacs de ciment supplémentaires (sacs que l’on acheminait discrètement la nuit)  pour réaliser des croix solides qui défieraient le temps !

                     Les habitants de Bertren, Izaourt,  Ilheu  et Anla furent nombreux à inaugurer leur croix : curés en tête, on monta en chantant des cantiques et on remercia les trois moines d’être venus de si loin pour créer une si belle œuvre. 

                       Les religieux repartirent très vite et les prêtres eurent beau expliquer que ce triangle symbolisait le Père, le Fils et le Saint-Esprit,  il se murmura que ces croix, même si elles avaient été élevées pour la Gloire de Dieu, pouvaient servir à autre chose, par exemple de repères aux pilotes alliés pour des largages…  Qui étaient-ils donc, ces “moines blancs”, qui avaient proposé ces trois sites qui formaient un triangle quasiment  équilatéral entre la plaine et la haute montagne ?...

                      Les trois sont en tout cas de superbes belvédères. Herbe Rouge,  Pic de Cau, il reste à monter au Mail de Maubourg un de ces jours !  Et il faut bien quitter notre jardin d'asphodèles sur le coup de 12h30 car des nuages bourgeonnent dans le ciel, comme prévu... Avec précaution d’abord, car la croupe du Pic de Cau est aussi raide à descendre qu’à monter ! Bien plus paisiblement  ensuite jusqu’au parking, atteint en papotant à 14h. Premières gouttes de pluie au parking !

MOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.