PIC DE LA QUERE

Mardi 30 septembre 2025

Le Pic de la Quère en Ariège, 1136m    D+ cumulé 540m / 10 km en boucle

                                    Parking  à 9h35 peu après le hameau de Rogalle, perché au dessus de Soueix, dans le  virage du Puech,  675m.  Au menu du jour, pistes et sentes, hameaux  perdus, belles granges restaurées,  collines, bois et prairies reverdies après la sécheresse de l'été...

               Une petite route et vous voilà au col d'Escots, 776m, d'où part une sente qui longe par le sud-ouest la colline du Rus et vous mène une bonne heure plus tard au col de l'Artigue, 886m, un simple carrefour boisé.

               Montée vers le Pic de la Quère, le point culminant, 1136m  : une piste herbeuse et douce s'élève à flanc en offrant  une belle vue sur les sommets au sud, hélas embrumés ; elle  s'arrête soudain en cul de sac et une courte mais rude grimpette vous hisse au  sommet !

               11h50 : un beau cairn circulaire, mais il est  boisé, le sommet !... Autant redescendre pour pique-niquer à midi un peu plus bas. Adieu la vue sur la croupe du Cap de Bouirex et  le Mont Valier embrumés car le soleil n'arrive pas à s'imposer... Lot de consolation, notre ami Doudou organise un "haka", la danse agressive  de l'équipe de rugby à XV de Nouvelle-Zélande.  Aucun effet d'intimidation sur les nuages qui continuent de nous dissimuler les sommets !...

               Descente sur le col de l'Artigue peu avant 14h,  en effectuant une boucle par le bois de La Bièle. Remontée assez pentue au sommet du Rus, 958m, une colline non boisée où la vue s'ouvre largement sur le Cap de Bouirex et les sommets Ariégeois, toujours enveloppés de brume... Fougères à hauteur d'homme mais la sente est dégagée heureusement : sinon gare aux tiques, qui s'y plaisent car elles peuvent ainsi se laisser tomber pour s'accrocher à l'animal ou au randonneur de passage !  Il est 15h. Belle vue sur un moutonnement de collines. Descente  en douceur côté sud vers le col  d'Escots ; tentative, avortée, pour rejoindre le parking par la  sente de Tachouères :  embroussaillée car peu utilisée... Reprise donc de la petite route de départ. 16h15 aux voitures, en route pour le pot à St Girons.

Et un peu d'Histoire pour finir !

                                  

                                            Près du col de l’Artigue, en partant vers le col de Catchaudégué, une stèle blanche près d'une cabane rénovée  attire le regard : elle a été érigée  en 2002 en mémoire de Louis Barrau, un jeune Passeur  de 19 ans abattu ici le 12 septembre 1943.

         Avec son père, son oncle (qui moururent en déportation) et son frère Paul (qui put s'enfuir et intégrer les FFI d'Afrique du Nord), ce jeune garçon fit passer en Espagne plusieurs dizaines de fugitifs. Dénoncé aux Allemands, il s’était caché dans cette cabane.  Les Allemands enflammèrent  le toit de chaume, il tenta de courir jusqu'à la lisière du bois tout proche mais fut fauché par une rafale de mitraillette. Ce fut  le premier passeur abattu par les Allemands dans les Pyrénées ariégeoises.

        Le Chemin de la Liberté tracé entre Saint-Girons et Esterri d'Àneu en Espagne a été balisé en 1994 ; trois stèles et treize plaques commémorent le souvenir des Évadés de France et des Passeurs, d'humbles villageois le plus souvent, qui guidèrent dans la montagne tous ceux que le réseau  "Françoise"  de Toulouse confiait à leur courage. 

                                             Une pensée aussi pour Marie-Louise Dissard, alias «Françoise», qui repose au cimetière de Terre Cabade à Toulouse ; modeste couturière née en 1881 à  Cahors, entrée dans la Résistance dès 1940, devenue  chef du secteur de Toulouse et de sa région pour la ligne d'évasion, elle a pris en charge plus de 700 personnes,  surtout des aviateurs  alliés abattus sur le sol français.  C'est la femme la plus décorée par les Alliés à la fin de la guerre, l'une des rares  à avoir dirigé un réseau de résistance qui a compté jusqu'à 200 membres et ce, jusqu’à la libération de Toulouse le 19 août 1944.

        D'un caractère indépendant, elle avait dans sa jeunesse ouvert une boutique rue de la Pomme à Toulouse, « Frivolités Féminines » et créé des vêtements dont la renommée lui avait valu  de fournir les costumes du Théâtre du Capitole. Après la guerre, elle créa  un centre d’apprentissage pour jeunes filles route d’Espagne à Toulouse en 1956, qui deviendra le Lycée Françoise, en partie détruit par l’explosion de l’usine AZF en  2001 et maintenant situé à Tournefeuille.

        Marie Louise DISSARD alias  « Françoise » décède en 1957 seule et infirme. De Toulouse à l'Espagne, Louis Barrau était l'un des maillons de cette chaîne humaine...

                                            Quelques mots enfin sur La  Maison  Souquet,  à Soueix, devenu  Musée des colporteurs en 2013. On entre dans un magasin des années 1850-1900 à vocation multiple, épicerie, quincaillerie, mercerie, bijouterie, objets de piété, très actif de 1822 à 1965, légué à  la  commune  en bon état de conservation en 2005, locaux, stock, courriers et archives précieuses car elles racontent la vie des colporteurs, plus d’un millier qui s’y approvisionnaient avant de partir sillonner la France, l’Espagne, l’Italie, l’Algérie et même les Amériques avec leurs "marmottes", les caisses  de bois suspendues à leur cou, d’où leur nom de col-porteurs… Et la Maison Souquet les réapprovisionnait au bout du monde au fil des mois, à la  réception de leurs courriers écrits à la vieille plume Sergent Major… Une époque disparue revit ici  et  vous plonge avec émotion dans les souvenirs d’enfance, amidon, dentelles, ventouses, lampes Pigeon, pâtes Rivoire et Carré, chocolat Suchard, missels, images pieuses, robes de baptême, une multitude d'objets dont les stocks impressionnants montrent la vitalité du magasin autrefois…

Imohtep, le scribe des mardis de L'Accueil

 

Date de dernière mise à jour : 05/10/2025