COL ET CABANE DE CAUBE

Mardi 10 juin 2025

Col et cabane de Caube, 1335m, depuis Boutx

Dénivelé + 470 / +690m avec extension sur l'épaulement est du Pic du Gar

Et lire la suite pour "les Contemplatifs" !

                                            Grosse chaleur annoncée (et effective...) ce mardi ! Mieux vaut donc éviter les croupes herbeuses inondées de soleil, même à 1800m d'altitude... En avant pour Boutx et le col de Caube : montée à flanc assez soutenue mais ombragée car boisée. La vallée et le Pic du Gar n'apparaissent du coup que par intermittence., c'est le revers de la médaille...

                                             Parking  à 9h  à la sortie de Boutx, 890m, à l'amorce du col de Menté 894m.  Ce mardi encore,  et il en est ainsi chaque fois que l'itinéraire s'y prête, deux vagues  dès le départ, afin que chacun monte à son rythme. Les uns ont choisi de s'arrêter au col de Caube et sa cabane toute proche, 1335m, atteinte à 11h30 ; les autres sont partis d'un pas plus alerte jusqu'à la cote 1494 sur l'épaulement est du Pic du Gar, où les bois disparaissent :  la sente terre-herbe-pierres offre alors une très belle vue sur le Gar et la chaîne pyrénéenne, notamment la Maladetta. Pique-nique tous ensemble  à la cabane vers midi et retour groupé à 13h15, pour retrouver le parking deux heures après.

               Bon timing pour rejoindre  "les Contemplatifs" vers 16h au Café de la Pique à Cierp. Ils arrivent  d'un  aller-retour Bezins-Garraux, un village à flanc de montagne  (en gascon : Bezins /les voisins » et Garraux / gardien du Pic du Gar),   et  la chapelle du Lac  au dessus de  Boutx.  Un parcours  ombragé et assez frais sous le même Pic du Gar, qui vous accompagne en dessinant ses pointes rocheuses  sur le bleu du ciel.  Un lac ici ?... Comment l'imaginer dans les prairies de ce vallon, aujourd'hui  asséché mais toujours classé  inondable à la fonte des neiges ?...  A noter, le vieux château de Bezins-Garraux,  devenu un bar à tapas, la Taverne :  un très bel endroit, menu alléchant, concerts le vendredi soir en été...

                                            Et un peu d'Histoire bien sûr pour finir !

                                             

               Le massif rocheux du pic du Gar emprunte sans doute son nom à l'ancienne langue indo-européenne où khar signifiait pierre. Au sommet et sur les flancs de la montagne ont été trouvés de nombreux  autels votifs, dédiés à Garri ou  Garre deo/ au dieu Gar, une divinité des Garumni, ce peuple mentionné par César dans La Guerre des Gaules. Et la  Gar-onne, c'est probablement la rivière du dieu Gar...

               Ces croyances païennes, le christianisme du IVème siècle  n'a pas pu les  éradiquer totalement : il a dû tolérer celles dont il pouvait s'accommoder sans mettre en péril sa propre doctrine, les feux du solstice d'été par exemple ; on a érigé des croix sur les anciens lieux cultes païens, on a inséré les pierres votives dans les murs des églises, en espérant avec opportunisme et sagesse que le bon grain l'emporterait sur l'ivraie... Souvenez-vous de la croix de Béliou en Bigorre :  une face pour le dieu  païen Abelio, l'autre pour la croix du Christ ! Et à Poubeau, dans la vallée du Larboust, se dresse toujours le Calhau/ caillou d'Arriba-Pardin : ce gros bloc rocheux pointu était le lieu  d'un rituel païen de fécondité, les femmes le chevauchant de manière impudique pendant que les hommes tournaient autour en brandissant leur sexe, un rite abominable que L'Église fit cesser par la menace des feux de l'enfer et l'implantation d'une croix sur ledit rocher au XIXe siècle.

               Chaque année a lieu le 6 août une messe à la croix dite du Pic du Gar, alors qu'elle se dresse sur le Pic Saillant, le sommet secondaire du massif, afin d'être visible de tous  les villages des Frontignes ainsi que  de Moncaup, Fronsac, Chaum et  Bezins Garraux, qui ont participé à la souscription ouverte par Antichan-des-Frontignes pour ériger cette croix au dessus de la vallée en 1936. Les deux  sommets sont d'ailleurs inversés sur la carte IGN, erreur rectifiée  sur la dernière édition de 2017...

               Un pèlerinage annuel a été instauré  le 6 août pour bien signifier l'empreinte chrétienne face à la vénération païenne des villageois à l'égard de cette montagne.. Et le poème de l'abbé Duthil enfonce bien le clou dans l'esprit des fidèles le jour de l'inauguration :  "Que notre terre, ô croix du Gar, demeure chère au coeur du montagnard et sentinelle sur le rempart, garde fidèle la foi du montagnard" répète le refrain...

               Le poète José-Maria de Heredia a lui aussi célébré le Gar dans un poème, L'Exilée ( peut-être Salomé ???,  exilée dans le Comminges avec son beau-père Hérode Antipas et sa mère Hérodiade par l'empereur romain Caligula,  et qui mourut en marchant  sur un lac gelé, celui  de Barbazan : la glace se reforma autour de son cou, laissant apparaître sa tête comme posée sur un plateau d'argent, elle qui avait obtenu d'Hérode Antipas la tête de Jean-Baptiste, offerte à sa mère sur un plateau d'argent pour satisfaire sa vengeance : le prédicateur condamnait en effet violemment et publiquement son remariage  avec Hérode, demi-frère de son premier époux... ) : "Dans ce vallon sauvage où César t’exila,/  Sur la roche moussue au chemin d’Ardiège,/  Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là./  Vers le Gar éclatant aux sept pointes calcaires,/  Les aigles attardés qui regagnent leurs aires/  Emportent en leur vol tes rêves familiers."  

               Il n'a rien perdu de son éclat, le Gar aux sept pointes calcaires, et les vautours y nichent toujours...

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL.

Date de dernière mise à jour : 15/06/2025