MAULEON, ESBAREICH, FERRERE, OURDE

Mardi 17 décembre 2024

Les villages de Mauléon Barousse, Esbareich, Ferrère et Ourde en boucle.

Point haut 790m / 10 km / Dénivelé + cumulé 380m.

                        La neige est tombée en abondance en montagne mais la troupe compte très peu d'amateurs de virées à raquettes... En route donc pour la vallée de Barousse, où nous marcherons à pied sec et au soleil car cette boucle se déroule à flanc sud de la montagne ! Et comme il fait frisquet...

            9h45 à Mauléon-Barousse, 570m : un village  ainsi nommé car lié à Mauléon-Soule au Pays Basque :  vers 1120, Bernard Ier de Mauléon, seigneur de Soule, reçoit par mariage la seigneurie de Barousse pour moitié en épousant l'héritière du titre ; il y fonde le bourg dit  Mauléon-Barousse, du gascon mau lioû / lion mauvais car à l'époque féodale, on préférait susciter la crainte plutôt  que la sympathie  !... La tour pentagonale et le château témoignent de la puissance des seigneurs de Barousse. Vieilles pierres, fenêtres à meneaux, balcons en encorbellement, portail sculpté du château, elle est étonnante, la petite rue de l’église, enjambée par une très belle maison médiévale...  L’Ourse, née ici du confluent de deux torrents, l’Ourse de Ferrère et l’Ourse de Sost, cabriole dans le lit profond qu’elle a creusé au ras des maisons. 

            Une piste monte à flanc doux, en balcon sur la vallée de Sost. Dans la muraille qui longe le château Dutrey, un manoir bâti en 1787, un renfoncement abrite une Pietà, Notre Dame du Castera. Voilà l’entrée d’Esbareich, 700m, trois quarts d'heure après. Elles sont plutôt pentues, les rues de ce village né de quelques bergeries, es bargnets /barreich en patois, sept exactement, devenues sept foyers, qui ont donné leur nom aux sept quartiers actuels d’Esbareich, dont le blason est fait de sept flammes de gueules et un mouton d’argent sur fond d’azur. Dans l'église, une belle crèche de Noël, réalisée par des bénévoles à partir d’éléments de récupération : les personnages s'animent, les oiseaux battent des ailes grâce à une pompe qui alimente deux petits ruisseaux.  Une jolie pause, en somme !

            Une fois passées les dernières maisons au dessus du village, 774m, s'étire un long replat de prairies avant de descendre doucement dans un bois pour basculer à l'entrée du village de Ferrère, 680m, où se dressent les deux pyramides vert sombre des vieux séquoias du cimetière, deux centenaires classés de 6,80m de circonférence et 34m de haut. Il est 11h45 mais on continue car un beau belvédère nous attend pour le pique-nique !

            Solide raidillon à la sortie du village pour prendre le flanc de la montagne (avec traversée d'un ruisseau encombré d'arbres morts...) et rejoindre Ourde, 750m, le troisième village de la journée. Il est 13h15 certes, mais le panorama est beau ! A l'entrée, la vue embrasse la falaise du Tourroc au nord, le Mont Aspet et les crêtes du Port de Balès à l'ouest ; et le Pic du Gar au bout du village, près de l'église qui domine la vallée, Un très joli village, dont le réseau électrique enterré préserve tout le charme, et qui mérite une flânerie dans les ruelles, placettes, maisons de vieille pierre, portails ouvragés, balcons de bois, statuettes anciennes nichées dans les murs... A 14h 30, descente sur Mauléon et la boucle est bouclée une heure après ! Cap sur le bar restaurant de Valentine.

              Et un mot pour finir sur les églises de Mauléon et Ourde, toutes deux dédiées à Saint-Martin :

           

            A Mauléon, on peut voir les peintures de Nicolaï Greschny, un fresquiste d’origine russe qui dut fuir le bolchevisme puis le nazisme et finit par trouver asile en 1949 près d’Albi, où les autorités diocésaines donnèrent à ce croyant orthodoxe églises et chapelles du Tarn à décorer.  Jusqu’à sa mort en 1985, outre des icônes, il a réalisé plus de cent fresques d’inspiration byzantine (un total de 10000 m), dont soixante-quinze  dans le grand Sud Ouest et notamment dans les églises et chapelles du Comminges, où l’avait invité l’abbé Borris, ancien curé de Saint-Gaudens originaire d’Albi : chapelle du calvaire  et église à Miramont, églises du Cuing, Gouaux-de-Larboust, Encausse,  Loudet, Ponlat, Saint-Plancard, Ferrère, Mauléon… Ils recèlent décidément bien des trésors, nos villages !

                                                                                                            

                        Classée monument historique, l'église romane d'Ourde, possède un tympan et des peintures intérieures qui illustrent la vie de Saint-Martin, né en 316 et mort de vieillesse en 397, le premier saint à être vénéré sans avoir subi le martyre. L'art le représente souvent comme un soldat à cheval, partageant son manteau avec un mendiant. Ce manteau fait partie de l'équipement qui appartient pour moitié à l'empereur et pour moitié au soldat. Martin donne donc tout ce qui lui appartient, la moitié de cette "cape'... L'autre moitié sera présentée plus tard à la vénération des fidèles dans une pièce dont le nom est à l'origine du mot "chapelle".

        Né en Hongrie, légionnaire romain de 330 à 356, moine et missionnaire ensuite près de Poitiers, il est proclamé évêque de Tours sans le vouloir en 371 ; il continue à mener une vie rude et très simple, évangélisant les campagnes  par la douceur. Voyant un jour des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent ainsi les âmes des chrétiens ; ces oiseaux prirent le nom de l'évêque, ce sont les "martins-pêcheurs". Une légende veut enfin que des fleurs se soient mises à éclore en plein novembre, au passage de sa dépouille mortelle sur la Loire entre Candes et Tours, phénomène étonnant qui a donné naissance à l’expression « l'été de la Saint-Martin».

                                                                                                               

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL.

Date de dernière mise à jour : 22/12/2024