LA HOURQETTE D'AUBERT...

Mardi 20 août 2024

 Hourquette d’Aubert 2498m, et Pic d'Estered 2599m, à partir du lac d’Aumar

Dénivelé +340 ou 450m ad libitum

              

               Une belle journée pour randonner dans le massif du Néouvielle, un écrin de granit émaillé d'une multitude de lacs d’origine glaciaire, d’où son nom gascon nèu vielha / l’ancienne neige. Le glacier du pic de Néouvielle, 3091m, a disparu… Ces lacsAubert, AumarCap-de-longOrédonOule et bien d’autres de moindre importance furent aménagés dès la fin du xixe siècle pour  fournir eau et énergie électrique.

                Passage sur le déversoir du lac d’Orédon, 1854m, le plus ancien barrage pyrénéen, construit entre 1869 et 1884 pour alimenter le  Gers  via le canal de la Neste. Un canal souterrain relie sa retenue à celle du lac de l'Oule, augmentant ainsi la puissance de l'usine hydroélectrique d'Éget-Cité quelques km plus bas sur la route de Saint-Lary Soulan.

               Il est n'est pas encore 9h30 et nous avons donc le droit d'emprunter la route des lacs ouverte en 1972, une route à accès réglementé qui monte jusqu’au parking du lac d’Aubert, 2150m. Il avait été envisagé de la prolonger jusqu'à la vallée de Barèges... Elle aurait donc traversé le massif du Néouvielle. Le projet a été abandonné afin de protéger le site.

                              Nous voici  à pied d’œuvre à 9h40. En avant sur la sente qui s'en va entre les lacs d'Aumar et d'Aubert, où se plaisent les pins à crochets,  qui entrelacent et cramponnent leurs racines tortueuses autour des rochers. D'où leur nom, pense-t-on... Eh bien non ! Ils ne sont pas accrochés mais à crochets, et ce nom est dû à la partie recourbée des écailles supérieures de leurs pignes. Sans doute ces crampons aident-ils les graines à se ficher en terre quand le vent violent des sommets les disperse… Et c’est ici que les pins à crochets battent leur record d’altitude en Europe, 2500m, car le massif du Néouvielle orienté au sud bénéficie d’un microclimat.

               Avec le pic de Néouvielle comme toile de fond,  grimpettes et replats herbeux parsemés de pins à crochets et de rochers, deux pierriers assez malaisés, une longue sente à flanc, deux lacets débonnaires et c’est la Hourquette d’Aubert, 2498m (du gascon hourcat/fourche, car les deux flancs de montagne qui enserrent le col ressemblent aux deux dents d’une fourche). Un large col et surtout un belvédère superbe : d’un côté, dans le cirque d’Eths Coubous, les lacs Blanc, Tracens, Nère et Estagnol, de taille modeste mais d'un bleu dur, semés dans la rocaille au dessus de Barèges ; de l’autre, les lacs d’Aubert et d’Aumar dans leur immensité, une symphonie changeante turquoise et émeraude qui nous éblouit depuis le départ et tout au long de la montée.

               11h40 au cœur de la hourcat. Certains ont choisi de s'arrêter là, d'autres virent à main droite pour un aller-retour sur l'arête du pic Dets-Coubous : un sentier bien cairné s'élève avec de petits lacets raides et permet d'atteindre en une vingtaine de minutes  le Pic d'Estered, 2599m, (non porté sur les cartes), une éminence où la vue est encore plus large, Pic du Midi et vallée de Barèges en prime. Et demi-tour pour rejoindre les copains ; de toute façon la sente devient ensuite très aérienne instable et donc délicate. Retour donc à la Hourquette d'Aubert à 12h30 pour partager le pique-nique.

               Descente vers 13h 40 pour retrouver la rive du lac d'Aumar et le parking à 15h30. Qu’elle est belle, cette plongée de retour sur les lacs d'Aumar-Aubert…  Un long ravissement !

               Comment imaginer que ces eaux, captées, ne filent pas toutes vers la vallée d’Aure comme celles des lacs d'Orédon et de l'Oule mais vers la vallée de Gavarnie ? Elles traversent la montagne à plus de 2000m d’altitude dans des galeries souterraines et s'en vont alimenter la centrale hydroélectrique de Pragnères, près de Gèdre !

        Mise en service en 1954, c’est la plus complexe et la plus puissante centrale des Pyrénées : les prises d'eau, au nombre d'une quarantaine, recueillent les eaux des massifs du Néouvielle, du Vignemale et de l'Ardiden, avec pour  réservoir principal  le barrage de Cap-de-Long  et  trois réservoirs annexes, AumarAubert et Eths Coubous… Ce sont les saisons qui déterminent le fonctionnement de la centrale : en hiver, les torrents sont gelés, l'eau fait défaut : elle est prélevée sur le réservoir de Cap de Long. Au printemps, à la fonte des neiges, elle est en excès : on la remonte alors sur Aumar et Cap de Long par une station de pompage !

       Une prouesse technique réalisée entre 1947 et 1953, un chantier d’altitude titanesque, à coups de pioche et de dynamite, à dos de mules l’été, en téléphérique l’hiver, 33 km de pistes d’accès escarpées, dont l’actuelle route qui monte au barrage de  Cap-de-Long…  Véritablement extraordinaire !

IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.Zz hourquette d aubert 20 08 2024Vu panoramique de la Hourqette d'Aubert, le pic d'Estered au fond et à droite les lacs d'Aubert et d'Aumar

Date de dernière mise à jour : 25/08/2024