LUZENAC - AGERT

Mardi 7 janvier 2025

Ariège : les villages de Luzenac, Engomer, Agert et Alas en boucle.

Dénivelé cumulé +280m / 10 km.

                                   Soleil ce mardi sur la vallée de Moulis, et même plus resplendissant que prévu !

                                            

                              Départ à 9h45 à Luzenac de Moulis, 440m (ne pas confondre avec la commune de Luzenac, près de Tarascon-sur Ariège, où se trouve la plus importante carrière d'exploitation de talc au monde !). A l’entrée du village près de la route, se dresse une très belle église du XII°s, remaniée au XV°s qui l'enrichit de chapelles gothiques et d'un décor baroque ; baroque aussi, sa façade de style espagnol lui donne un aspect original pour la région !  

                              Traversée de la route pour emprunter à flanc gauche de la vallée le GR 78, l’un des chemins de Compostelle : c’est la voie du piémont pyrénéen, qui relie Narbonne à Saint-Jean-Pied-de-Port. Passage au hameau du Pouech, où se dresse aussi une belle église romane fortifiée celle-ci, dotée d’un monumental clocher-arcades, et remaniée au XVIII°s.  Près d'elle, une coquille jacquaire en marbre d’Aubert, un village tout proche : ce marbre noir veiné de blanc était réputé déjà dans l'Antiquité mais la carrière, épuisée, est aujourd’hui fermée.

                        Passage dans les prés à flanc de vallée pour venir surplomber Engomer trois quarts d'heure après. Le GR 78 passe ensuite au dessus d'Alas où on le quitte pour prendre un sentier de pays qui monte à flanc dans les bois dénudés jusqu'à Agert, 590m. Il est 11h45 et les murets d'une très belle église, romane encore et clocher-mur cette fois, seront parfaits pour poser nos postérieurs et nous restaurer face aux sommets ariégeois enneigés !

                        Descente à 13h25, toujours sur le sentier de pays, qui court-circuite les lacets de la route. On le prend bien sûr ! Et mal nous en a pris car entre boue, glissades et arbre abattu en travers du sentier, nous n'aurions pas mis plus  de temps par la route ! Les hommes de la troupe ont bien mérité la haie d'honneur qui leur a été faite car ils ont évité à bien des dames de se retrouver les fesses dans la gadoue...

            Bon, nous voilà à Alas, et son vieux pont de pierre à deux arches sur le Lez. Nées sur les pentes du pic de Maubermé et gonflées par de nombreux ruisseaux de montagne, les eaux claires roulent gaillardement vers Saint-Girons rejoindre le Salat. Un cours de 36 km à peine mais des crues violentes. Inutile de faire un petit détour vers la "Chaussée des géants", le torrent a fini de les endommager... Au ras de l’eau, et même dans l’eau, pendant une vingtaine d'années à partir de 1975, un villageois a érigé d’énormes statues de galets, des géants de pierre postés là, aux yeux morts de statues précolombiennes...

            Un sentier plein de charme s'en va ensuite au ras de l'eau jusqu'à Engomer, la bourgade la plus peuplée avec ses 300 habitants et quelques commerces dont un café (et la fromagerie bien connue du Moulin gourmand !), ses petites cascades et ses maisons en balcon sur le Lez. Un ancien moulin, imposante bâtisse de 1832 qui alimentait scierie, moulin à farine et à huile de lin, est en cours de restauration. L'église du village lui-même, est enfermée entre les maisons, mais montez un jour à la belle église romane Saint-Michel, inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques, solitaire sur les prés d'une colline du hameau de Loutrein, où des peintures murales furent mises à jour lors du tournage du film Le Retour de Martin Guerre en 1981 : c'est un belvédère superbe sur la vallée !

     Notre sentier va suivre encore le cours du Lez, longer la papeterie Léon Martin (toujours gérée par la famille depuis sa création en 1875, spécialiste français de papiers spéciaux notamment pour l'industrie et la filière du luxe) et rejoindre Luzenac. Boucle bouclée à 15h25 !

    

                     Pot  à Engomer au Café du coin, un lieu qui a du "caractère" !.. Toute la vallée aussi d'ailleurs, une vallée riante où se déroula au XIX°s la Guerre des Demoiselles. Des bandes de paysans armés de faux, bâtons, haches et quelques pétoires, le visage noirci, une peau de mouton ou un tissu sur la tête pour ne pas être reconnus, de bien rustiques demoiselles donc, tendent la nuit des embuscades à tous ceux qui les empêchent de jouir librement des forêts, gardes, gendarmes et charbonniers : le  nouveau code forestier de 1827 limite en effet ramassage du bois, coupes,  droits de pâture, chasse, pêche et cueillette[]. La révolte embrase vite le Castillonnais, gagne tout le sud de l’Ariège et s’étend dès janvier 1830 jusqu’à  Aspet et Saint Béat : les Demoiselles font la loi dans les campagnes ! Si bien qu’en 1831, une ordonnance supprime toutes les dispositions qui avaient enflammé la région, une amnistie générale est signée, les condamnés libérés, les poursuites judiciaires stoppées.  Mais durant trente ans encore, quelques irréductibles Demoiselles lanceront des attaques ici et là, les Ariégeois ayant le sang chaud et le cœur rétif à toute autorité…  Cette révolte paysanne ne fit en fait que deux morts, une Demoiselle en 1832 et un garde forestier en 1867 !

Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.

 

Date de dernière mise à jour : 12/01/2025