MARIGNAC

Mardi 24 juin 2025

Marignac 520m : chemin de la Liberté 600m, hêtre
remarquable 800m, cabane de Contraire 950m

Dénivelé +490m / 9km AR

                                                           Forte chaleur annoncée ce mardi et orages attendus en montagne. Repli donc sur Marignac où la marche en forêt le long du torrent du Burat garantit une fraîcheur appréciable !

                                                           Départ Place des Evadés à 9h15 sur le Chemin de la Liberté. Une petite route bien ombragée, goudronnée puis empierrée, monte doucement, où vont se succéder douze  panneaux qui relatent  le passage en Espagne en octobre 1943 d'un groupe d'évadés dont Paul Mifsud,  un jeune résistant de St-Martory âgé de 18 ans. Dès le rond-point du Bazert, un mémorial rappelle le souvenir de tous ceux, juifs, résistants, aviateurs alliés abattus,  qui ont passé les Pyrénées  par Marignac et Luchon ; ces points de passage,  il en existe sur toute la chaîne.

               Pauses lecture donc à chaque panneau, passage au Pont des Mines (car il y avait ici autrefois une activité minière) Arrivée vers 10h et quart au 12e panneau. à l'entrée d'une petite clairière 650m, où est aménagée en lisière des arbres une aire de pique-nique. Ici s'achève le Chemin de la Liberté labellisé "Tourisme et Handicap", inauguré  en 1922, le seul espoir de survie pour des milliers de personnes qui ont fui le régime nazi.  

                                                          

                                                           Au fond de la clairière, un petit bout de piste de terre s'enfonce dans la forêt et devient sente, aussitôt franchie une passerelle sur le torrent qui cabriole gaiement. La pente s'accentue un peu sur cette bonne sente herbeuse et entretenue. Chanson du torrent en léger contrebas, prêles et fougères géantes sous les grands hêtres... A 11h,  le voilà soudain, entouré de rochers moussus, le Seigneur de ces lieux, le hêtre de Marignac,  799m, un "arbre remarquable" classé second au palmarès des plus beaux arbres de France 2014, où il représentait la région Midi-Pyrénées.

               Il y a là matière à prendre conscience avec humilité de l'insignifiance de l'Homme face à la puissance de la Nature ! Age estimé 600 ans, vingt six mètres d’envergure, douze mètres de tour de taille, cinq troncs issus d'un tronc socle imbriqué dans un énorme rocher. Qui de l’arbre ou du roc, était là en premier ? "Fruit du rocher", c'est le nom porté sur la carte IGN...

               Sa structure torturée témoigne sans doute de la lutte qu'il a menée au cours des siècles pour s'accommoder de ce bloc de pierre, s'enraciner dans le sol, développer sa ramure au milieu de la forêt pour capter toute la lumière et éliminer les concurrents à ses pieds...

                                                          

                                                           Il est encore tôt, aucun signe d'orage en vue, on peut continuer jusqu'à la cabane de Contraire, 950m. Un seul km A/R, mais pentu, car on attaque véritablement la croupe nord du pic de Burar 2154m. Un effort   récompensé par  la découverte d'une très belle cabane de pierre dans sa petite clairière, table et barbecue à disposition, près du torrent du Burat qui dégringole en cascade sur un escalier de pierre bâti dans son lit afin de casser la violence des eaux qui déferlent à Marignac à la fonte des neiges.  

                                                           Retour donc pour le pique-nique à midi au pied du Seigneur des lieux. Descente tranquille ensuite à 13h20, tentative de petite boucle avortée car sente embroussaillée, et au Pont des Mines, direction la chapelle Saint-Martin bâtie au XI°s sur un promontoire rocheux, sans doute à l’emplacement du vieux Marignac, sur les vestiges d’un temple dédié à Jupiter, au carrefour du chemin qui venait du Val d’Aran et de celui qui rejoignait la vallée du Luchon. Une sente de terre descend promptement à gauche  et nous ramène au village à 15h10. 

 

                                                           Et un peu d'Histoire pour finir!

                                                           Paul Mifsud, un jeune résistant né en 1925 à Saint-Martory,  s’évade (Marignac, col de  Burat 1890m, Bausen, Lès) fin octobre 1943, pour rejoindre  les troupes du Général de Gaulle ; après une longue carrière militaire, il décède  dans son village natal  en 2023.

               Nous sommes en 1943, Paul veut passer en Espagne pour rejoindre les Forces Françaises Libres en Afrique du Nord. Saint-Martory est un lieu de passage important des Evadés de France, pris en charge notamment par "Françoise", le réseau toulousain de Marie Louise Dissart et "Combat",  celui du  capitaine Gesse à Saint-Gaudens. Départ fixé au 25 octobre 1943 à 1h du matin à Marignac. Un groupe de 16 personnes dont 2 familles du réseau de résistance du Gers, le réseau "Victoire". Nuit, froid glacial, tempête de neige, un cauchemar... Port frontalier de Burat (1850m) franchi le lendemain, descente vers Bausen en direction de Les. Le passeur Bordes reconnaît que ce fut le passage le plus difficile qu’il ait réalisé.

               Comme Paul, 33 000 français, dont 460 femmes, se sont évadés par l'Espagne de 1940 à 1944. 23 000 se sont engagés dans les armées de  Libération dès leur arrivée en Angleterre ou au Maroc ; 1 800 ont été remis aux autorités de Vichy par les Espagnols jusqu'au  12 novembre 1942, date de  l'invasion de la zone libre ;  2 120 ont été pris par les Allemands ou remis à eux par les Espagnols et déportés ;  450 ont été abattus lors  du passage des Pyrénées, ont perdu la vie  dans des accidents de montagne ou dans les prisons espagnoles ;  9 500 sont morts en participant aux combats jusqu'en 1945.  Elles rappellent leur souvenir, ces stèles qui rendent hommage au Evadés et aux Passeurs...

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 29/06/2025