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PACTE DES LOUPS
4 juin 2024
LE SENTIER DU PACTE DES LOUPS DANS LES BARONNIES, et dans une brume tenace...
Dénivelé +cumulé 480m, boucle de 9,8 km
Une page d’Histoire tout d’abord, d’Esparros à Versailles ! La Baronnie d’Esparros, mentionnée dès le XII°s, comprenait quatre paroisses, Esparros, Laborde, Arrodets et Labastide.
A la fin du XVI°s, Bernard III de Cardaillac, baron d’Esparros, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, a une fille, Jeanne ; laquelle Jeanne, mariée à Constant d’Aubigné (fils du grand poète Agrippa d’Aubigné), donne naissance à une fille, Françoise d’Aubigné, née en 1635 à la prison de Niort où son père est incarcéré pour affaires troubles. La jeune Françoise, plutôt jolie mais sans le sou, préfère le mariage au couvent et en 1652, elle épouse à 17 ans l’écrivain burlesque Scarron, de 25 ans son aîné ! Esprit brillant dans un corps difforme et paralysé, « cul de jatte qui ne remue ni pied ni patte » selon ses propres mots, Scarron ouvre l’intelligence de Françoise à la culture car il tient à Paris un salon littéraire. S’il la laisse veuve dix ans après et toujours sans le sou car il est criblé de dettes, elle dispose d’une pension attribuée par la reine Anne d’Autriche et d’un solide réseau de relations.
Choisie par la Marquise de Montespan pour éduquer les bâtards du Roi Soleil en 1669, elle devient Marquise de Maintenon en 1675 et partage ensuite la vie de Louis XIV qui l’épouse secrètement en 1683. Après presque trente ans dans les coulisses du pouvoir, violemment critiquée pour son influence jusqu’à la mort du roi en 1715, elle se retire alors à Saint-Cyr, un pensionnat pour jeunes filles nobles désargentées qu’elle a fondé en 1686 et y meurt en 1719. Un destin hors du commun ! Au Roi-Soleil, Saint-Béat a donc donné son marbre pour le château de Versailles, la famille d’Espagne-Montespan une belle marquise sensuelle, et la Baronnie d’Esparros une compagne de… cœur et d’esprit… pour un Roi Soleil... couchant !
Sacs au dos au dessus d’Esparros, au parking du Pla de Moula, 810m, à 9h35 pour la boucle dite des Quatre Cols, Arès, Estrets, Oueilh Lusent et Couradabat. Boucle en forme de 8, plus connue sous le nom de Sentier du Pacte des loups, d’où son balisage original, tête de loup jaune sur fond bleu : en 2000 fut tourné ici un film sur la bête du Gévaudan, un grand succès en France ]cette année-là avec plus de 5 000 000 d’entrées. Et succès aussi lors de sa sortie aux États-Unis deux ans après, chose plus rare…
En avant donc pour le col des Arès, point haut 1184m, le premier col de la journée, une bonne heure de montée assez raide en sous-bois humide et caillouteux ; à l'est pic de Montaut et Pène Haute, notre Nez de Napoléon, bien cachés dans la brume...
Descente sur le col des Estrets, 1176m, l'intersection du 8 dans la boucle. A gauche toute, sur une très bonne piste qui monte en douceur.
Col et cabane de L’Oueilh Lusent, 1237m. Midi approche, toujours dans le brouillard. Aucune vue donc, pas de Signal de Bassia en point de mire... Une belle et grande cabane propice aux grillades, une source en léger contrebas (d’où le nom d’Oueilh Lusent/ Œil brillant), celle de l’Artiguette, un ruisseau qui dégringole rejoindre l’Arros dans l’Amazonie des Pyrénées toute proche (une gorge saturée d’humidité aux allures de forêt équatoriale, où prolifèrent mousses, lichens et fougères)… Non, non, on ne s’installe pas autour de la grande table, on continue vers le belvédère de la journée !
Une bonne grimpette d’une trentaine de minutes à flanc sous les hêtres et vous voilà perchés sur la crête herbeuse de Sarramer, 1330m à 12h25 : beau panorama, aujourd'hui noyé hélas dans le brouillard : Nez de Napoléon, Casque de Lhéris et pic de Montaigu, château de Mauvezin, Lannemezan, Tarbes et même Pau, au loin dans la plaine. Quelques bonnes pierres ici et là pour le pique-nique.
Descente dès 13h15 car il fait frisquet dans la brume ! La sente longe la crête, redescend dans un pré face à la belle Spugue/grotte/ des Arès sculptée par l'érosion, et vous revoilà rapidement au col des Estrets. Retrouvailles avec les copains qui ont effectué un aller-retour sur une portion de l'itinéraire.
Col de Couradabat, 1028m, par une petite route goudronnée inattendue (pour les besoins du tournage du film ????). C'est une vaste prairie d'où part un sentier, boueux un moment car inondé de sources, jusqu’au parking rejoint à 15h. Un petit troupeau d'ânes en estives revient nous entourer comme ce matin pour quémander caresses et petites douceurs.
Une belle randonnée que le brouillard, annoncé seulement lundi soir par les météos au lieu du grand bleu prévu, a privée de beaux panoramas...
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’Accueil.
Date de dernière mise à jour : 10/06/2024