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CABANE DE ROQUE-PI
Mardi 19 août 2025
Bruine et brouillard sur la cabane de Roque-Pi /1394m, et le Cap des Tèches /1574m
Dénivelé + 360m, 8km A/R
Bruine et ciel gris dès ce matin sur Saint-Gaudens mais quinze randonneurs présents tout de même ! Lot de consolation, une chute brutale des températures, de 35 à 17° après deux semaines de canicule... En route pour une petite randonnée à Herran-Labaderque, au dessus d’Arbas, et surtout une cabane au cas où...
9h15 : K-ways et un joli parapluie rouge sous le crachin au parking de la Fontaine de L’Ours, 1194m, tout au bout d’une route forestière en cul-de-sac. "Navette" lit-on sur un panneau... Quelle navette ??? Les week-ends d'été, un petit bus équipé d'une remorque relie Arbas à ce parking, utilisé notamment par les parapentistes et vététistes, afin de réduire la circulation sur cette petite route.
Trois quarts d'heure de montée très douce en forêt et voilà à l'entrée des Estives de Paloumère, une vaste prairie noyée dans une brume épaisse. Une quinzaine de minutes encore et vous voilà à 10h30 à la cabane de Roque-Pi, 1394m. Une belle cabane double, une moitié ouverte aux randonneurs, l’autre réservée au berger qui passe l’été ici avec ses bêtes et des patous qui vous repèrent de loin ! Inquiétants quand ils déboulent sur les randonneurs à deux ou trois…« Je suis un Montagne Pyrénées, un patou. Mon rôle est de repousser toute présence étrangère aux bêtes que je protège. » lit-on sur les panneaux de mise en garde... Un randonneur averti en vaut deux !
Cernée par une chape de grisaille tenace, voici la cabane, et sur la crête, c'est pire ! Les uns s"arrêtent là ; les autres, pas découragés pour autant, continuent une petite heure jusqu'au col de Sarraoute, 1502m et au cairn du Cap des Tèches, 1574m (le premier mamelon sur la crête qui s'étire jusqu'au sommet de Cournudère) dans un épais brouillard où se distinguent à peine les silhouettes fantomatiques de chevaux pourtant tout proches...
Demi-tour, il n'y a, et n'y aura, rien à voir ! Retour auprès des copains à midi pour le pique-nique. Martine, notre coiffeuse ambulante, a profité de l'attente pour faire une coupe à Joëlle, et elle a du mérite, avec les ciseaux d'une trousse de premiers secours !
Si "les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors", les montagnards aussi ! Et ce malgré l'arrivée de la bergère des lieux, peu encline à la cordialité...
Descente une petite heure après et parking à 14h10, dans la même chape de grisaille. Mais il en faudrait plus pour atteindre le moral de Martine et Josette qui se lancent dans un paso doble près des voitures... Dansé à la cabane, peut-être aurait-il déridé notre bergère ?...
Une belle journée tout de même, de l'avis des participants, cette randonnée tout en nuances de gris...
Et quelques mots pour finir sur le maquis de Herran-Labaderque.
Des résistants venus de Saint-Marcet ou plus exactement de l'usine voisine de Peyrouzet où ils soustrayaient aux Allemands de l'essence et du gaz produits sur le site ont dû se replier dans le bois de Labaderque fin juin 1944 car la pression allemande s'intensifiait : une troupe d’occupation fut installée à l’usine même de Peyrouzet...
Ce maquis prend le nom de "Bidon V" car l'un des résistants aurait dit de ce coin perdu : "Il n'y a ni l'électricité ni le téléphone ici, on croirait la station Bidon V entre Oran et le Niger".
Aimé Castex, responsable du contrôle de la fabrication, des expéditions et du stock à l'usine de Peyrouzet aux côtés du directeur Pierre Édouard Lachaux, a consigné ses souvenirs de résistant dans un petit ouvrage de trente pages intitulé "Bidon V tel que je l’ai vécu". On lui doit également le récit de la libération de Saint-Gaudens le 20 août 1944.
En octobre 1943, de jeunes réfractaires au STO, le Service du Travail Obligatoire, avaient établi un maquis à Campels sur les hauteurs du col des Ares, entre Arbon et Cazaunous ; il est attaqué le 18 juillet 1944 par les Allemands, deux fermes sont brûlées mais les maquisards ont le temps de se replier sur Herran-Labaderque.
D'autres aussi se retrouvaient là, souvent acheminés depuis Toulouse par "le Réseau Françoise", dirigé par Marie-Louise Dissard, qui fit passer en Espagne plus de 700 résistants et aviateurs alliés abattus. Ni son âge, 59 ans en 1940, ni son statut de femme ne la prédisposaient à prendre en main un tel réseau... Chevalier de la Légion d’honneur, Médaille de la Résistance (avec rosette), American Medal of Freedom, Croix de Guerre belge avec palmes, Officier de l’Ordre de Léopold II, elle meurt malade, infirme et solitaire en 1957. Sa tombe au cimetière toulousain de Terre Cabade est des plus modestes...
Fin juillet 1944, ce maquis compte une centaine de résistants aguerris et armés .
Il est attaqué le 11 août par plus d'un millier d'Allemands, sans doute à la suite d'une dénonciation... On se bat toute la journée, les résistants comptent quatre morts, les Allemands plus d'une cinquantaine. Ils se déchaînent alors contre le village, incendient et pillent Herran, Labaderque et Arbas mais les villageois se sont heureusement cachés dans la montagne…
Les 28 habitants massacrés à Marsoulas par la division SS Das Reich le 10 juin 1944 n’ont pas eu cette chance…
IMOHTEP, le scribe de mardis de L’Accueil
Date de dernière mise à jour : 25/08/2025