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LAC DE FABAS
Mardi 11 juin 2024
Forêt et lac de Fabas-St André en boucle. 9km / Dénivelé de +120m
Brouillard en montagne ou ciel mitigé en plaine ? 9h : direction donc le village de Fabas, au nord d'Aurignac. Et à 10h, c'est une petite pluie fine qui s'invite sur les coteaux...
La visite de l'église Saint-Pé d'Arès, isolée sur une colline à 3km du village, était prévue l'après-midi ; elle se fera donc tout de suite et on avisera ensuite car seul Alain, habitué au crachin permanent des Hauts-de-France, serait prêt à marcher sous la pluie ! M. Davezac, le voisin-guide bénévole, nous accompagne. Cette église d'origine romane classée monument historique, restaurée aux XVII et XVIII°s, clocher-mur à l'ouest, présente une originalité très rare dans la région, son plafond à petits caissons de bois peint daté de 1696. Il ne reste plus rien de Lumière-Dieu, l'abbaye cistercienne féminine toute proche, fondée au XII°s et détruite à la Révolution (où vécut de 1543 à sa mort en 1589 Anglèze de Sagazan, la bergère devenue religieuse qui eut des apparitions de la Vierge à Garaison en 1515). Une belle découverte pour tous, cette église...
Le ciel s'est éclairci, le soleil pointe et à 11h, la randonnée peut commencer. Parking près de la D52, 361m, au départ de la piste qui traverse en crête la forêt de Fabas ; descente sur la D3b, et douce remontée par une petite route jusqu'à la digue du lac de Fabas-St André, 294m, un lac artificiel de 45ha, presque 3km de long, créé en 1988 sur le lit du Touch. Cette rivière de 75km de cours, qui prend sa source au village de Lilhac tout proche et va rejoindre la Garonne à Blagnac, n'est ici qu'un ruisseau et devient à Plaisance-du-Touch un beau cours d'eau de 20m de large grâce à ses affluents et surtout à sa réalimentation par les retenues collinaires de Fabas, Savères et La Bure près de Rieumes ainsi que par la dérivation du canal de Saint-Martory. Réalimentation qui fournit de l'eau pour l'irrigation, le refroidissement de la centrale nucléaire de Golfech et occasionnellement pour les besoins alimentaires.
Midi sur la digue du lac et pique-nique sur la rive, un quart d'heure après. Et le plus joli tronçon de cet itinéraire nous attend ensuite après cette heure de pause : une piste longe la rive gauche au ras de l'eau sur près de 3km, petites plages sous les pins pour les pêcheurs, les baigneurs et les amateurs de pique-nique...
Au bout du lac, un sentier en forêt remonte au parking et voilà la randonnée achevée sous le soleil vers 15h.
Et un peu d'Histoire pour terminer, ou plutôt l'évocation de deux personnes connues qui ont marqué ce petit coin des coteaux de Gascogne !
Geneviève de Galard, "l'ange de Diên Biên Phu", dont famille est originaire de St André, vient de mourir le 30 mai 2024 à l'âge de 99 ans. Elle était la cousine de Jean de Galard-Terraube, maire de Saint-André pendant 61 ans, décédé en janvier 2024. En 1953, infirmière et convoyeuse de l'Armée de l'Air, elle est mutée à sa demande en Indochine pour participer à l'évacuation des blessés par avion lors de la terrible bataille de Diên Biên Phu.
Le 28 mars 1954, l'artillerie Viêt Minh bombarde l'avion et la piste, désormais inutilisables... Seule femme pendant près de deux mois dans "l'Enfer de Diên Biên Phu", elle se dévoue dans l'hôpital de campagne auprès des blessés et des mourants jusqu'à la cessation des combats le 7 mai. Libérée le 24 mai par le Viêt Minh, elle est accueillie sous les applaudissements à l’aéroport d’Orly.
De nombreuses décorations jalonnent cette vie hors du commun : médaille d’honneur de la Croix-Rouge Française, Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures, Grand officier de l’Ordre National du Mérite, Grand-croix de la Légion d’Honneur, médaille américaine de la Liberté, remise à la Maison Blanche par le président Eisenhower... Un hommage national vient de lui être rendu aux Invalides à Paris.
C'était une femme courageuse et simple, venue dédicacer à Aurignac le 11 juillet 2007 son ouvrage, Une femme à Diên Biên Phu.
Hippolyte Ducos, homme politique français (1881-1970), fils de paysan né en à Saint-André, fait de brillantes études grâce à une bourse, devient agrégé de Lettres puis entame dès 1919 une longue carrière politique (39 ans de mandat sous trois républiques différentes !) largement consacrée à la question scolaire, à la gratuité et à la qualité de l'Enseignement.
Maire de Lilhac (1947-1970), député radical de la Haute-Garonne de 1919 à 1940 et de 1951 à 1970, Sous-Secrétaire d'État à l'Enseignement Technique (1932-1933), Sous-secrétaire d'État à l'Éducation nationale (1933),Ministre des Pensions (1933-1934), Sous-secrétaire d'État à la Défense Nationale et à la Guerre (1938-1940), il s'engage rapidement dans la Résistance ; arrêté, il réussit à s'évader et reprend sa carrière politique. À 88 ans, il est le doyen des députés et le plus ancien en exercice. Frappé d'un malaise à l'Assemblée en décembre 1969, il est hospitalisé et se retire à Lilhac où il meurt en novembre 1970, à 89 ans.
Les vieux Saint-Gaudinois se souviennent de lui, déambulant sans façon le jeudi dans le marché aux bestiaux, serrant volontiers les mains, notant les demandes et doléances de chacun... On l'appelait familièrement en patois "toco manette" (orthographe phonétique...), c'est à dire "touche la main".
Imohtep, le scribe des Mardis de L'ACCUEIL
Date de dernière mise à jour : 17/06/2024