MOULIN DES BARONNIES

Mardi 11 février 2025

Patrimoines paysager, culinaire et culturel
des Baronnies
 7km  / Dénivelé +210m

                                            9h30 : début d'une journée douce et ensoleillée au  Moulin des Baronnies près du village de Sarlabous. Géré par la Communauté de Communes du Plateau de Lannemezan (57 communes, dont les 26 des Baronnies proprement dites) ; cet  ancien moulin joliment restauré au bord d' l'Arros est devenu un centre touristique.

               Un pont sur la petite D14 et voilà un sentier  qui monte dans un bois dénudé, ensoleillé mais  passablement boueux, n'est-ce pas... ?

               Traversée du hameau Le Pouey et arrivée sur la crête 150m plus haut, près d'un "point d’observation" original et pratique d’utilisation : pas de table d'orientation ici, mais deux poteaux auxquels sont fixés des tubes dirigés vers les points remarquables (réalisé par les enfants de l’école voisine), le Monné de Bagnères, la montagne de Billexe, le Casque du Lhéris, le Soum du Bassia, le Montaigu, le Pic du Midi de Bigorre, le Pic du Gar… et les villages d’Escots, d’Espieilh, de Bourg-de-Bigorre, de Mauvezin et son château…. Château qui vous accompagne d'ailleurs  tout au long de la randonnée.  

               Descente ensuite sur un bon km, douce mais boueuse aussi, pour entrer dans Bourg-de-Bigorre. A gauche toute près de l'ancienne bascule rénovée, sur une petite route qui mène à Sarlabous ( très beau four à pain) en montant légèrement  : un bon km aussi, où  godillots  et guêtres peuvent sécher leur croûte de boue !

               Une sente à gauche redescend enfin sur le Moulin des Baronnies, notre parking, pas très longue mais bien bourbeuse aussi !  Il est midi et quart, vite, vite, on se change et en route pour l'Auberge de l'Arros à Mauvezin.

               Menu  traditionnel de nos campagnes : soupe, crudités, confit de canard et pommes dauphine maison (succulentes !), salade, crème aux oeufs et tourte.

               En route ensuite pour la visite de l'Abbaye de L'Escaladieu et un petit tour enfin au pied du château de Mauvezin pour clôturer notre journée. Merci à toi, Josette, qui nous as concocté ce beau programme !

Et un petit aperçu du patrimoine des Baronnies pour finir !

                                            L'Arros  y naît et traverse les Baronnies du sud au nord pour rejoindre l’Adour dans le Gers 131 km plus loin. Près de sa source, au dessus d'Esparros, se situe la Petite Amazonie des Pyrénées ou Gourgue d'Asque, un étroit vallon creusé dans la roche calcaire par l'érosion et l'eau au cours des millénaires. Grâce à un degré d'humidité proche de la saturation s'est formée une forêt luxuriante de buis aux allures de jungle, arbres et rochers envahis  de mousses, lichens et fougères en  cascades échevelées...  Une végétation « hallucinante », diraient les jeunes !

                                       Le château fort de Mauvezin est avec notre Amazonie (et le gouffre d'Esparros, un somptueux jardin de cristal, fleurs et dentelles d'aragonites sculptées par l’eau) le seigneur qui domine superbement Les Baronnies. Du mau /mauvais et vesin/voisin, il a été bâti au XI°s par les comtes de Bigorre, reconstruit par Gaston Fébus vers 1380 ; il reste dans la famille des Foix-Béarn qui deviennent plus tard rois de Navarre, et ainsi passe à Henri IV. Tombé en désuétude après le rattachement de la Bigorre au royaume de France en 1607, déclaré monument historique dès 1941,et aujourd'hui restauré, il a fière allure  et abrite un musée historique et folklorique du Béarn et de la Bigorre4.  

                                          L'abbaye de L'Escaladieu toute proche fut fondée  vers 1130 par des moines  venus de l’abbaye cistercienne de Morimond en Champagne-Ardenne, un ordre religieux soumis à la règle de Saint-Benoît qui prône une vie austère consacrée à la prière et au travail, comme en témoigne le dépouillement des lieux, sans sculptures ni  fresques. Installés d'abord vers La Mongie  sur les pentes du Tourmalet, ils se replient plus bas dans la vallée de l'Arros  vu la rudesse des hivers... L’Escaladieu /Scala Dei en latin /l'échelle de Dieu, étape importante pour les pèlerins de Compostelle qui empruntaient le chemin du Piedmont, essaime en Gascogne et surtout en Espagne.

Saccagée au XVIes par les protestants, remaniée ensuite, vendue comme bien national en  1793 à la Révolution Française, elle est démantelée et cédée au plus offrant...  Classée Monument Historique dès 1939, rachetée en 1986 par  une association, elle devient en 1997 propriété du Conseil Départemental des Hautes-Pyrénées, qui développe un programme de restauration et d’ouverture au public, avec une programmation culturelle variée.

                                            Et une femme enfin,  d’Esparros à Versailles. A la fin du XVI°s, Bernard III de Cardaillac, baron d’Esparros, a une fille, Jeanne ; mariée à Constant d’Aubigné, elle donne naissance à une fille, Françoise d’Aubigné, née en 1635 à la prison de Niort où son père est incarcéré pour affaires troubles. Sans le sou, la jeune Françoise épouse en  1652 l’écrivain burlesque Scarron. Corps difforme et paralysé, mais esprit caustique, « cul de jatte qui ne remue ni pied ni patte » selon ses propres mots, Scarron ouvre Françoise à la culture car il tient à Paris un salon littéraire. S’il la laisse veuve dix ans après, et toujours sans le sou car il est ruiné, elle dispose d’une pension attribuée par la reine Anne d’Autriche et d’un solide réseau de relations. Choisie par la Marquise de Montespan pour éduquer les bâtards royaux en 1669, elle devient Marquise de Maintenon en 1675 et partage ensuite la vie du roi  qui l’épouse secrètement  en 1683. Violemment critiquée pour son influence, elle se retire à Saint-Cyr à la mort du roi en 1715, un pensionnat pour jeunes filles nobles désargentées qu’elle a  fondé en 1686 et y meurt le 1° septembre 1719. Un destin  hors du commun ! Au Roi-Soleil, Saint-Béat a donné son marbre pour le château de Versailles, la famille d’Espagne-Montespan une belle marquise sensuelle, et la Baronnie d’Esparros une compagne de… cœur pour le Soleil couchant !

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 16/02/2025