CABANE DES PALES DE CUNAU
Mardi 2 décembre 2025
Cabane des Pales de Cunau (1420m) et de Plan de Bosc en option (1570m)
Dénivelé +500 ou 650m
La météo n'est pas franchement optimiste ce lundi mais il semble que mardi, la matinée soit ensoleillée avant que les nuages et la pluie n'arrivent en milieu d'après-midi... "Audentes fortuna juvat", écrivait le poète latin Virgile, "Le sort favorise ceux qui osent". Assertion vérifiée aujourd'hui, pour le bonheur de tous les randonneurs !
9h 40 : Fraîcheur hivernale mais grand ciel bleu au hameau de Pratnau, à l'entrée du village de Gouaux de Luchon, 920m. Beau panorama déjà sur la vallée de Luchon et Superbagnères enneigé. Un tout petit bout de route en arrière et voilà à gauche (cote 914) une balise du GR86 qui relie Toulouse à Luchon, soit 280 km. Quelques petites minutes à l'ombre et vous voilà définitivement au soleil ! Il faut suivre ce GR un temps, le temps de grimper d'abord entre les genêts pour rejoindre 100m plus haut la piste forestière de Gouaux de Luchon qui prend le flanc.
On quitte le Gr au premier virage (il va suivre une sente jusqu'à Artigue) et on reste sur la piste qui va dérouler doucement trois grands lacets en belvédère à flanc de montagne, dans les prés roussis par le froid. En bas, la vallée de Luchon, Superbagnères au sud et à l'ouest, la Montagne d'Espiau, cette longue crête enneigée qui court du Cap de Salières à l’Antenac en séparant les vallées du Larboust et d'Oueil.
Légère couche de neige fraîche vers 1300m, juste pour le plaisir d'accueillir l'hiver, quand la piste entre soudain dans l’ombre d’une sapinière et s’en va faire un long détour en flanc nord. On la quitte alors pour un raccourci : une large sente vous ramène très vite au sud, en plein soleil à la lisière de cette forêt, sur la crête des Pales de Cunau, qu’il ne reste plus qu’à remonter jusqu'à la cabane dite "de Cunau" puisqu'elle n'a pas de nom sur la carte IGN, 1420m. Sans doute parce que c'est en fait une cabane de chasseurs, aimablement ouverte aux randonneurs...
Certains ont pris un pas un peu plus vif monter jusqu'à la cabane du Plan de Bosc, portée cette fois sur la carte, 1570m, mais bien moins confortable ! Une belle couche de neige sur ce pré en pente. Retour à Cunau peu avant 13h ; les copains arrivés eux vers midi ont lézardé au soleil et allumé un bon feu dans la cheminée pour y griller de la saucisse !
Une très belle cabane, presque un chalet, ouverte à tous et bien aménagée par les chasseurs : grande table et bancs, petits rideaux aux fenêtres, étagères et cadres aux murs ! Située en lisière de forêt et tournée au sud-ouest pour profiter pleinement du soleil, elle offre un panorama superbe sur les montagnes et la vallée de Luchon. Sans doute la plus jolie du Luchonnais, disent les guides de Luchon. Tout près en léger contrebas, une vieille cabane, toute petite, un abri de bergers, dont le toit s’est effondré... Une petite chose d’autrefois, que l’on aimerait voir sauvée de la ruine : les murs de pierre sont solides, quelques tôles suffiraient...
Le ciel s'ennuage sérieusement, comme prévu : descente à 14h et parking à 15h30, juste au moment où arrive la pluie... En route pour le Café de la Pique à Cierp, et sa sympathique patronne.
Et un mot pour finir sur le patrimoine culinaire de la vallée de Luchon, le Pétéram, une succulente recette de tripes d’agneau ou de mouton . Ce plat d'hiver prend ses racines dans le Luchon d’antan, à l'époque où la ville n abritait pas moins de 130 hôtels et une population dont le niveau de vie était loin d’atteindre celui de ses riches curistes... Luchon fonctionnait alors en circuits courts, raconte Jean-Pierre Oustalet, cuisinier et propriétaire de l’auberge des Spijeolles, dans le village de Oô. Les bouchers achetaient les bêtes dans la vallée et laissaient au paysan tout ce qu’ils n’utilisaient pas, pieds ou panse de mouton. Sans doute les femmes, pour ne rien perdre, ont-elles cuisiné ces abats... C'est ainsi qu’est né le pétéram luchonnais .
Un plat de pauvres paysans donc, que les cuisiniers des grands hôtels, le Pyrénées Palace, l'Hôtel Sacaron et autres, ont eu l'idée un jour de servir à leurs riches clients !
Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.