AU MAIL LONG

Mardi 28 mai 2024

Le Mail Long, 1000m, en boucle depuis Bezins-Garraux
sur 7,5km  / Dénivelé cumulé 490m

          

                              Départ à 9h30 de Garraux, 680m, qui forme avec Bezins le village de Bezins-Garraux, une commune de 43habitants (249 en 1851...) peu avant Saint-Béat. Le nom de Bezins vient d'un mot gascon qui signifie voisins et Garraux est bien sûr lié au pic du Gar qui domine le village. A l'écart se dresse l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste de Garraux du XII°s, classée aux Monuments Historiques depuis 1955 pour ses peintures murales mais elle n'est pas sur notre chemin...

                              Montée en 1h15 par une piste émaillée de quelques granges à la sortie du village jusqu'au relais TV du Mail Long, 1000m, bien visible depuis la route de Saint-Béat car il émerge des bois sur  un épaulement du Gar.  Belle vue sur Cierp, Marignac et le lac de Géry à l'entrée de la vallée de Luchon, et les sommets voisins, le Montlude espagnol, le Burat, le Grand Queyrat, les Spigeoles, la crête du Peyresourde...

      Une sente prend ensuite le flanc d'un mamelon boisé, le Puy Venteux, pour rejoindre le col de Matet, 1002m, et sa cabane dans les bois. Il suffit de monter un peu en quittant le sentier pour trouver une prairie et quelques pierres où poser les postérieurs pour le pique-nique, peu avant midi, face au Burat et au Montlude.

       Retour à 13h30, en empruntant un moment le GR 86 (un itinéraire de Grande Randonnée qui traverse la Haute-Garonne sur 280 km de Toulouse à Luchon).

       Et puisque rien ne presse, au lieu de continuer à le suivre pour redescendre rapidement et abruptement au village, on remonte un peu et on élargit la boucle en passant par la fontaine de Garraux. Intersection : à gauche montée raide sur le Gar, avec 800m de dénivelé positif supplémentaire, à droite descente tranquille sur Bezins et le parking de Garraux tout proche... A l'unanimité, on descend pour retrouver le parking à 15h !

                             

                              Et quelques mots pour finir sur le Pic du Gar, 1785m, le seigneur des lieux.

                              Ce massif rocheux emprunte sans doute son nom à l'ancienne langue indo-européenne où khar signifiait pierre. Au sommet et sur les flancs de la montagne ont été trouvés de nombreux  autels votifs, dédiés à Garri ou  Garre deo/ au dieu Gar, une divinité des Garumni, ce peuple mentionné par César dans La Guerre des Gaules. Et la  Gar-onne, c'est probablement la rivière du dieu Gar...

                             

                              Ces croyances païennes, le christianisme du IVème siècle n'a pu les  éradiquer : il a dû tolérer celles dont il pouvait s'accommoder sans mettre en péril sa propre doctrine, les feux du solstice d'été par exemple. On a dressé des croix sur les anciens lieux de cultes païens, on a inséré les pierres votives dans les murs des églises, en espérant que le bon grain l'emporterait sur l'ivraie... Souvenez-vous de la croix de Béliou en Bigorre : une face pour le dieu  païen Abelio, l'autre pour la croix du Christ ! Et à Poubeau, dans la vallée du Larboust, se dresse toujours le Calhau/ caillou d'Arriba-Pardin : ce gros bloc rocheux pointu était le lieu  d'un rituel païen de fécondité, les femmes le chevauchant de manière suggestive pendant que les hommes tournaient autour en brandissant leur sexe, un rite abominable que L'Église fit cesser par la menace des feux de l'enfer et l'implantation d'une croix sur ledit rocher au XIXe siècle.

                             

                              La croix du pic Saillant, dite croix du Gar, a été érigée en 1936 et un pèlerinage annuel instauré le 6 août pour bien signifier l'empreinte chrétienne face à la vénération païenne des villageois à l'égard de cette montagne.. Et le poème de l'abbé Duthil (curé de Cassagnabère, qui dirigea avant la guerre de 14 le choeur des Chanteurs du Comminges)  enfonce bien le clou dans l'esprit des fidèles le jour de l'inauguration :  "Que notre terre, ô croix du Gar, demeure chère au coeur du montagnard et sentinelle sur le rempart, garde fidèle la foi du montagnard" dit le refrain...

                             

                              Le poète José-Maria de Heredia a lui aussi célébré le Gar dans un poème, L'Exilée (peut-être évoque-t-il Salomé, princesse juive du Nouveau Testament) : "Dans ce vallon sauvage où César t’exila, Sur la roche moussue au chemin d’Ardiège,     Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là. Vers le Gar éclatant aux sept pointes calcaires, Les aigles attardés qui regagnent leurs aires Emportent en leur vol tes rêves familiers."

       Elle dansa un jour avec tant de grâce devant le roi de Judée Hérode Antipas, second mari de sa mère Hérodiade, qu'il lui promit en public de lui accorder tout ce qu’elle lui demanderait. Poussée par sa mère, elle réclama la tête du prophète Jean Baptiste, qui critiquait ouvertement son remariage avec Hérode Antipas, le demi-frère de son premier époux, union contraire à la règle. Elle l'obtint et l'offrit à sa mère sur un plateau d'argent pour satisfaire sa vengeance (Jean-Baptiste fut en fait exécuté en prison).

       En 39 après JC, Salomé suivit en exil à Lugdunum Convenarum / St Bertrand-de-Comminges, sa mère et son beau-père, banni par l'empereur romain Caligula car il gênait Rome par ses visées politiques. Ils y moururent probablement.

       Pour Salomé, dit encore la légende, ce fut en dansant sur le lac gelé de Barbazan : la glace se brisa et se reforma autour de son cou, laissant apparaître sa tête comme posée sur un plateau d'argent...  

      Il n'a rien perdu de son éclat, le Gar aux sept pointes calcaires, et les vautours y nichent toujours...

Imohtep, le scribe de mardis de L'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 03/06/2024