BOUCLE A ST-BLANCARD

Mardi 21 mai 2024

Boucle à Saint- Blancard, puis découverte du Mémorial du Maquis de Meilhan et de Simorre

9,5km et dénivelé cumulé 300m

                              Météo incertaine en montagne... Repli donc au nord de Boulogne-sur-Gesse, sur le village de Saint-Blancard, où se dresse un superbe château de brique ocre, bâti en 1303 et embelli de plusieurs tours au fil des siècles. Endommagé par un incendie en janvier 1888, il est réhabilité par les soins du marquis Louis de Gontaut Biron (famille de Maréchaux de France) ; la tour carrée, dite tour du guet, date de cette époque. Au XX°s, encore une tour, celle du millénaire, édifiée en 1926 pour commémorer les 1000 ans du nom de la famille... Durant la Première Guerre mondiale, le marquis y ouvre un hôpital qui accueille des soldats blessés. En 1940, l'Etat y abrite des oeuvres de la collection égyptienne du musée du Louvre, évacuée de Paris. Vendu en 1959 faute d'héritier, devenu maison de repos, il est racheté en 1990 par une société britannique puis laissé à l'abandon depuis quelques années. En 2000 se crée une association qui oeuvre pour lui donner un avenir...

                              Départ donc du village à 8h45 pour la boucle du "Chemin panoramique du château", collines, vallons, pistes, petites routes, champs et ruisseaux...  Balisage jaune, mais très très intermittent !  Plus d'un a dû s'y égarer...

                              En place pour le pique-nique à midi à la base de loisirs du lac de la Gimone, déserte en cette saison bien sûr.  Un beau cadre car les tables sont entourées de véritables champs de marguerites, orchis et boutons d'or à foison !  Fin de la randonnée, une voiture laissée sur place remontera les chauffeurs au village.

          Créé sur le cours de la Gimone, une petite rivière née près de Lannemezan, ce très grand lac de barrage (6 km de long et une digue large de 650 m) a été mis en service à des fins agricoles en 1991, comme beaucoup d'autres dans le Gers et au nord des Hautes-Pyrénées,  grâce aux prouesses techniques du Système Neste, un vaste réseau géré depuis 1960 par la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne : en amont, des lacs de retenue en haute montagne,  Caillaouas,  Aumar, Aubert, Orédon, L'Oule, stockent les eaux à la fonte des neiges pour les  relâcher l’été dans  le torrent de la Neste, qui alimente le canal bétonné de la Neste, construit entre 1848 et 1862 de Sarrancolin à Lannemezan, long de 29km, qui se ramifie lui-même sur les coteaux de Gascogne en un réseau de canaux secondaires pour remplir 14 lacs collinaires  en Gascogne et desservir 17 rivières  maigrelettes, soit  1350 km de cours d’eau ainsi réalimentés !

Comme le débit de la Neste, même soutenu par les lacs de montagne, s'est ensuite révélé insuffisant pour satisfaire une demande toujours grandissante, d’autres réserves d'eau, ont donc été créées en aval : ce sont les lacs collinaires de la Gimone, de Saint-Frajou, Miélan, Astarac, Puydarrieux, Lunax et d’autres, le dernier mis en eau étant celui de Castelnau-Magnoac en 2012. Qui aurait pensé que notre petit canal de Franquevielle-Cardeilhac était l’un des maillons du Système Neste, ce réseau complexe qui assure l’irrigation du département du Gers et lui fournit 70% de son eau potable... 

Car la Gascogne n'a que la pluie comme ressource en eau... Autant dire rien en été... Le soulèvement du plateau de Lannemezan à l’ère tertiaire a en effet dévié le cours de la Neste vers Montréjeau et donc privé toute la région de l'eau descendue des  Pyrénées.  La mise en valeur agricole fut possible au XIX° siècle grâce à ce fameux Système Neste, les Romains ayant déjà envisagé d’ailleurs de détourner l’eau de la Neste jusqu’à Bordeaux par un canal navigable !...

                              En route pour le Mémorial du Maquis de Meilhan.  Le 7 juillet 1944, 95 résistants, des hommes de 18 à 70 ans du maquis du Docteur Raynaud furent encerclés ici par un bataillon allemand aguerri et bénéficiant de l’effet de surprise. 76 résistants y laissèrent la vie, dont 4 prisonniers, torturés puis exécutés à Lannemezan où stationnait le bataillon ; 4 agriculteurs voisins furent pris en otages et fusillés pour l’exemple. Le site est à la fois émouvant et imposant : immense fresque de pierre, carcasse du camion chargé de munitions dont l'explosion a tué bon nombre de maquisards, vestiges de la ferme, cimetière aux croix blanches alignées et haute stèle où sont gravés les noms de ces hommes.

                              Continuation ensuite sur Simorre, une jolie bourgade médiévale. Ruelles (dont une joliment engazonnée..), maisons à colombages et encorbellements, ancienne halle, et surtout une monumentale église abbatiale de brique rose, seule à voir échappé au démantèlement de l'abbaye bénédictine à la Révolution. C'est une église semblable à un château fortifié, avec tours et créneaux, classée Monument Historique dès 1846. Intérieur dépouillé en forme de croix latine, belles croisées d’ogives en pierre dressées sur de larges piliers de briques, vitraux du XV°s, stalles de style gothique...  

         Les travaux de restauration réalisés par l'architecte Viollet-le Duc entre 1844 et 1858 ont modifié la structure originelle de l'édifice pour lui donner cette allure de forteresse et en faire un joyau de l’architecture toulousaine, comme il le fit à la basilique Saint-Sernin de Toulouse         

                            Et c'est ainsi que s'achève une belle journée sur les coteaux de Gascogne.

Imohtep, le scribe de L'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 27/05/2024