A LA CASCADE D'ARS

Mardi 27 mai 2025

La cascade d’Ars, 1285m ou 1490m.

Dénivelé ad libitum +550 ou 750m. 

                                    Ciel brumeux à 10h  dans le premier virage du col de La Trappe, 770m, au dessus d’Aulus-les-Bains. Départ en deux vagues : les uns  ayant choisi de s’arrêter au pied de la cascade, les autres de monter à son  sommet, soit 200m de dénivelé supplémentaires sur une sente assez raide et plus encore à la descente qu’à la montée... Eblouissement garanti pour tous devant le déchaînement  prodigieux des eaux en période de fonte des neiges !

               Une piste monte en douceur dans la forêt. Elle se scinde une bonne demi-heure après en deux : à droite la cascade du Fouillet, droit devant la cascade d'Ars. Avec ses 250m de chute en trois paliers, c'est  la seconde des Pyrénées après Gavarnie,  et la plus belle selon le comte Henry Russell, le célèbre pyrénéiste du XIXe siècle qui les avait toutes vues !  L’avis d’un expert, qui consacra quarante ans de sa vie aux sommets des Pyrénées, effectua en 1904 sa 33ème et dernière ascension du Vignemale à 70 ans et fut l’ami du bâtisseur du château de Valmirande, le baron de Lassus, montagnard lui aussi ! 

Le GR 10 vient peu après rejoindre notre piste qui va devenir sentier, la forêt s'éclaircit et voici la passerelle  d'Artigous, 1070m,  qui enjambe la rivière d’Ars, le torrent  né au pied du Pic frontalier de Turguilla, 2 527 m, et va  se jeter dans le Garbet à Aulus-les-Bains.

               La sente grimpe alors rive droite en lacets bien sentis  avant de reprendre un flanc plus doux où le grondement de l'Ars nous accompagne en trouant le vert tendre de sa blancheur écumante ; le torrent bouillonne  et emplit de très belles  vasques de ses eaux claires... Et soudain, la cascade éclate au fond du vallon qu’elle barre d'un long sillon vertical qui tombe du ciel et entaille la forêt  avant de se briser en paliers successifs sur les parois rocheuses où les eaux se fracassent en gerbes d’écume. Quelques minutes encore et nous voilà au pied des bouillonnements furieux de la cascade sur un chaos de rochers.

               Les uns s'y arrêtent peu après midi, les autres sont déjà en route vers le sommet, un aller/retour jusqu'au sommet de la cascade, 1490m,  tout là-haut.  Une  montée soutenue sur une sente de terre et cailloux, pour atteindre un vaste replat herbeux ensoleillé, cerné de pics. L’Ars, ce petit ruisseau tranquille, va soudain se ruer dans le vide et rebondir en gerbes d’écume rugissantes ! Pique-nique à midi et demi avant de descendre rejoindre les copains  qui ont entre-temps  attaqué tranquillement le retour. Retrouvailles plus bas et parking à 16h. Direction le pot à Aulus.               

                              Ah, j'oubliais, avez-vous remarqué sur le sentier une sorte d’œil vertical gravé sur un rocher?... C’est l’œuvre de Claudius de Cap Blanc,  un artiste ariégeois  atypique ou déjanté (les avis divergent...) qui a fait parler de lui en Ariège  depuis une bonne trentaine d'années : il a gravé par centaines  ces drôles d'yeux, des vulves en fait, pour rendre hommage à la femme, "la matrice donneuse de vie", sur les rochers des sentiers de randonnée, devant les fontaines, les églises ou les monuments aux morts… Il s'est attiré bien sûr avec son " art vulvaire" les foudres des mairies, de randonneurs outrés et d' élus qui ont porté plainte. Résultat, après avoir estampillé en 2013 l'entrée de la  grotte du Mas d’Azil,  une condamnation en justice, 2 mois de prison et 6 000 € d'amende !  Finir au trou quand on dessine des vulves, quoi de plus normal en somme ?   Fermés après cette affaire,  son atelier et le musée de  ses créations au Mas d’Azil,  l’Affabuloscope, est à nouveau ouvert au public. On y découvre des machines insolites,  le judas portatif, le sèche-larmes, la machine à tourner en rond, le retardateur d’échéance, le pèse-mot par exemple … Une oeuvre insolite et qui vaut  doute une visite !

                              Et en route pour le pot à Aulus, 150 habitants aujourd’hui, 900 à la moitié du XIX°s…  Un premier établissement  thermal y est créé en 1829, où l’on soigne notamment le cholestérol,  les premiers curistes ayant été accueillis à coups de fourche, dit-on, par les habitants ! Outre l’exploitation de mines de plomb argentifère,  l’activité thermale  en a fait un bourg prospère desservi par la ligne de chemin de fer Oust-Aulus de 1914 à 1936  (dont il reste aujourd’hui la route des tunnels entre Lacourt et Kercabanac),  avec casino et journaux locaux, « Aulus Mondain » ou  « L’Avenir d’Aulus ». En 1941 et 1942, 585 juifs ont été assignées à résidence à Aulus, l’occupant estimant que la barrière naturelle des Pyrénées formerait la plus efficace des prisons.  C’était compter sans les Passeurs !  L'un d'eux est devenu célèbre, la bergère Jeanne Rogalle, morte à 94 ans en 2015, qui a reçu la Légion d’Honneur et le titre de « Juste parmi les Nations » ainsi que son père et son mari, rencontré justement sur un sentier de passage : leurs noms sont gravés dans le jardin des Justes, à Jérusalem.                      

                                                            Imohtep, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.

Randonnée à la cascade d'Ars

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Date de dernière mise à jour : 02/06/2025