DE CANEJA A LA CABANE DE CAP DES MAHLS ou A PORCINGLES

Mardi 18 février 2025

Du village espagnol de Canejan à la cabane du Cap
des Malhs, 1450m. Dénivelé +550m  / 5,2 km AR

ou

de Canejan à Porcingles, 950m D+180  / 6,4km A/R

                                           

                  Grand ciel bleu  et douceur ce matin sur le val d'Aran.

             9h45. Départ en bas du village de Canejan, 900m, pour la cabane du Cap des Malhs, 1450m.  Un village belvédère, perché à l'entrée du val de Toran, du nom d'un torrent long de 12,5 km, le Rio Toran qui se jette dans la Garonne en rive droite à Canejan.

Escalier, ruelle pentue et court ripaillon d'entrée ! Vous êtes sur le GR211, un circuit pour mollets affûtés, 94 km en boucle au départ de Vielha, 5 jours, dénivelé cumulé 3880 km... Une douce charretière ensuite, que l'on suit à peine un petit quart d'heure, le seul replat de la journée ! Adieu le GR qui file ensuite en douceur vers Porcingles et le refuge Era Honeria : une sente grimpe à gauche, et grimpera vivement jusqu'à la cabane, bâtie en dessous de la crête frontière du Tuc des Pans, 1723m. Le poteau indicateur qui indique la cabane à 50mn confond manifestement randonnée et course en montagne...

               La lecture de la carte vous annonce d'ailleurs une montée soutenue de bout en bout : 5,2 km A/R, 2,6km donc de montée pour déniveler de +550m...

               Prairies et fougères roussies par l'hiver, ruines  de cabanes d'estives, vestiges d'un temps où les troupeaux entretenaient la montagne en empêchant la prolifération des fougères appréciées des  tiques... Cabanes et arbres, dont certains calcinés lors d'un écobuage non maîtrisé, ce que nous confirme  la rencontre  fortuite et improbable avec un certain Alain, photographe animalier  et cousin de notre amie Joëlle !

               Pique-nique à midi, face à un panorama superbe sur les sommets du Luchonnais et les crêtes frontières, qui n'a cessé de s'élargir depuis Canejan. Descente à 13h30 et jonction à Canejan à 15h10 avec le groupe de Porcingles arrivé 1/4 d'heure  plus tôt seulement : un excellent timing ! Et en route pour le pot final à Les.

                             

                De Canejan à Porcingles donc pour les autres, partis une demi-heure après pour une marche à flanc, en conservant le GR211, qui suit sur ce tronçon une ancienne charretière matelassée d'herbe qui reliait Canejan à Porcingles et San Juan de Toran à flanc de montagne au dessus du val de Toran,  montant et descendant ici et là  jusqu’à Porcingles, 3,2km plus loin. De très nombreuses granges en ruines, des murs de soutènement et des restes de terrasses  aménagées à la pioche pour les cultures témoignent d’une importante présence humaine autrefois... L'étroit val de Toran a contraint les paysans de montagne  à ce labeur épuisant  pour parvenir simplement à survivre dans la misère...

               Pique-nique à midi et quart face à un beau panorama aussi, crêtes du Luchonnais à l'ouest, Pico de Montludo au sud, 2517m, Tuco d'Ermer 2405m à l'est, éblouissants de neige. Retour aussi tranquille que l'aller et retrouvailles avec les copains à un quart d'heure près donc.

              Et pour finir, quelques mots sur l'Histoire du Val d'Aran, une entité espagnole qui correspond à peu près au cours supérieur de la Garonne, laquelle prend sa source principale dans le massif de la Maladeta, en Aragon, où il s'engouffre au trou de Tòro pour rejoindre le val d'Aran par la résurgence de L' Uelh de Joèu ;  pour les Aranais, la véritable source, c'est l'Uelh dera Garona au Pla de Beretà proximité du port de la Bonaigua... Mais l'altitude de sa source, seul critère officiel en géographie, tranche pour la Maladeta.

               En 1808, la conquête de l'Espagne par Napoléon  aboutit à l'annexion du Val d'Aran par la France : il fit partie de la Haute-Garonne jusqu'à sa défaite à Waterloo en 1815 et fut rendu à l'Espagne.

               Ce territoire resta longtemps une enclave  car la vallée  était sans communication directe avec l'Espagne en dehors du haut col de la Bonaigua et du col muletier de Vielha, impraticables en hiver jusqu'au percement du tunnel de Vielha en 1948. D'où le grand nombre de travailleurs espagnols qui venaient gagner leur vie en France par le sentier transfrontalier de Les à Fos, aujourd'hui réhabilité et balisé. Une langue commune unissait d'ailleurs le Val d'Aran et le Comminges : l'Aranais, c'est le Gascon de chez nous, une variante de l'Occitan, devenu langue co-officielle au même titre que le Castillan et le Catalan quand ce territoire a reçu un statut de semi-autonomie en 1991. Il comprend neuf communes (dont la plus importante est la capitale Vielha e Mijaran, 10000 ha), Vilamòs, Arres, Es Bòrdes, Bossòst, Les, Bausen,  Canejan  et Naut Aran (fusion des anciennes communes d'Arties, Salardú, Gessa, Tredòs et Bagergue).

               Fer, plomb et zinc étaient extraits dès le XIX°s à 2300m d'altitude aux mines de Liat,  sur  le flanc est du Tuco d'Ermer, descendus d'abord par chars à boeufs puis par un câble aérien de 14km jusqu'à Pontaut, en bas de Canejan, où il était lavé et acheminé vers la France par le tramway Pont-du-Roy/Marignac, en service de 1914 à 1953. L'exploitation cessa véritablement en 1929 par manque de rentabilité plutôt que par épuisement du site. A Pontaut, en bas de Canejan, on voit encore un gros bâtiment délabré, l'ancien lavoir de minerai. Et aux mines de Liat, les galeries sont toujours béantes, pylônes et câbles parsèment la montagne, tout un amas de ferrailles rouillées, les restes de ce qui fut pour les habitants de la vallée « la préciosa pepita ». Si le coeur vous dit, 1200m de dénivelé depuis le fond du Val de Toran...

Imohtep, le scribe des mardis de L'ACCUEIL

 

Date de dernière mise à jour : 23/02/2025