CAP DE SALIERES

Mardi 29 juillet 2025

 LE CAP DE SALIERES, 1774m, depuis Saint-Paul d'Oueil

 Dénivelé +680m    11km A/R

                                                            En route pour la vallée d’Oueil, qui doit sans doute son nom à ses troupeaux de brebis (du mot gascon oelho). C'est une vallée restée pastorale, à l’abri du modernisme : environ 200 habitants aujourd’hui sur huit communes ; ils étaient 1800 en 1850, qui ont vécu quasiment en autarcie jusqu’à l’après-guerre grâce aux cultures vivrières et aux brebis. Au fait, avez-vous remarqué une colonne de marbre  à l'angle d'une maison, juste à l’intersection du col de Peyresourde et de la vallée d’Oueil  ? Elle est dédiée à Napoléon III qui décida l'ouverture d'une route dans cette vallée en 1865 pour la désenclaver et faciliter son développemen.

                                                           

                                                           9h30, départ du parking de Saint-Paul d'Oueil 1620m ;  quelques nuages inoffensifs se promènent dans le bleu du ciel. La troupe s'en va sur la piste qui s’élève tranquillement au dessus du village  dans une grande forêt de sapins, avant de rejoindre les pelouses.

               Sur une sorte de col herbeux, passage près de la cabane de Courrau, 1690m ; deux cabanes plutôt, l'autre en léger contrebas étant réservée au berger et fermée. Balises, qu'on abandonne aussitôt,  du GR de pays Tour d'Oueil Larboust (42km)  qui s'étire ici sur une crête  sud/nord, jusqu'au Sommet d'Antenac puis au Port de Balès.

               Grimpette finale au Cap de Salières, 1774m, par une sente. Midi approche. Un superbe panorama sur 360 degrés, quelque peu encombré par les nuages... Dommage, mais souvenons-nous qu'en 2023, nous étions ici  carrément dans un épais  brouillard...  Bourg  d’Oueil au fond de sa vallée, Montagne d'Espiau, Mont Né, Port de Balès, Antenac, Cagire et Gard, cabanes de Baren, Salodes, Cunau et Saunères, Maladeta, Superbagnères et Céciré, Montségu et crêtes du Peyresourde pour boucler le cercle !

               Descente d'une dizaine de minutes et pique-nique à la cabane Grisette, 1700m. Elle ne paie pas de mine mais c'est un lieu magique : très propre, très bien aménagé et décoré par les chasseurs qui l'occupent en automne au passage des palombes !  Merci à eux... Les gens de la vallée l'appellent  d'ailleurs  la villa Grisette, du nom de l'ânesse dont on fit autrefois cadeau au berger  qui passait l'été ici.

               Il semble que les randonneurs respectent cet endroit car il est toujours ouvert... Ce n'est malheureusement pas toujours le cas : on voit parfois sur les portes des cabanes de tristes avis, "prière de... ",  "porte laissée ouverte et arrachée par le vent", "Remettez une réserve de bois si vous l'utilisez", "cabane fermée en raison de dégradations" "Si vous êtes un abruti, gravez  votre nom"... A ce sujet d'ailleurs Nadau disait dans un sketch : " Heureusement les cons ne montent pas trop en altitude ".

               Descente à 13h20, parking à 15h15 et pot à Cierp bien sûr !

                                                           Un peu d'Histoire, et de légende, pour terminer !

               A Saint-Aventin, un village du Larboust tout proche, une belle église romane classée des XIe et XIIe siècles est consacrée à Aventin, né près de Luchon et  mis à mort par les Sarrasins au  VIIIes.  Moine ou prêtre selon les sources, arrêté et enfermé à la tour de Castel-Blancat près de Saccourvielle, il se serait élancé dans le vide, aurait traversé la vallée en posant seulement un pied sur un rocher et repris sans plus de façons son œuvre d’évangélisation.  Capturé à nouveau après cet exploit et  aussitôt décapité,  il aurait ramassé sa tête et marché avant de mourir, dit la légende qui met  à l’Histoire les beaux  habits de l’imagination ! Là où il tomba enfin, on l’enterra. 

               Trois siècles plus tard, à cet endroit-là, un taureau gratta la terre et une  voix d’ange déclara : « Ici repose le bienheureux Aventin ».  Mais un essaim d'abeilles jaillit du sol, empêchant toute exhumation.  On fit alors appel à l’évêque de Comminges,  le futur Saint-Bertrandqui  vint en personne et  les dispersa en brandissant une lettre du pape…  Et comme les habitants des vallées d’Oueil et de Larboust se  disputaient les restes du martyr, on les plaça sur un char tiré par deux bœufs, un de chaque vallée, et on laissa les bêtes aller à leur guise. L'attelage prit la route du Larboust et là où il s'arrêta,  Aventin fut enseveli et une église fut édifiée sur son tombeau : c'est le village actuel de Saint-Aventin, lieu de  pèlerinage jusqu’à la Révolution Française, qui mit fin à ces pratiques religieuses peu républicaines...

               Une foule importante s’y rassemblait  le 13 juin,  gens du Luchonnais, du Val d'Aran et  même d’Aragon, car les habitants de Benasque en Espagne pensaient avoir été protégés d'une épidémie de peste par son intercession….  Aux granges d'Astau,  où Aventin est supposé avoir vécu,  se dresse un  petit oratoire, décoré de fresques par le peintre Nicolas Greschny.

Imohtep, le scribe des mardis de l'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 03/08/2025