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BELVEDERE DE CORET DE PAN
2 septembre 2025
Bausen : le belvédère du Coret de Pan en
boucle, 1220m. Dénivelé + 380m / 7,5km AR
9h45 à Bausen, perché à 900m d'altitude, peu après la frontière espagnole. Détruit par un incendie et rebâti en 1828, c’est un très beau village ensoleillé, bien restauré, ruelles pavées, maisons de pierre, balcons et volets de bois. Un petit joyau invisible depuis la vallée !
Balises du GR 211-2, tour du Val d'Aran. Traversée du village jusqu’à la chapelle Sant Roc, flanquée d’un relais TV, typique lui du XX° siècle, et petit détour jusqu’à la tombe de Teresa. Un grand enclos de pierres sèches en contrebas abrite une tombe, une seule, entretenue et fleurie. « A mi amada Teresa que fallecio el 10 de may 1916 a la edad de 33 anos /A mon aimée Térésa qui mourut le 10 mai 1916 à l’âge de 33 ans… » Teresa et son cousin germain s’aimaient, mais l’Eglise leur refusa le mariage, interdit à ce degré de parenté. Pas question bien sûr de dérogation papale pour deux pauvres paysans sans le sou … Ils durent se résoudre au seul mariage civil, qui les mit au ban de la société dans l’Espagne catholique… Dure sans doute fut leur vie au village, sous le regard impitoyable des serviteurs de Dieu… Malade, Teresa mourut en 1916 et le prêtre refusa qu’elle soit enterrée en terre consacrée. Elle fut donc ensevelie à l’écart. Mais pas livrée aux bêtes qui rôdent la nuit, car des villageois compatissants protégèrent sa tombe en bâtissant un mur… Son mari désespéré partit travailler à Toulouse où il repose aujourd’hui. Mais leurs arrière-petits enfants ont acheté une maison à Bausen et la tombe de Teresa est toujours entretenue.
Elle est belle, la hêtraie du Bosc de Carlac, et bienvenue la passerelle solide qui enjambe bientôt le torrent de Carlac, où l’on risquait il y a quelques années de se retrouver le cul dans l’eau fraîche ! Et Que pujo sous les hêtres, jusqu’à un pré face au Montlude ! Le sentier dégringole ensuite vers une seconde passerelle sur le torrent, endroit autrefois propice aussi aux bains de siège au cas où vous y auriez échappé une heure avant…
La sente en remonte, mais moins rudement, pour vous mener en une petite vingtaine de minutes en haut de prés, hélas envahis de fougères car il n’y a plus de troupeaux sur ces estives… La Maladeta encore un peu enneigée surgit aussitôt. Et, à gauche, le point idéal de pique-nique, un petit éperon près du Coret de Pan, 1210m, à la verticale de Bausen.
Il est midi et demi, il fait beau, on a bien mérité de poser l’arrière-train sur les rochers, et d’en prendre plein la vue au Coret de Pan ! De gauche à droite, Tuc de l’Etang au Mourtis, Crabère, Montlude, Maladeta, Entecade, Venasque, col de Baretges, Pujastou, et premiers ressauts du Bacanère.
14h : descente directe sur Bausen dans les prés, par les granges de Sacroz. Rapide mais assez pentue ! Une heure à peine, les deux tiers de la boucle étant déjà parcourus. Et en route à 15h pour le bar restaurant Dera Nheu, à l'entrée de Lès.
Et un peu d'Histoire pour finir, bien sûr !
Quelques mots sur le Val d'Aran, une entité espagnole qui correspond à peu près au cours supérieur de la Garonne, laquelle prend sa source principale dans le massif de la Maladeta où elle s'engouffre au trou de Tòro pour rejoindre le val d'Aran par la résurgence de L' Uelh de Joèu ; pour les Aranais, la véritable source, c'est l'Uelh dera Garona au Pla de Beret, à proximité du port de la Bonaigua... Mais l'altitude de sa source, seul critère officiel en géographie, tranche pour la Maladeta.
En 1808, la conquête de l'Espagne par Napoléon aboutit à l'annexion du Val d'Aran par la France ; il fut rendu à l'Espagne en 1815, après sa défaite à Waterloo.
Ce territoire resta longtemps une enclave car la vallée était sans communication directe avec l'Espagne en dehors du haut col de la Bonaigua et du col muletier de Vielha, impraticables en hiver jusqu'au percement du tunnel de Vielha en 1948. D'où le grand nombre de travailleurs espagnols qui venaient gagner leur vie en France par le sentier transfrontalier de Lès à Fos, aujourd'hui réhabilité et balisé. Une langue commune unissait d'ailleurs le Val d'Aran et le Comminges : l'Aranais, c'est le Gascon de chez nous, une variante de l'Occitan, devenu langue co-officielle au même titre que le Castillan et le Catalan quand ce territoire a reçu un statut de semi-autonomie en 1991. Il comprend neuf communes (dont la plus importante est la capitale Vielha e Mijaran, 10000 ha), Vilamòs, Arres, Es Bòrdes, Bossòst, Les, Bausen, Canejan et Naut Aran (fusion des anciennes communes d'Arties, Salardú, Gessa, Tredòs et Bagergue).
Fer, plomb et zinc étaient extraits dès le XIX°s à 2300m d'altitude aux mines de Liat, sur les flancs du Tuco d'Ermer, descendus d'abord par chars à boeufs puis par un câble aérien de 14km jusqu'à Pontaut, en bas de Canejan, où il était lavé et acheminé vers la France par le tramway Pont-du-Roy/Marignac, en service de 1914 à 1953.
L'exploitation cessa véritablement en 1929 par manque de rentabilité plutôt que par épuisement du site. A Pontaut, au bord de la route, on voit encore un gros bâtiment délabré, l'ancien lavoir de minerai. Et aux anciennes mines de Liat, les galeries sont toujours béantes, pylônes et câbles parsèment la montagne, tout un amas de ferrailles rouillées, les restes de ce qui fut pour les habitants de la vallée « la préciosa pepita ». Si le coeur vous dit, 1200m de dénivelé depuis le fond du Val de Toran...
IMOHTEP, le scribe des mardis de L’ACCUEIL.
Date de dernière mise à jour : 08/09/2025