LATOUE

Mardi 30-04-24

Latoue : "Sur les traces des gazetiers du Pinat" (partie ouest)

D+ cumulé  340m  /    13km 

                                             Les gazetiers du Pinat ?... Référence sans doute à la découverte d'un gisement de gaz sur la commune, bien que le terme "gazetier" désigne plutôt celui qui écrit dans une gazette, c'est à dire un journal...  Au commencement, il y a les Petites Pyrénées, ces collines dont les courbes intriguent les géologues dès les années 1930 car ils y voient une analogie avec les champs pétrolifères de Californie… Sous ces plissements repose peut-être l’avenir pétrolier de la France, un eldorado version Texas...

       Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1939, le gaz jaillit brusquement à 1500 m de profondeur. Evénement qui restera secret plusieurs semaines, on est en guerre... Le gaz naturel est acheminé dès décembre 1943 à Saint-Gaudens puis dessert les principales villes de la région. 

C'est l'Occupation, les Allemands investissent le site à la fin de l'année 1942. Par un raid audacieux en juin 1944, des maquisards s'emparent d'une abondante provision de carburant ; en représailles, les Allemands fusillent quatre employés, Barbieri, Bergère, Patricio et Schneider, non loin de l'usine de Peyrouzet.  Et le Montréjeaulais Pierre Angot, président de la RAP, la Régie Autonome des Pétroles, arrêté et déporté, meurt d'épuisement quelques mois plus tard dans les mines de sel de Weimar. C'est le père des pétroliers commingeois, souvent modestes paysans et ouvriers qui ont eu de belles carrières dans le métier de pétrolier. Sur la colline du Pinat se dressait autrefois la belle cité des premiers pétroliers, aujourd'hui en ruines.  

      Fin de la guerre, construction des usines de dégazolinage de Peyrouzet près d'Aulon, puis de Boussens en 1949.

      Pourquoi parle-t-on du gaz de St-Marcet et non de Latoue ?... Pour de piteuses raisons politicardes ! Lorsqu’il a fallu donner un nom à ce gisement, le radical socialiste Hippolyte Ducos, originaire du Comminges, était sous-secrétaire à la Guerre et à la Défense Nationale du gouvernement Daladier ; chargé de donner un nom à cette découverte, il refusa catégoriquement "gaz de Latoue" car le maire de la commune était à cette époque socialiste et donc dans l'opposition ; idem pour le village d'Aulon... Et comme l’édile de St-Marcet était son allié politique, ce fut donc "le gaz de St-Marcet" !

                              Départ à 9h30 du lac de pêche de Latoue, 340m, pour une marche champêtre et patrimoniale quelques km au nord de Saint-Gaudens. Pas de pluie, nuages et soleil au menu, et ce sera le cas. Dans le vallon de la Noue d'abord (rivière de 44km née près de Franquevielle et qui se jette dans la Garonne à Mancioux). Une heure de marche paisible avant d'attaquer la longue côte qui monte au hameau de Colin. Descente et pause à la source miraculeuse de Clountoun, près d’une pierre dressée qui atteste avec d'autres vestiges de l’ancienneté du site, un site gallo-romain, probablement lieu de culte d’une divinité locale. Les murs de la petite construction qui l'abritait ont été restaurés ; deux pièces, l'une où coulait la source, avec une pierre creusée par l'empreinte du genou de Sainte-Radegonde, et l'autre, minuscule, avec un bassin alimenté par la source depuis la pièce voisine. On venait chercher ici la guérison des affections de la vue.

                              Incursion dans les bois au nord et à midi et quart, pique-nique à la chapelle Sainte-Radegonde, liée au pèlerinage de la source. Peut-être à l’origine l’église d’un village qui se serait ensuite déplacé deux km plus bas, à l’emplacement de l’actuel village de Latoue, après une épidémie de peste... La commune enterre toujours ses morts ici dans le petit cimetière.  

      Radegonde de Poitiers (518-587), princesse germanique devenue reine des Francs en épousant de force Clotaire Ier, le fils de Clovis qui l'a enlevée et a fait assassiner son frère, réussit à s’enfuir du palais ; aidée par Saint Médard, elle fonde à Poitiers le monastère de Sainte-Croix où elle consacrera sa vie à des œuvres de bienfaisance.

      La chapelle semble avoir été édifiée suite à son passage dans la région, daté par une tradition locale vers 570-573. Elle serait venue dans les Pyrénées pour acheter des marbres destinés à orner son couvent...  On allait prier à la source miraculeuse, distante d'un bon km, où Radegonde aurait donc laissé l'empreinte de son genou dans la pierre...

      Elle est fêtée à Latoue chaque année le 13 août, lors d’un pèlerinage, messe célébrée à la chapelle et repas organisé par la commune à la source. 

                              Remontée dans les bois, près des ruines du Pinat, et descente ensuite vers le parking du lac. Il est 15h.

A l'entrée du village se dresse le château de Latour construit par Bernard 1er de Latour au début du XII°s et remanié ensuite (Latour deviendra ensuite Latoue). Propriété de Philippe de Latour, il accueille aujourd'hui chambres d'hôtes, concerts et expositions.

                              A ses pieds, se trouve un beau lavoir-abreuvoir octogonal en pierre de taille du XVI°s, remanié vers 1880 et bien restauré. D'une conception astucieuse, l’ouvrage abrité d'une charpente de chêne et peuplier permettait à la fois aux bêtes de boire sur l'extérieur et aux femmes de laver le linge à l'intérieur. 

                              Et voilà, fin d'une belle balade champêtre et patrimoniale !  Imohtep, le scribe des mardis de l'ACCUEIL

Date de dernière mise à jour : 06/05/2024